L’heure des chiens, Thomas Fecchio

Le livre : L’heure des chiens de Thomas Fecchio. Paru le 15 avril 2021 chez Seuil dans la collection Cadre Noir. 20€. (379 p.) ; 22 x 15 cm

4e de couv :

Une enquête sombre dans les bas-fonds de notre société.

En l’espace d’un week-end, le quotidien de la ville de Soissons sombre dans le chaos. Les tombes musulmanes de la nécropole dédiée aux soldats de 14-18 sont atrocement profanées et de l’autre côté de la ville, Julia, en convalescence à la suite d’un accident traumatisant, trouve une main sauvagement coupée sur les berges de l’Aisne. L’adjudant Gomulka, gendarme désabusé et proche de la retraite, se voit confier ces deux enquêtes. Face à la violence et la noirceur de ces crimes, il ne s’opposera pas à ce que le lieutenant Delahaye, surnommé « la Machine », lui prête main forte. Au coeur d’une ville qui porte les stigmates du premier conflit mondial, les deux hommes vont devoir démêler l’écheveau de ces deux affaires, qui n’en formeront peut-être qu’une. « L’invasion s’arrête ici ».

L’auteur : Thomas Fecchio est né le 29 juillet 1979 à Château-Thierry dans le sud de l’Aisne. Passionné de cinéma, il quitte sa Picardie natale pour entreprendre des études de cinéma à la Sorbonne qui le conduiront en 2002 à consacrer un mémoire de maîtrise au cinéaste Brian De Palma sous la direction de Nicole Brenez.
Après sa soutenance, il intègre la 17 ème promotion de la Fémis où il produira plusieurs courts métrages. Son diplôme obtenu, il développe plusieurs projets de séries télévisées en marge de son travail dans une société produisant des documentaires de création. Passionné d’histoire et de polar, il est scénariste pour la télévision et le cinéma
Avec « Je suis innocent », son premier roman, il décide de sauter le pas et de laisser libre cours à sa passion pour la littérature policière à travers un polar très sombre. . L’Heure des chiens est son second roman.
Extraits : 
« Le sang, c’était ça son principal problème. Il avait du sang partout sur lui, du T-shirt à la pointe de ses chaussures. Il ne savait pas quoi faire pour le cacher.
Il devait se rendre à l’évidence, il n’avait pas d’argent et plus de papiers, il avait besoin d’aide. Dans cette situation, il n’y avait qu’une personne sur qui il pouvait compter. Mais impossible de se présenter devant elle ainsi. Elle appellerait à coup sûr la police si elle le voyait avec ses vêtements couverts de rouge. Il ne pourrait pas lui en vouloir, n’importe qui ferait de même. Il devait se changer. Comme ça elle ne lui poserait pas de questions. Mais où trouverait-il des vêtements propres à cette heure de la journée ?
Il était trop tôt pour braquer un magasin. Il n’avait même pas le matériel pour forcer une serrure, soulever un rideau de fer ou casser une fenêtre. Et le sang se voyait tellement. Une grosse giclée avait rendu son T-shirt poisseux, lui dessinant le centre d’une cible sur le torse. Autant se balader avec une pancarte « criminel » accrochée au cou. »
«  Elle était là son erreur, n’avoir jamais quitté Soissons, être toujours revenu dans cette maudite cité, aimanté par la lose et la came. »
« Julia se rappelait les longues séances de thérapie de Mon Repos durant lesquelles les patients assis en cercle autour d’un médecin exposaient un à un leurs histoires, leurs maux et leurs éventuels progrès à la clinique. Julia s’était pliée à l’exercice en son temps, mais rapidement elle n’avait plus supporté le déballage qu’il impliquait. Ce n’était pas elle. Elle n’était pas du genre à confier ses souffrances en public. »

Le post-it de Ge

L’heure des chiens, Thomas Fecchio

J’avais il y a cinq ans environ découvert la plume de Thomas Fecchio pour son premier roman, « Je suis innocent » publié à l’époque chez Ravet Anceau. Un polar à deux voix qui alternait les points de vue du flic et d’un mec multirécidiviste qui se retrouve être le coupable idéal dans une sordide affaire de meurtre. Et comme pour ce second roman, le bouquin se passait en province, à Soisson.

