L’impasse, Estelle Tharreau

Le livre : L’impasse de Estelle Tharreau. Paru le 17 février 2017 chez Taurnada dans la collection Le tourbillon des mots. 9€99. (255 p.) ; 18 x 11 cm

4e de couv : 

Au coeur de Chanzy, ville minière en plein déclin, trois femmes, deux hommes et un enfant se partagent une cour baptisée « l’Impasse ». Tous ne survivront pas à la haine qui les lie.

Revenu sur les lieux de son enfance, le policier David Bertal suivra, au fil des vengeances et des trahisons, le chemin qui le conduira à affronter les acteurs de son passé.

Mais, entre doutes et remords, parviendra-t-il à déchirer le voile noir qui entoure la vie et les secrets de ceux qu’il a aimés autrefois ?

 

L’auteur : Passionnée de littérature depuis l’adolescence, Estelle Tharreau parcourt les genres, les époques et les pays au fil des auteurs qu’elle rencontre. De cet amour de la littérature est née l’envie d’écrire. Ayant travaillé dans le secteur public et privé, elle vit actuellement en Afrique où elle partage son temps entre sa famille et l’écriture.

 

 

 

Extraits :
« Pascal jeta un regard acerbe en direction de sa mère.
Elle lui faisait face de l’autre côté de la cour et s’entretenait avec Virginie Krakoviak, l’aide-soignante de la maison de retraite de la Mine. Inutile de s’interroger longuement sur le sujet de leur conversation. Les deux
femmes étaient accompagnées de Benjamin, le fils de Virginie. Le gamin était blafard. « L’abruti malsain » devait être malade. »
« Isabelle se rapprocha de David et chuchota :
« En plus, il nous colle tous les immigrés ! Bientôt, il va y avoir plus que ça ici !
– Pourtant ton père est né en Pologne ? » rétorqua David.
Elle se ravisa immédiatement.
« Mais je ne parlais pas de nous ! Enfin… Je ne parlais pas non plus des gens comme ta fille ! fit-elle, gênée. Y’en a certains qui sont bien !
– Pas de problème ! répliqua David, désabusé. De toute façon, la mère d’Annabelle n’est pas immigrée. Elle est française de souche puisqu’elle est antillaise. »
Cette évidence jeta un froid dans le salon. »
« – Et pour samedi ? fit Pascal dont la voix ne trahissait nullement la profonde inquiétude. On maintient l’annonce de ma candidature malgré tout ?
– On ne change rien ! Si l’on s’y prend bien, ce meurtre est une belle occasion d’illustrer le volet sécuritaire de notre programme. Avec la gentillesse de votre épouse, le lien de votre mère avec la mine et cet assassinat commis sous vos fenêtres, vous allez provoquer un mouvement de sympathie. Les électeurs doivent reconnaître en vous leur passé et leurs peurs. C’est notre stratégie depuis le départ ! Alors, exploitons cet événement du mieux possible. Tenez-moi au courant s’il y a du nouveau. Je vous transmets les éléments de langage pour la presse. »

Le post-it de Ge

L’impasse, Estelle Tharreau

Je découvre un peu tardivement ce titre de l’auteure mais Estelle Therreau m’a tellement frappée avec son dernier polar  « La peine du bourreau » qui a été pour moi un véritable coup de cœur uppercut que j’ai voulu absolument découvrir certains de ses précédents titres que je n’avais pas encore lu. Et c’est justement le cas de « L’impasse »

 Alors, l’histoire de cette Impasse : Appelé à diriger l’enquête sur l’assassinat de Nicolas Mazoyer, un militaire détesté de sa propre famille, le policier David Bertal est de retour à Chanzy, la petite ville minière qui l’a vu grandir, et se retrouve très vite confronté aux démons du passé
Voici une histoire ordinaire avec des héros ordinaires. Mais alors pourquoi vous en parler. Parce que ces gens qui pourraient-être nos voisins et que c’est parce qu’ils sont monsieur et madame tout le monde qu’ils donnent à l’histoire tout son réalisme. Et Estelle Tharreau aime mettre en scène ces personnes familières mais anonymes et surtout cabossées par leur passé. Elle sait aussi maintenir un rythme soutenu. car avec son écriture à la fois fluide, ciselée et percutante, elle nous entraine sans répit dans cette enquête poisseuse mais prenante. De plus son style est à l’avenant de sa plume tout aussi ténu, incisif et efficace.  Alors avec des choses simples, Estelle Tharreau nous offre une intrigue captivante où le suspense est maintenu jusqu’à la dernière ligne… Une vraie réussite à découvrir et faire découvrir. Et une auteure à suivre incontestablement !

Autres extraits :
« Madeleine ressentit cette dernière remarque comme un coup porté. Son visage se ferma. Pascal n’ignorait pas que sa mère était consciente de la dégradation de
son état, de la multiplication de ses absences et de ses moments de confusion.
« Il te faut un établissement adapté à ta maladie. Tu sais aussi bien que moi que la situation ne va pas s’arranger. Un jour viendra où tu ne pourras plus sortir
seule. Tu ne pourras même plus t’assumer pour les actes les plus élémentaires. Dans la maison dont je t’ai parlé, on prend soin des vieux. Ce n’est pas le cas dans ton mouroir !
– Mets-moi où bon te semble, mais je refuse de quitter la ville ! s’entêta Madeleine, blessée.
– Tu sais pertinemment qu’il n’existe qu’une seule maison de retraite ici : celle de la Mine. Tu te vois là bas ? Au milieu d’un établissement tellement bondé que
le personnel n’est pas assez nombreux pour assurer les soins minimums ? »
Désormais, Madeleine se taisait, ses yeux immobiles dévorant les gravillons disséminés sur le sol. Elle tentait de contenir sa colère et son humiliation.
« Tu te vois baignant dans des couches saturées de merde et d’urine ? Tu te vois rivée à un fauteuil en train d’attendre dès ton réveil que la journée se termine ? Et ça jusqu’à la fin !
– Je refuse de quitter cette ville ! » s’étouffa Madeleine dans un sanglot.
Pascal la fixa quelques secondes avant de reprendre d’un ton calme, mais inflexible.
« Bientôt, tu ne choisiras plus rien ! » »
« La maison de Virginie était petite. On entrait directement dans une cuisine accolée à la salle de bain. Un escalier menait aux deux chambres. L’aménagement était sommaire et composé de meubles en pin bas de gamme. La qualité des rideaux et de la décoration était tout aussi médiocre. Les couleurs trop vives, les dessins trop grossiers tentaient de donner une touche de gaieté et de modernité à cette maison sans y parvenir. Du linge s’entassait dans les corbeilles, des jouets jonchaient le sol tandis qu’une plante verte dépérissait en haut du réfrigérateur.
Gêné par cette précarité apparente, David baissa les yeux. Il sursauta lorsqu’il aperçut la petite silhouette immobile de Benjamin dans l’encadrement de la porte de la salle de bain. L’enfant figé et livide l’observait d’un regard vide. Déstabilisé, David ne trouva pas les mots face à cette poupée de cire. »

8 réflexions sur “L’impasse, Estelle Tharreau

  1. Je partage ton coup de coeur pour La peine du bourreau. Le deuxième livre qui m’ait fait pleuré. Très belle découverte ! Je prévois aussi de lire ses autres romans et j’ai hâte de pouvoir la rencontrer sur un salon. Merci pour ce retour, je commencerai par celui-là.

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