Sorrowland, Rivers Solomon

Le livre : Sorrowland de Rivers Salomon ; traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Francis Guévremont. Paru le 13 mai 2022 Aux Forges de Vulcain. 20€. (509 p.) ; 21 x 14 cm

4e de couv : 

Sorrowland

Vern est enceinte et décide de s’échapper de la secte où elle a été élevée. Cachée dans une forêt, elle donne naissance à des jumeaux, et prévoit de les élever loin de l’influence du monde extérieur.

Mais, même dans la forêt, Vern reste une proie. Forcée à survivre en pleine nature, elle montre une brutalité terrifiante, résultat de changements étranges et inexplicables que son corps traverse.

Pour comprendre sa métamorphose et protéger sa famille, Vern doit affronter le passé et l’avenir. Trouver la vérité signifiera découvrir les secrets de la secte qu’elle a fui, mais aussi l’histoire violente de ces États-Unis qui l’ont produite.

 

L’auteure : Rivers Solomon est née en  Californie le 17 novembre 1988 , iel  est de nationalité américaine mais vit à Londres. Rivers Solomon est une personne transgenre, elle se défini comme non-binaire. Elle est associée à la science-fiction et à l’afrofuturisme.
Elle est diplômée en études comparatives raciales et ethniques à l’université Stanford, ainsi qu’en écriture créative au Michener Center for Writers de l’université du Texas à Austin.
Son premier roman « L’Incivilité des fantômes » (« An Unkindness of Ghosts ») est paru en 2017. Son deuxième roman, « Les Abysses » (« The Deep », 2019) est élu « meilleur livre LGBTQ de science fiction/fantasy/horreur » aux Lammy Awards. « Sorrowland » (2022) est son troisième roman.
En parallèle à son travail d’écriture, elle est consultante (« sensitivity reader ») auprès d’autres écrivains qui abordent des sujets sensibles, tels que la couleur de peau ou le handicap.  Elle est atteinte de troubles autistiques. Non-binaire, elle utilise en anglais pour parler d’elle le pronom pluriel « they », qu’on pourrait traduire par « iels ». L’emploi du genre neutre étant compliqué en français, elle accepte l’usage du féminin.

 

Extraits :
« Carmichael, le petit frère de Vern, avait une fois préparé un exposé sur un projet de réintroduction des loups dans la région de Yellowstone. Certains programmes scolaires de Sherman donnaient le droit aux élèves de sortir du domaine pour aller visiter des bibliothèques. Il s’agissait, en fait, d’un moyen de recrutement : les familles noires voyaient tous ces garçons caïniens, si intelligents, si propres, et se disaient qu’elles aussi pourraient en bénéficier. Mieux valait aller au domaine béni de Caïn qu’en prison, se disaient-elles probablement. »
« Elle survivait. Elle fabriquait le nécessaire. Des chapeaux pour la tête de patate douce de ses enfants ; des chemises de lin, des pulls de laine, deux paires de chaussettes, des caleçons longs en peau de lapin, pour l’hiver. Tout pour ne pas mourir.
Pendant cette période, pendant des jours d’été sans fin, pendant ces jours infiniment solitaires, Vern aurait dû s’inquiéter de ce que faisaient le pays de Caïn et le démon, mais cela lui paraissait presque accessoire : il fallait s’occuper de ses jumeaux, et aussi d’elle-même. Elle ne faisait que l’essentiel et rien de plus. Une orpheline, qui creuse, qui creuse, qui avance en creusant et crée ainsi son propre monde. »

Le post-it de Ge

Sorrowland, Rivers Solomon

Voilà quelques mois que j’ai lu ce livre maintenant et il m’est toujours impossible d’en dire tout le bien que j’en pense tellement il est foisonnant et intense.

Aujourd’hui encore je suis incapable de vous résumer l’histoire.

Alors pour faire simple…

Pour fuir la secte où elle a été élevée, Vern une jeune fille noire albinos, trouve refuge dans la forêt. Oui mais voilà, Vern est enceinte de sept mois, et seule dans les bois, elle donne naissance à des jumeaux Hurlant et Farouche, qu’elle aimerait élever à l’abri de l’influence du monde extérieur. Mais Vern est pourchassée par un monstre pour avoir échappé au Domaine de Caïn, le complexe religieux isolé qui la tenait captive depuis sa plus tendre enfance.