Une ville de province que Thomas Fecchio semble bien connaître, puis qu’il nous immerge ici entièrement dans le passé de cette commune de l’Aisne. Et il nous rappelle que Soissons a été l’une des villes martyres de la Première Guerre mondiale.

A Soissons donc, le carré musulman de la nécropole dédiée aux soldats de la Première Guerre mondiale a été atrocement profané. De l’autre côté de la ville, une femme trouve une main sauvagement coupée sur les berges de l’Aisne. L’adjudant Gomulka, gendarme désabusé proche de la retraite, se voit confier ces deux enquêtes. Face à la violence des crimes, le lieutenant Delahaye est appelé en renfort.

La première chose que l’on découvre en ouvrant ce roman policier c’est le rythme que nous impose l’auteur. Son enquête est menée sans temps mort, nous n’avons pas le temps de nous ennuyer, d’ailleurs j’ai presque lu ces 380 pages d’une traite. Le plus de ce roman se sont ses personnages vraisemblables. Notamment nos deux flics et leur confrontation. Le vieux gendarmes un peu blasé, désillusionné par la vie, intime et professionnelle.  Et ce jeune loup, un peu imbu de sa personne avec les dents longues. Un mec qui en veut. Deux hommes que presque tout oppose mais qui s’associent pour faire face aux horreurs que leur réserve ces sombres affaires.

Oui on accroche bien à ce roman policier de facture classique certes mais qui s’attache à la psychologie de ses protagonistes et n’hésite pas à égratigner la société au passage. Alors non Thomas Fecchio n’a pas à rougir de la comparaison avec ses pairs. Il nous propose là un bon polar qui tient vraiment la route jusque dans son final.

 

Autres extraits :
« La coke faisait encore battre ses tempes. Elle ne lui avait pas donné l’énergie qu’il espérait. Les idées lui venaient par paquets, mais elles étaient informes, aussi vite apparues que rejetées. Cette boucle neuronale qui le ramenait toujours à son seul et unique problème lui fit, de rage, se mordre la langue jusqu’au sang. Il était face à une difficulté qu’il n’avait jamais connue. Pourquoi ça lui arrivait à lui ? Pourquoi tout ce qu’il entreprenait échouait lamentablement ? Pourquoi fallait-il qu’avec lui, tous les plans parfaits partent en couilles ? Il tapa du poing sur le volant et écrasa accidentellement le klaxon. Le bruit de l’avertisseur l’effraya. Il ralentit. Il avait fait assez de conneries. Pas question de se faire serrer par les flics maintenant, c’était le retour en prison assuré.
Il devait se calmer, retrouver ses esprits, ne pas agir dans la précipitation même si, à cause de la drogue, il avait une compulsive envie de bouger, d’aller vite et surtout ailleurs. Arrivé à la lisière du plateau, il leva le pied pour casser sa vitesse avant de redescendre vers la ville.
Non ce n’était pas fini. Il allait s’en sortir. Il s’en était déjà sorti. Il avait survécu à la nuit passée. »
« Quelques heures plus tard, les membres liés par du fil barbelé il hurlait qu’il avait compris et qu’il promettait de partir sans se retourner. Il était trop tard, le fantôme s’avançait vers lui avec une longue lame effilée. Quand il la sentit plonger dans sa chair jusqu’à buter sur un os qu’impitoyablement elle commença à scier, il sut qu’une fois de plus il s’était trompé. Il aurait dû comprendre que c’était bel et bien le dernier avertissement.
Et quitter la ville. »
« Quand ils passèrent sous la nationale, Gomulka remarqua une série d’affiches fraîchement collées. Mots blancs sur fond noir dans le style « Je suis Charlie », elles étaient placardées sur toute la largeur des piles du pont. « L’invasion s’arrête ici », répétaient-elles à l’unisson. Un message signé du nom de « Charlie Martel ».
Depuis quelques mois, ces affiches fleurissaient un peu partout sur les murs nus de la ville et le long des routes alentour. Elles étaient régulièrement déchirées ou recouvertes, mais finissaient toujours par réapparaître, délivrant sans fin leur message identitaire. Comme pour beaucoup de délits mineurs, là aussi, on se souciait peu d’arrêter ou même d’identifier les responsables. »

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