Solitudes de Niko Tackian

Le livre : Solitudes de Niko Tackian – Paru le 06/01/2021 chez Clamann-Levy  – collection Calmann-Levy Noir –  19.50 € (316 pages) ; format 13.5 x 21.5 cm

4ème de couverture :

Elie Martins est garde nature dans le massif du Vercors. Amnésique suite à une blessure par balle, il est reparti à zéro dans cette région encore préservée. Alors qu’une tempête de neige s’annonce, Elie se lance sur la piste d’un loup signalé par plusieurs bergers. Les empreintes ensanglantées le conduisent à un immense pin situé dans une plaine désertique. Une femme nue est pendue à ses branches, une mystérieuse inscription gravée sur sa chair. Cette découverte macabre anime immédiatement quelque chose sur la toile blanche de ses souvenirs. La victime est un message à son attention, il en est certain. ? Le lieutenant Nina Melliski est alors dépêchée sur les lieux. Elie est-il coupable ou victime ? Elle ne sait que penser, mais son instinct lui dit que les réponses se trouvent dans les souvenirs disparus de cet homme sans passé.

L’auteur : Né à Paris en 1973 Nicolas Tackian ou Niko Tackian est un scénariste, réalisateur et romancier français.
De l’écriture à la réalisation, il s’exprime avec le même engouement au cinéma, en bande dessinée, à la télévision et dans les jeux vidéo.
Il a été journaliste et rédacteur en chef de différents magazines de presse avant de devenir scénariste. Il devient auteur de bande dessinée et signe son premier projet aux éditions Semic, avant de rejoindre l’équipe de Soleil Productions avec laquelle il va signer plus de 30 albums. Thriller ésotérique, science-fiction, dark fantasy, anticipation, polar, fantastique sont autant d’univers qu’il aime explorer en BD (Kookaburra Universe, Le syndrome de Caïn, L’anatomiste, Orks, La compagnie des lames, Corpus Hermeticum…).
Il devient également scénariste pour la télévision, signe plusieurs épisodes de séries (Inquisitio, Main courante, La Cour des grands, L’ombre de la Vouivre), de nombreux téléfilms et crée, en collaboration avec Franck Thilliez, la série Alex Hugo (interprété par Samuel Le Bihan) en 2015.
En 2008, il écrit et réalise son premier film Azad, primé dans de nombreux festivals à travers le monde.
Après une minutieuse enquête sur le phénomène de la mort imminente, il écrit Quelque part avant l’enfer (2015), son premier roman et obtient le prix des lecteurs au festival polar de Cognac 2015.
Suivra La nuit n’est jamais complète en 2016 puis il change d’éditeur et publie Toxique (2017), puis Fantazmë (2018), deux polars introduisant le personnage de Tomar Khan, commandant à la brigade criminelle parisienne.
En 2019 son thriller Avalanche Hôtel obtient de nombreux prix, dont le célèbre « prix de la ligue de l’imaginaire », qu’il intègre la même année rejoignant des auteurs à succès tels que Bernard Minier, Bernard Werber, Olivier Norek, Maxim Chattam et son camarade Franck Thilliez.
Deux de ses romans sont actuellement en cours d’adaptation au cinéma.
Il partage ses activités entre l’écriture de romans, le scénario qu’il enseigne en formation continu à l’École nationale supérieure Louis-Lumière et la pratique des arts martiaux.
Extraits :
« L’air et le silence avaient la plénitude d’un chant. Jacques était planté au milieu des pins à crochets, les yeux grands ouverts pour sentir le vent froid lui écorcher la cornée. Ici, sur les hauts plateaux du Vercors, l’homme n’avait pas eu le temps d’imprégner la terre de son vacarme. Il n’était ni désiré ni nécessaire, et on le tolérait à peine. L’homme n’avait de toute façon aucune idée de la beauté de ce lieu. Il ne le pouvait pas, car il n’avait jamais appris ce que pouvait être un rapport naturel au monde. Ses écoles, ses facultés, ses entreprises et toutes ses théories ne s’intéressaient pas à ça. »
« Pour les Indiens mohawks, l’homme possède deux âmes. L’une est libre de toute attache et peut quitter le corps pendant le sommeil et la maladie. L’autre se trouve irrémédiablement chevillée à son vaisseau de chair. »
« Une soudaine rafale de neige le força à baisser la tête. Le monde dace à lui était un dégradé de blancs tombant en gros flocons et se perdant dans le gris à mesure que le regard portait. Tout au fond, le noir intense de la forêt fermait ce tableau hivernal. »

La chronique jubilatoire de Dany

Solitudes de Niko Tackian

Dès le prologue le ton est donné. L’un des thèmes chers à l’auteur est posé, nous aurons bien, avec ce cru 2021, un problème de mémoire.

La perte de tous ses souvenirs d’enfance et de jeunesse rend Elie orphelin de son histoire et de ses origines. Pourtant il se sent bien sur ce plateau du Vercors, dans cette immensité blanche. Il y est heureux, chaperonné par un chef qui me fait penser à Red Yellow Bear, le chef de Al « la tendresse » dans la mort et la belle vie de Richard Hugo, un chef bienveillant et empreint des rites naturalistes amérindiens. Mais Elie est intimement seul et cache sur le dos un lourd secret.

Seule, Nina l’est aussi, elle vit sa rédemption comme une expatriée, dans l’alcool et autres excès parce qu’elle ne peut pas oublier qu’elle a causé la mort.

Jacques, le berger est seul dans sa cécité mais entouré d’auras colorées et partage sa réclusion montagnarde avec son apprenti venu de l’Est. Paradoxalement sa « vision » illumine la nôtre.

Tous ces personnages et d’autres, secondaires ou principaux, ciselés avec la même précision, vont se côtoyer, voire pour certains s’affronter parce qu’un meurtre particulièrement sanglant va réveiller des souvenirs ou de veilles affaires non élucidées. Pour certains elles vont s’apparenter à des messages resurgissant de l’oubli. Le lecteur est happé par cette ambiance en blanc dégradé.

Ponctuant son récit de références mythologiques et l’on sait combien Niko Tackian y est sensible depuis la lecture d’Avalanche Hôtel, l’auteur prend plaisir à nous balloter d’une piste à une autre, d’un suspect et un autre, au cours de cette solide histoire colorée de sang : un véritable thriller psychologique et une fin surprenante. L’isolement moral et physique dans ce décor hors normes concourent à notre isolement de lecteur approchant l’abîme et la perplexité.

Après ces 316 pages, nous aurons à nouveau fait une expérience de mort imminente, invoqué les divinités chamaniques, risqué notre vie sur les routes verglacées, tremblé avec certains et surtout découvert (ou redécouvert) les paysages du Vercors, hors du temps, où la ville n’est pas la bienvenue. L’évocation par l’image est toujours aussi présente sous la plume du scénariste.

Un excellent moment de lecture à déguster en prenant son temps, pour profiter de cette immensité que nous offre une nature, en un lieu pour le moment encore préservé.

Je remercie les éditions Calmann-Levy et l’auteur pour leur confiance

 

23 réflexions sur “Solitudes de Niko Tackian

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