État de terreur, Hillary Rodham Clinton et Louise Penny

Le livre : État de terreur, Hillary Rodham Clinton et Louise Penny. Traduit de l’anglais par Lori Saint-Martin et Paul Gagné. Paru le 6 avril 2022 chez Actes Sud dans la collection Actes Noirs. 23€50. (501 p.) ; 24 x 15 cm

Le point de vue des éditeurs

Au terme d’une période politique particulièrement mouvementée aux États-Unis, marquée par un repli nationaliste, une nouvelle administration vient d’être assermentée. À la surprise générale, le président nomme Ellen Adams au poste clé de secrétaire d’État, muselant ainsi l’une de ses plus ferventes opposantes. Lorsqu’une série d’attentats met à mal l’ordre mondial, Adams se retrouve en première ligne pour essayer de déjouer ce qui s’avère être le début d’une partie d’échecs géopolitique impliquant le Pakistan, l’Afghanistan et l’Iran, la mafia russe, la course aux armements nucléaires au Moyen-Orient… et une organisation terroriste redoutable en pleine expansion. Constituant une équipe exceptionnelle, incluant sa propre fille, une jeune agente passionnée du Service extérieur, ainsi que sa plus fidèle amie et conseillère, elle se lance dans une investigation sans répit pour tenter d’empêcher l’impensable – loin de se douter que son ennemi le plus dangereux est bien plus proche qu’elle ne l’imagine.

Coécrit par deux femmes hors du commun, État de terreur est un thriller de haut vol sur fond d’intrigue internationale : on y assiste, depuis les coulisses, au déroulement d’une situation terrifiante nourrie de détails que seule une initiée peut connaître.

 

Les auteures :  Hillary Rodham Clinton est, dans l’histoire des États-Unis, la première femme investie dans la course à la présidence par un parti majeur. Après une carrière engagée en tant qu’avocate, première dame et sénatrice – soit presque quarante ans de service public -, elle fut la 67e secrétaire d’État américaine sous l’administration Obama. Mariée, mère et grand-mère, elle est l’auteure de sept livres.
Récompensée par de nombreux et prestigieux prix littéraires internationaux, l’oeuvre de Louise Penny caracole en tête des listes de meilleures ventes. Ellefait connaître le Québec partout dans le monde avec sa série de romans mettant en scène l’inspecteur-chef Armand Gamache, tous publiés chez Actes Sud, et traduits dans une trentaine de langues. En 2017, elle a reçu l’Ordre du Canada pour sa contribution à la culture canadienne.  Ses romans ont remporté de prestigieux prix, trôné en tête des palmarès américains et canadiens et inspiré une télésérie pour Amazon. Coécrit avec Hillary Rodham Clinton, État de terreur est son premier thriller politique.

 

Extraits : 
« — Madame la secrétaire d’État, fit Charles Boynton en se hâtant à la suite de sa patronne qui, dans Mahogany Row, fonçait vers son bureau au département d’État. Vous avez huit minutes pour vous rendre au Capitole.
— C’est à dix minutes, répondit Ellen Adams en se mettant au pas de course. Et je dois encore prendre une douche et me changer. À moins que…
Elle s’arrêta et se tourna vers son chef de cabinet.
— Je peux y aller comme ça ?
Elle écarta les bras pour lui permettre de bien la regarder. Impossible de ne pas noter le regard suppliant d’Ellen, son ton angoissé et le fait qu’elle semblait avoir été traînée dans le sillage d’une machine agricole rouillée.
Boynton esquissa un sourire crispé, presque douloureux »
« La journée de vingt-deux heures avait débuté par le déjeuner diplomatique que la secrétaire d’État avait donné à l’ambassade des États-Unis à Séoul, suivi d’entretiens de haut niveau sur la sécurité régionale et d’efforts visant à sauver un accord commercial vital qui, contre toute attente, battait de l’aile. Dernier arrêt de l’interminable journée : visite d’une fabrique d’engrais dans la province de Gangwon, prétexte à un passage éclair dans la zone démilitarisée. »
« Ellen jeta un coup d’œil par le hublot de son avion gouvernemental, qu’elle surnommait en blaguant Air Force 3. Elle aperçut le dôme du Capitole, l’immeuble dans lequel elle prendrait bientôt place. »

Le billet de Chantal

                   État de terreur, Hillary Rodham Clinton et Louise Penny

Quand j’ai entendu parler de ce roman, c’est évidemment le nom de l’une des auteures qui m ‘a fait dresser l’oreille : Clinton  ! Je savais que Bill avait déjà publié, avec James Patterson, des polars, mais je n’avais pas été particulièrement attirée (peut-être à tort ?) par ces polars à quatre mains.

Alors, pourquoi avoir envie de lire État de terreur ? Sans doute parce que la référence de Louise Penny me plaisait davantage ! Je ne voyais pas trop cependant l’ex First Lady en auteure maîtrisant tous les codes du polar ni écrivant dans un style époustouflant ! Mais en collaboration … On ne sait quelle est la part exacte de chaque « main », quoique … tout ce qui ressort des arcanes de la Maison Blanche peut sans, trop de risque d’erreur, être attribué à Hillary Clinton !

