Le livre : L’Inconnu de la poste de Florence Aubenas. Paru le 11 février 2021 chez L’Olivier dans la collection Essais. 19€. (236 p.) ; 21 x 14 cm
« La première fois que j’ai entendu parler de Thomassin, c’était par une directrice de casting avec qui il avait travaillé à ses débuts d’acteur. Elle m’avait montré quelques-unes des lettres qu’il lui avait envoyées de prison. Quand il a été libéré, je suis allée le voir. Routard immobile, Thomassin n’aime pas bouger hors de ses bases. Il faut se déplacer. Je lui ai précisé que je n’écrivais pas sa biographie, mais un livre sur l’assassinat d’une femme dans un village de montagne, affaire dans laquelle il était impliqué. Mon travail consistait à le rencontrer, lui comme tous ceux qui accepteraient de me voir. »
F. A.
Le village, c’est Montréal-la-Cluse. La victime, c’est Catherine Burgod, tuée de vingt-huit coups de couteau dans le bureau de poste où elle travaillait. Ce livre est donc l’histoire d’un crime.
Florence Aubenas est grand reporter au journal Le Monde. Elle a notamment publié La Méprise : l’affaire d’Outreau (Seuil, 2005) et Le Quai de Ouistreham (L’Olivier, 2010), qui a connu un immense succès et redéfini la notion de journalisme d’immersion.
L’auteur : Florence Aubenas est grand reporter pour Le Monde, après l’avoir été pour Libération (de 1986 à 2006), puis Le Nouvel Observateur (de 2006 à 2012). Essayiste elle a publié notamment La Méprise : l’affaire d’Outreau (Seuil, 2005), Grand Reporter (Bayard, 2009), Le Quai de Ouistreham (L’Olivier, 2010), qui a reçu le prix Jean Amila-Meckert 2010, le prix Joseph-Kessel 2010, le Globe de Cristal 2011, et rencontré un immense succès. En France (L’Olivier, 2014), qui rassemble des récits de vies multiples parus dans Le Monde, a obtenu le prix d’Académie 2015.
Extrait :Au palais de justice de Lyon, les deux juges d’instruction peuvent se dire qu’on ne les a pas saisis pour rien. Ils ont, à leur manière, apporté du nouveau. Bien sûr, les charges restent ténues, les éléments flous, racontant un contexte davantage qu’ils ne fournissent de preuves.
(…)
Pour le verdict, cette fois encore, rien n’est joué. Un acquittement serait possible mais, aux yeux de la magistrature, la vraie question est désormais ailleurs : peut-on classer sans suite un dossier comme celui de Montréal-la-Cluse, signalé à la chancellerie, qui a bouleversé une région, après une enquête de dix ans par une unité d’élite et deux personnes mises en examen ? La réponse est non. « On a fait tout ce qui était possible, et à un moment donné il faut y aller : présenter le dossier tel qu’il est et laisser les jurés trancher », estime un magistrat. Le procès garderait une certaine tenue : des témoins, des grands avocats, de l’émotion, la famille de la victime appréciera le travail accompli et sera amenée à participer, ce qui est plus intéressant pour elle qu’un rendez-vous dans l’ombre d’un cabinet.
Les audiences promettent même d’être explosives avec des accusés comme Thomassin et Nain, rien à voir avec la haute voyoucratie ou les beaux mecs, qui restent de marbre et laissent leurs avocats ferrailler techniquement, sans laisser affleurer le moindre sentiment. Les deux hommes sont « nature », « bourrés de maladresses, ce qui fait leur intérêt », « spécialistes du free style ». Dans l’enceinte d’une cour d’assises, où s’attisent les passions, tout peut arriver avec eux. Qui sait ? Les professionnels appellent ça « la magie de l’audience ».
Il ne reste plus qu’à rédiger l’ordonnance de mise en accusation.
Je ne connaissais pas merci !
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Bonjour. J’avais beaucoup apprécié « Le Quai de Ouistreham ». Florence Aubenas m’avait impressionné par le sérieux de sa démarche, la justesse de son style et surtout son sujet abordant le quotidien des plus précaires. Merci pour votre chronique qui m’a convaincu de retenter l’aventure avec elle !
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C’est vraiment un roman que j’ai eu plaisir à découvrir et j’aime le parti pris de Florence Aubenas de décrire ceux dont on ne parle pas ! 😉
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A reblogué ceci sur Le Bien-Etre au bout des Doigts.
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merci
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