Cachée en pleine nature, elle fait la rencontre de Gogo qui va lui venir en aide. Et entre l’Afro-Américaine et l’Amérindienne une belle complicité va naître.  Oui mais voilà ! Vern observe les changements étranges en son sein. Elle développe des pouvoirs extra-sensoriels. Pour comprendre la métamorphose de son corps, Vern doit enquêter car la jeune femme veut alors découvrir la vérité sur sa propre nature et sur cette communauté sectaire afin de protéger ses fils. Elle veut tout connaître, des expérimentations médicales, des violences, des tortures, de la déshumanisation qui se pratique au sein de l’institution qui était censé la protéger !

Ce qui est dingue aussi ici c’est les diverses formes narratives que Rivers Solomon a pratiquées pour nous raconter son histoire. A la fois roman initiatique et récit d’apprentissage, ce texte de pure science-fiction est mené comme un thriller mais c’est aussi un récit fantastique et horrifique. Et c’est ce mélange des genres qui donne toute sa puissance à cette histoire.

De plus Sorrowland est peut-être avant tout un roman engagé, comme l’étaient les deux précédents titres de notre auteur-e.

Comme dans « L’incivilité des fantômes » son premier roman, il est question ici de révolte, d’esclavage, de racisme, de ségrégation. Et comme dans « Les abysses » on parle des fantômes du passé, d’histoires traumatiques.

Ainsi, au cours de la reconquête de ses propres ténèbres, Vern va apprendre que les monstres ne sont pas seulement des individus, mais des histoires, des systèmes et des nations entières.

Ici, il est questions de différences, de diversité, de minorité, d’altérité, de question de genre, de parentalité, de révolte, de colonisation, d’indépendance, de peuple premier, d’asservissements. Il y est aussi question de des faux-prophètes, du pouvoir des religions, de manipulations et de fanatisme. Quand l’extrémisme empêche les individus de se réaliser. On parle de liberté sexuelle, d’homosexualité féminine et d’homophobie.

Sorrowland condamne toutes les oppressions, exige le respect de chacun dans leurs droits à la différence et dénonce cette société binaire qui encourage le patriarcat et écrase les minorités qu’elles soient identitaires, sexuelles, culturelles ou dans leur singularité.

Je vous le disais Sorrowland est un roman foisonnant, riche, intense, tout comme l’est la plume vif et incisive et pourtant poétique de Rivers Solomon.

Au début du roman Sorrowland est l’histoire d’une jeune femme en colère et à la fin c’est toujours une jeune femme en colère mais elle a trouvé l’amour.

Bref si vous n’avez jamais lu Rivers Solomon, il est grand temps de la découvrir, si vous avez lu ses autres romans, celui-ci vous paraitra indispensable. Surtout qu’à mon avis c’est le plus abordable des trois malgré tous les thèmes de société abordés.

Ce qui est sûr voire certain c’est que Sorrowland me restera longtemps en mémoire.  Ce qui est plus que certain c’est que sa jeune héroïne est de celles qui vous marquent à l’instar de Turtle dans My absolute Darling, de Betty dans le roman éponyme et aussi de Harley McKenna de Mon territoire ou encore de Duchess dont j’espère vous parler bientôt.

Donc attention coup de cœur et coup de point !

Sorrowland est véritablement de la trempe de ces romans qui vous marquent durablement !

 

Livre lu dans le cadre de 4 défis littéraires

 – Le Pumpkin Autumn Challenge 2022 chez Guimause

– Challenge Thriller et polar 2022- 2023 chez Sharon

 – Challenge « Le tour du monde en 80 livres » chez Bidb (États-Unis).

 – Challenge Les Dames en Noir 2022 chez Zofia

 

20 réflexions sur “Sorrowland, Rivers Solomon

Vous avez la parole, laissez un commentaire, ça fait toujours plaisir.

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s