Papote d’auteur : Mamie Danièle était avec Hervé Jourdain

Papote d’auteur : Mamie Danièle était avec Hervé Jourdain

 

A l’occasion de la sortie de son nouveau roman, Hervé Jourdain papote avec Dany. L’occasion de revenir sur Terminal 4, sort est enfin paru en librairie ce matin

 

Aux abords de l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle, alors que le soleil n’a pas commencé à pointer, les pompiers se démènent pour étouffer les flammes qui ravagent une dizaine de voitures. Ce qu’ils ne savent pas encore, c’est que dans le coffre de l’une d’elles, un cadavre carbonisé les attend…
Lola Rivière et Zoé Dechaume, conduites dans les environs par les hasards d’une autre enquête, arrivent sur place les premières. Déterminées à résoudre cette affaire, les deux jeunes femmes vont rapidement s’apercevoir que l’aéroport est une zone qui cristallise de multiples tensions. Conflits entre taxis et VTC clandestins, militants installés à proximité des pistes pour s’opposer au projet du nouveau terminal, et luttes politico-économiques autour de la pollution atmosphérique générée par l’aéronautique, les enjeux sont nombreux et les fils à démêler ne manquent pas pour atteindre la vérité…


Dany : Bonjour Hervé, je te remercie de nous consacrer un peu de ton temps. Avant d’entrer dans le vif du sujet, pourrais-tu te présenter ?

 

Hervé : Bonjour Danièle, désolé, je tarde à répondre.
En guise de présentation, j’ai 47 ans, je suis Vendéen d’origine et vis à Paris, je suis marié, j’ai deux grands enfants, et j’exerce le métier d’analyste au sein du ministère de l’intérieur. En parallèle, j’écris principalement des romans policiers. Mon sixième roman, Terminal 4, sort aujourd’hui. Il est publié par Fleuve éditions.

Dany : Aujourd’hui c’est un jour important pour toi, une sortie, peux-tu nous présenter rapidement ton bébé ?

Hervé : Il s’agit probablement de mon roman le plus engagé politiquement puisque, pour la première fois, je m’intéresse à des problématiques sociétales, notamment celle du réchauffement climatique lié à la consommation et à la consommation galopantes.
J’ai pris pour cadre l’aéroport de Roissy, qui accueille toujours plus de voyageurs et qui, dans le même temps, promet une baisse de la pollution liée au commerce aérien malgré une hausse exponentielle du trafic.
L’histoire démarre sur la mort de Sabrina, jeune data scientist travaillant chez France Aéroport, la société gestionnaire des aéroports français. Son cadavre, retrouvé dans le coffre d’un taxi Uber à proximité d’une nouvelle ZAD installé sur le site du chantier du quatrième terminal de Roissy. Mes deux enquêtrices fétiches de la Brigade criminelle, Zoé et Lola, vont tenter de percer les mystères de la victime et de pénétrer des milieux aussi divers que le monde des taxis clandestins, celui des sans-papiers gravitant autour de l’aéroport, jusqu’à se brûler les ailes au contact des milieux politiques impliqués dans les décisions liées à l’avenir de la plateforme aéroportuaire.
Voici l’accroche de Fleuve : Quand un corps carbonisé est retrouvé dans une voiture aux abords de l’aéroport Charles de Gaulle, Zoé et Lola sont loin d’imaginer jusqu’où va les mener leur enquête. Conflits entre taxis et VTC clandestins, militants installés aux abords des pistes pour lutter contre le projet du nouveau terminal, et luttes politico-économiques autour de la pollution atmosphérique de l’aéronautique, tels sont les enjeux qu’elles vont devoir affronter.

Dany : Je trouve quant à moi que tes deux précédents romans étaient déjà bien ancrés dans la société en perdition : la prostitution, les sectes, le monde politique en mode « élection » … ça n’était pas le monde des bisounours non plus …

Hervé : C’est vrai mais cette fois-ci, je m’engage pour une cause qui n’est pas que sociétale. S’il devait être catalogué, je pense que ce polar serait écolo. Les jeunes, notamment, cherchent des pistes pour trouver des solutions contre le réchauffement climatique dont le trafic aérien n’est qu’un responsable parmi tant d’autres. Donc moi je voulais aussi, à ma manière (je n’ai plus l’âge de manifester) traiter de ce sujet.

Dany : La composante écolo est donc fondamentale dans ton engagement littéraire aujourd’hui. Tu dis que tu n’es plus en âge de manifester … mais l’écriture serait-elle  donc ta forme de militantisme ? Un auteur doit-il porter un message ?

Hervé : La composante écolo était effectivement importante dans ce polar. Il faut dire aussi que je suis influencé par mon fils aîné, 21 ans, qui ne cesse de se questionner… et de me questionner sur ce que sera le monde de demain. Devant l’absence de réponse, j’ai pris cette thématique à bras le corps.