Bref ! Et bien je dois dire que j’ai été assez prise par l’histoire, pour ne pas lâcher, ou difficilement, le roman avant la fin …C’est un thriller politique bien ficelé, qui ne laisse guère de répit ni aux protagonistes ni au lecteur. Dire qu’il marquera le genre d’une pierre blanche, peut-être pas ! Mais il nous fait passer un excellent moment, bien calé dans un fauteuil, dans la fraîcheur parfois relative de son lieu de lecture préféré. Dès les premières pages, on a le portrait d’un président des USA fort opposé à sa secrétaire d’État, Ellen Adams, qu’il a lui-même nommée à la surprise de tous. On comprend que c’est une sorte de vengeance, que le président veut anéantir en quelque sorte cette femme qui, avec son puissant journal, a milité contre lui pendant les élections.

Et il semble bien parti pour réussir à discréditer Ellen Adams. Mais l’entreprise va être bousculée par une série d’attentats qui éclatent en Europe, et dont on apprend bientôt que d’autres sont programmés aux USA. Mais où ? Quand ?

La course aux infos commence, et l’on suit la secrétaire d’État autour de la planète, se rendant dans nombre de pays amis ou ennemis, pour glaner des renseignements ou tenter de faire passer des messages, surtout essayer d’arrêter le compte à rebours. Ellen Adams est épaulée dans cette course par sa conseillère et vieille amie, sa fille, une obscure agente des renseignements qui se révélera essentielle, et d’autres personnages qui apparaissent et disparaissent au gré de l’avancée du récit. On ne s’ennuie pas un instant, on compte aussi les secondes quand il s’agit de désamorcer une bombe, et l’on se demande jusqu’au bout qui est le traître au sein même du pouvoir….

C’est une lecture qui ne laisse pas trop de repos, pour autant que l’on entre dans le jeu ! Personnellement, j’ai marché ! Je parlais de style au début de ma chronique, et bon, l’écriture est bien en adéquation avec le genre du récit : simple, allant de l’avant, avec un peu de géopolitique, quelques savoureux portraits d’hommes de pouvoir qui évoquent certains d’aujourd’hui … L’humour n’est pas oublié non plus, même s’il n’est pas prépondérant. Dans ce genre de roman, on aime avant tout être embarqué dans une histoire dont on se dit qu’elle pourrait, peut-être, arriver ! On sait bien que le lecteur, c’est sa faiblesse parfois, aime frissonner à bon compte … !

Vous l’aurez compris, il ne faut pas chercher une vision du monde originale et remettant à plat l’équilibre politique. Simplement un bon divertissement. Et puis, cette Ellen Adams, quasi ménagère de 50 ans qui sauve le monde et « retourne » le président, c’est quand même savoureux !

Autres extraits
« — Vous êtes en retard, siffla le secrétaire à la Défense quand elle s’installa dans la première rangée, entre lui et le directeur du renseignement national. On a retardé le discours pour vous. Le président est furieux. Il pense que vous l’avez fait exprès afin que les réseaux se concentrent sur vous plutôt que sur lui.
— Le président se trompe, dit le DRN. Vous n’auriez jamais fait ça.
— Merci, Tim, dit Ellen.
C’était une rare manifestation de soutien de la part d’un des loyaux partisans de Williams.
— Après le fiasco sud-coréen, poursuivit Tim Beecham, je doute que vous ayez voulu attirer l’attention sur vous.
— Et qu’est-ce que vous portez, au nom du ciel ? demanda le secrétaire à la Défense. Vous vous êtes encore battue dans la boue ?
Il grimaça en plissant le nez.
— Non, monsieur le secrétaire. J’ai fait mon travail. Il faut parfois se salir, déclara Ellen en le toisant. Je constate que vous êtes comme toujours impeccable.
De l’autre côté, le DRN rit. Puis ils se levèrent.
— Monsieur le président de la Chambre des représentants, le président des États-Unis, lança le sergent d’armes. »
« La caméra suivit le président nouvellement élu qui entrait dans la salle somptueuse sous les applaudissements délirants de ses partisans et ceux, nettement plus mesurés, des membres de l’opposition, qui digéraient encore mal leur défaite. Comme le président avait été assermenté à peine quelques semaines plus tôt, il était difficile de croire qu’il avait une idée juste de l’état de l’Union et que, dans le cas contraire, il serait prêt à l’admettre publiquement. »
« Elle avait beau avoir l’air d’une clocharde et puer l’engrais, elle était la secrétaire d’État. Elle aimait son pays et ferait l’impossible pour le protéger. »
« Nasrin Bukhari prit place au fond de l’autobus et s’obligea à regarder droit devant elle. Ni vers la vitre, ni vers la sacoche posée sur ses genoux, qu’elle serrait de toutes ses forces.
Ni vers les autres passagers. Elle devait à tout prix éviter les contacts visuels.
Elle s’efforça d’adopter une expression neutre, ennuyée.
L’autobus s’ébranla et entreprit en brinquebalant le trajet jusqu’à la frontière. En principe, elle devait prendre l’avion, mais, sans en parler à personne, même pas à Amir, elle avait modifié ses projets. Les individus chargés de l’intercepter la croiraient pressée de quitter le pays. Ils l’attendraient à l’aéroport. Au besoin, ils mettraient des agents à bord de tous les vols. Ils ne reculeraient devant rien pour l’empêcher d’arriver à destination.
S’il était capturé et torturé, Amir révélerait le projet de Nasrin. Elle avait donc dû en changer.
Nasrin Bukhari aimait son pays et ferait l’impossible pour le protéger.
Y compris laisser derrière elle ceux qu’elle aimait. »

8 réflexions sur “État de terreur, Hillary Rodham Clinton et Louise Penny

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