Sandrine Collette est née en 1970, elle est une romancière. Sandrine Collette partage son temps entre Paris et le Morvan.
Elle passe un bac littéraire puis un master en philosophie et un doctorat en science politique. Elle devient chargée de cours à l’Université de Nanterre, travaille à mi-temps comme consultante dans un bureau de conseil en ressources humaines et restaure des maisons en Champagne puis dans le Morvan.
Elle décide de composer une fiction et adresse son manuscrit aux éditions Denoël. Il s’agit « Des nœuds d’acier », publié en 2013. Son premier roman rencontre un vif succès critique et public avec 20 000 exemplaires vendus. Il obtient le Grand Prix de littérature policière ainsi que le Prix littéraire des lycéens et apprentis de Bourgogne.
En 2014, elle publie son second roman « Un vent de cendres » (chez Denoël) qui revisite le conte « La Belle et la Bête ».
Devenue l’un des grands noms du thriller français, une fois encore, elle montre son savoir-faire imparable dans « Six fourmis blanches » (2015).
« Il reste la poussière » (2016) obtient le Prix Landerneau du polar. En 2017 paraît « Les larmes noires sur la terre ».
Son huitième roman, « Et toujours les forêts », une fiction post-apocalyptique, a été récompensé, en 2020, par le prix de La Closerie des Lilas et le grand prix RTL-Lire.
À propos
Une nouvelle de Sandrine Collette (grand prix de littérature policière, prix Landerneau du polar), inédite en numérique.
Ici, on vit dans des voitures. Une ville de voitures – vieilles, cabossées, ringardes, où la société parque ses miséreux. On l’appelle La Casse. Coincée dans une vallée, fermée d’un côté par un barrage hydraulique, de l’autre par une grille longue de quatre cents mètres. C’est là que Jo atterrit, après une longue dégringolade : divorce, chômage, solitude, misère. A bout de forces, la jeune femme se voit attribuer son nouveau logement, une Peugeot 306 grise. Comment trouver des raisons de vivre, dans ce bidonville rappelant « la préhistoire, version Mad Max ou pire » ? Mais il y a Ada, la vieille aux mains apaisantes et aux herbes puissantes. Mais il y a Nathan, un des gardiens de la Casse, aux cheveux noirs et lisses, au regard d’oiseau de proie. Et Jo se prend à y croire encore. L’amour, l’espoir, pourraient trouver leur place, même dans cet enfer. Bien sûr, c’est un rêve impossible.
Et voilà je me retrouve pour la troisième fois dans une casse.
La première c’est parce que j’avais lu ce texte une première fois en 2014 dans Les Petits Polars du Monde, mais comme j’ai une mémoire de Dory, je ne rappelais plus du titre. En fait j’ai fait confiance à ma mémoire visuelle de la couverture, et celle-ci je ne la connaissais pas. Non moi celle que j’avais en mémoire c’était celle-ci
La seconde c’est quand j’ai ouvert ma liseuse et que j’ai commencé à lire cette histoire.
Un jour, Jo a débarqué dans cette cité de misère où les vieilles voitures à la casse servent de logements pour les plus pauvres. Elle était seule, sans travail ni projet. Ada et les autres filles l’ont aidée à s’installer dans une Peugeot grise sans âge. C’est là qu’elle s’est mise à pleurer. Puis Nathan est apparu, toujours accompagné d’Aristote, et la situation est devenue très compliquée.
Tiens ça me rappelle quelque chose, du déjà lu en effet, mais comment résister au mots de Sandrine Collette. A peine les premières phrases avalées que déjà je suis (re)prise dans cette engrenage infernale qui va mener notre héroïne à la rue. Elle qui avait tout pour réussir dans sa première vie, un mari, un boulot extra et puis c’est chute. Un simple divorce, une dépression, la picole, la perte de son boulot, le chômage qui s’éternise, la perte des repères sociaux, la solitude et enfin la misère. Une misère crasse, de celle que la société rejette. Et puis la chute vertigineuse jusqu’à la déchéance. Et là vous êtes mis au rebut.
Hasard ou ironie, la Casse est construite comme ces villages de vacances qui s’étalent le long d’une route ovale, avec des dizaines de petites rues desservant des bungalows serrés les uns contre les autres à deux pas de la plage.
Sauf qu’ici, c’est dans des voitures qu’on vit. Oui, une ville de voitures – vieilles, cabossées, ringardes. Une ville de miséreux. […]
Combien sont-ils aujourd’hui, peut-être huit ou neuf mille personnes, qui vivent là sur des sièges éventrés des Renault hors d’usage, dans les coffres ouverts prolongés par une tôle ou une bâche pour gagner un peu d’espace.
Vous vous retrouvez dans un bidonville où plutôt une jungle semi-urbaine. Un endroit hors du monde où les parias vivent en secret sur les décombres de la société post-industrielle.
