J’entends ta voix de Kim Young-ha:

En voyage avec Collectif Polar et Cécile

Départ pour la Corée

J’entends ta voix de Kim Young-ha. Le livre le plus dur, le plus noir que j’ai lu de cet auteur prolifique.


Le livre : J’entends ta voix de Kim Young-ha. Paru en 1er octobre 2015 aux éditions Philippe Picquier. 19,50 € ; (320 pages) ; 21×13 cm. Roman traduit du coréen par Kim Young-sook et Arnaud Le Brusq.

Poche paru le 24 aout 2018 aux éditions Picquier Poche. 9,00 € ; (320 pages); 11×17 cm.

4ème de couverture :

Enfant abandonné des hommes, Jeï découvre très tôt qu’il possède le don de capter, de sentir la souffrance des autres, objets, animaux ou humains. A quinze ans, vagabond dans les rues de Séoul, il s’invente un mode de vie proche de l’ascèse, se nourrissant de riz cru, lisant des livres trouvés parmi les ordures, et devient le leader d’une bande de motards. Ces motards organisent des courses illégales en plein Séoul, bravant la mort et la police, jusqu’à cette course ultime, la plus grandiose, la plus folle jamais menée, où Jeï entre dans la légende.
C’est le portrait fascinant d’un homme sans attaches, à la dimension christique. Il est le révélateur incandescent d’une société, la Corée, qui est aussi la nôtre, déchirée par ses tensions internes. »

 

L’auteur : Né en 1968, Kim Young-ha est l’un des chefs de file de la nouvelle littérature sud-coréenne. On dit de lui qu’il décrit avec un regard froid et une voix sèche la sensibilité urbaine de sa génération. Après deux recueils de nouvelles, il publie en 1996 son premier roman la mort à demi mots », qui lui vaut d’obtenir le prix que la maison d’édition Munhaktongne décerne au meilleur jeune écrivain de l’année. Très branché sur les nouvelles technologies, Kim Young-ha s’est d’abord amusé à publier ses écrits sur Internet, une habitude très répandue en Corée du Sud. Outre ses activités d’auteur, Kim Young-ha anime une émission de radio consacrée aux écrivains coréens.

 

Extrait :
« Un jour, Jeï tint ce discours :
« Est-ce qu’on roule à fond pour déstresser ? Non, pas le stress. Qu’est-ce qu’on ressent quand le patron nous donne un coup de plateau sur la tête ? Ou quand des sales gosses nous demandent de livrer à une mauvaise adresse et rigolent en nous regardant du balcon ? Ou quand un flic qui cherche à gratter un peu d’argent s’en prend à nous qui sommes des proies faciles, et nous file une amende en nous tutoyant ? Non. Le Stress c’est quand on n’est pas prêt la veille d’un examen, c’est quand on est pris dans un bouchon alors qu’on est déjà en retard. Mais nous, qu’est-ce qu’on ressent ? De la colère. Ça nous rend dingues, putain. Oui, si on roule à fond, c’est à cause de la rage. Et contre quoi ? Contre ce monde de merde. Mais oui, nos courses sont sauvages, elles ne peuvent pas être sages. Ça fait du bruit, on casse des chevalets de pub, on bloque le trafic, et alors seulement on nous regarde. La course, c’est pour montrer notre colère. Comment ? Par la violence. Pourquoi pas avec les mots ? Parce qu’avec les mots on ne peut pas. Et pourquoi ? Parce que nous on ne sait pas parler. Les mots sont pour les adultes. S’ils nous proposent de discuter, c’est parce qu’ils savent qu’ils sont sûrs de gagner. ».   

 

Les émotions de lecture de Cécile

J’entends ta voix de Kim Young-ha

Le livre le plus dur, le plus noir que j’ai lu de cet auteur prolifique.

Des enfants perdus, des ados abandonnés par les adultes quel qu’ils soient et qui s’adonnent aux pires violences sous influence de drogue et d’alcool : viols, agressions, tortures… La deuxième partie du roman est particulièrement difficile. Elle n’est tolérable que par l’extrême empathie de Jeï pour les victimes. Et elle explique son retrait du monde jusqu’à devenir un personnage à mi-chemin entre l’ascète et le chef de file d’un gang de jeunes motards épris de liberté, d’évasion. Au guidon, ils expriment toute leur rage contre une société qui au mieux les ignorent au pire les rejetés. Les déclassés d’un environnement hyper compétitif où on ne ralentit pas pour eux.

On est en apnée pendant leurs errances dans leur monde de l’hyperviolence, on respire à toute vitesse à travers les rues de Séoul à la recherche d’un peu de liberté et d’espoir.

Un livre noir, très noir où la lumière est distillée avec parcimonie pour vous permettre de reprendre votre souffle. Un livre qui marque !

23 réflexions sur “J’entends ta voix de Kim Young-ha:

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