Oui, on peut dire qu’il y avait une écriture militante. Maintenant, je ne suis pas certain qu’un auteur soit obligé de porter un message, je suis même sûr du contraire, personnellement je prends beaucoup de plaisir à lire des auteurs qui n’ont pas spécialement de message à porter mais qui me font vibrer ne serait-ce qu’à la force des mots.

Dany : On ne va pas dévoiler d’avantage l’intrigue, il faut laisser le lecteur à sa découverte …
Le lieu de l’action : on est loin du cadre bucolique des Ardennes, pourquoi ?

Hervé : Oui, il y a beaucoup plus de béton à Roissy que dans les Ardennes, effectivement. Roissy parce que peu d’auteurs de polar s’y sont intéressés, parce qu’il y a divers métiers particulièrement méconnus voire insolites, et, parce que je pensais que cette plateforme à taille humaine est un bon condensé

Dany : Taille humaine Roissy !!!! j’en frémis !

Hervé : un bon condensé de ce que représente la mondialisation. On ne s’y arrête jamais, on est sans cesse en mouvement, dans le furtif, le volatile, c’est un lieu de passage, sauf pour des gens comme Sabrina.

Dany : 👍

Dany : Tu as fait le choix de héros (héroïnes) récurrent(e)s … comme cela t-est-il venu ?

Hervé : Le choix de deux héroïnes est venu naturellement, comme un copié-collé de la réalité, la fonction de policier se féminisant. Cela permet de mettre en lumière leur travail dans un monde où elles ne sont pas forcément armées pour répondre à la violence. Donc elles s’adaptent, elles essaient de trouver d’autres artifices.

Dany : Est-ce que ça n’est pas piégeant ?

Hervé : C’est piégeant, effectivement, mais elles ne sont pas isolées. Elles sont notamment dirigées par un chef de groupe qui a longtemps travaillé à la BRI. Donc lorsqu’il faut sortir les poings, il y a du monde.
Avoir des femmes pour héroïnes offre toutefois certaines possibilités : comment luttent-elles contre le machisme ? quel choix envisagent-elle de faire par rapport à la maternité ? Mes deux héroïnes vieillissent, l’une d’elles à plus de trente ans. faire des enfants  ou poursuivre sa carrière de flic en PJ ? A moins que les deux soient compatibles…

Dany : Serais-tu prêt à tuer l’héroïne pour servir une intrigue ?

Hervé : Tuer mes héroïnes, je ne sais pas. Pourquoi pas, après tout ? M’en séparer pendant quelques temps, ça c’est certain.

Dany : Le côté piégeant c’est aussi de ne pas les martyriser de trop pour qu’elles puissent servir dans un prochain roman … c’est pour ça que je te demandais si tu serait prêt à aller jusqu’à les tuer …
Justement écrire les émotions féminines quand on est un homme est-ce facile ?

Hervé : Non, ce n’est pas facile. Je les imagine avec plus d’empathie que leurs collègues masculins à l’égard des victimes et de la souffrance des familles, même si elles le cachent. Je dois avouer aussi que les éditrices qui m’ont accompagné jusque là m’ont parfois remis sur les rails lorsqu’il leur semblait que je dérivais.
Maintenant, le fait d’être policier et d’avoir longtemps travaillé au contact de femmes dans de nombreuses enquêtes me donne les pistes nécessaires. Et il faut bien avouer que le genre s’efface derrière la fonction. « Tu n’es pas un homme pas une femme, tu es un collègue ».

Dany : J’espère que l’on aura donné envie de lire aux lecteurs et lectrices du blog, avant de nous quitter pourrais-tu me donner trois bonnes raisons de lire Terminal 4 ?

Hervé : Découvrir les coulisses et les entrailles de Roissy ; partager la souffrance de la famille de Sabrina ; et surtout remettre en cause ses certitudes dans le domaine de la course incessante à la productivité et à la mondialisation.

Dany : Merci Hervé pour cet échange qui a éclairé sur ta façon d’aborder le sujet de tes romans.
Est-ce que tu as des projets ciné ou TV avec une adaptation d’un de tes romans ?
Au niveau de tes actualités salons, as-tu quelques dates à nous donner ?

Hervé : Non, pas d’adaptation TV ou de projets ciné. En terme de salons, j’aurai du être à Quai du polar début avril et au salon de Sens à la mi mai…

Hervé Jourdain à Saint Maur en Poche 2017

Dany : As-tu quelque chose à ajouter avant de nous quitter ? Un coup de cœur, un coup de gueule ?

Hervé : Non, pas de coup de gueule ni coup de cœur, juste un grand Merci pour cette itw. Au plaisir de se voir sur un salon, Danièle. A bientôt.

Dany : Merci à toi et aussi hâte de te croiser dans un salon ! A bientôt !

3 réflexions sur “Papote d’auteur : Mamie Danièle était avec Hervé Jourdain

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