Cela fait huit mois que je suis arrivée à la Casse. Un parcours presque classique pour les gens comme moi qui, de catastrophe en dégringolade, n’ont plus leur place dans une société qui ne veut pas s’embarrasser de ses pauvres. Ici, j’y suis venue comme à l’alcool, par erreur et par fatigue, alors que je savais qu’il ne fallait pas ; alors que je connaissais les rumeurs, j’avais vu un ou deux reportages – pour ce que les journalistes, systématiquement refoulés, arrivaient à savoir. Une ville de misère tenue par cette étrange mafia locale, un lieu sans retour : que les pauvres aillent s’entretuer loin de nous !
En moins de 50 pages, Sandrine Colette nous emmène loin, très loin de notre quotidien bien rangé. Loin mais si proche à la fois. Dans cette casse où l’on entasse les rebuts de la société. Là où on les enferme pour ne plus les voir, là où on les concentre ! Une ségrégation des plus faibles organisée.
Il y eut ce temps où les carcasses de voitures hors d’usage étaient emportées par les camions des ferrailleurs, détruites à coups de barres de métal ou de blocs de béton. Sur la route on croisait parfois ces convois insolites, ces empilements de couleurs fracassées, sanglées sur des plateaux ou serrées dans des bennes rouillées à force d’essuyer les chocs des voitures jetées là. […]
Je ne sais pas qui a eu l’idée de cette nouvelle filière de recyclage mais un jour, on a sorti des dizaines de milliers de voitures de la chaîne. Pas n’importe lesquelles : les plus grosses. Les citadines ou les sportives filaient toujours tout droit à la casse mais les berlines, les camionnettes et les breaks étaient chassés avec fureur. C’est une sorte de seconde vie qu’on leur offrait, à ces automobiles embouties, boîte ou moteur cassés : une vache de nouvelle chance sur cales, côte à côte dans un alignement impeccable, comme des maisonnettes aux peintures cloquées.
Tout cela, nous le savions. Mais nous le pensions marginal – ou cela nous arrangeait de le croire.
Et puis il y a aussi cette micro société qui se réorganise. Dans cette communauté des laissés pour compte, des milices d’hommes ont droit de vie et de morts sur les autres, c’est clairement un retours à la féodalité. Et là aussi les plus fort impose leur loi et bien souvent ce sont les femmes qui trinquent. Victime une nouvelle fois comme si la déchéance ne suffisait pas.
Chargée du sac à dos dans lequel j’avais enfoui mes dernières affaires, et de la poche donnée par le gardien, j’ai erré une demi-heure avant de trouver la place 2167. Bon Dieu, cet endroit, c’était un bidonville, un vrai, au cœur de notre pays bien civilisé, au XXIe siècle. […] Et ça, c’était ma nouvelle ville. La préhistoire, version Mad Max ou pire.
En 50 pages, Sandrine Collette nous offre un fable, celle de notre monde qui va droit dans le mur. Celle de cette société où sur-consumérisme et mondialisation mettent des tas de personnes sur le carreau dans une indifférence assez flippante.
Tout cela, nous le savions. Mais nous le pensions marginal – ou cela nous arrangeait de le croire. […] d’une certaine façon, nous admettions que c’était mérité, et même si c’était trop facile, nous pensions tout bas qu’ils n’avaient qu’à travailler. / Jusqu’au jour où nous en étions
[…] Kokotukha5 Terres fauves de Patrice Gain 6 Nous n’irons plus au bois, Mary Higgins Clark, 7 Une brume si légère de Sandrine Collette 8 Tra@que sur le Web, Didier Fossey 9 Les rues de Santiago de Boris Quercia 10 Meurtres à […]
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[…] Kokotukha5 Terres fauves de Patrice Gain 6 Nous n’irons plus au bois, Mary Higgins Clark, 7 Une brume si légère de Sandrine Collette 8 Tra@que sur le Web, Didier Fossey 9 Les rues de Santiago de Boris Quercia 10 Meurtres à […]
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[…] 7 : Une brume si légère de Sandrine Collette […]
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On sent l’additction à cette superbe plume !
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totalement et c’est aussi totalement assumé ;-P
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Ah cette auteure ! géniale !
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Oh que oui ! Et je suis ravie que toi aussi mister Fred tu la trouve géniale ! 🙂
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J’ai déjà lu quelques un de ses romans, des histoires sombres, mais prenantes, une bonne romancière!
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Une exceptionnelle romancière Marie Christine
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Oui je lirai Sandrine Collette. Promis 😀
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Oh mais voilà qui me fait énormément plaisir, merciiiiii 🙂 ;-P
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A reblogué ceci sur Le Bien-Etre au bout des Doigts.
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merci Françoise
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