Loin du réconfort, Gilles Vidal

le livre : Loin du réconfort de Gilles Vidal. Paru le 29 octobre 2020 chez Zinedi. 16€90. (160 p.) ; 21 x 14 cm.

4e de couv :

Un homme épris de vengeance se lance à la recherche de l’assassin de sa compagne.

Un road movie littéraire.

 

 

 

 

 

 

 

 

L’auteur :Gilles Vidal est né à Kankan, Guinée française , le 06 juin 1955, il est écrivain français.
Après des études au lycée Pierre de Fermat à Toulouse, il multiplie pendant cinq années les petits boulots avant de monter sur Paris, de travailler avec le chanteur Charles Dumont, d’obtenir de l’épouse de celui-ci sa première machine à écrire, et de taper ses premiers manuscrits.
Après la publication de deux de ses ouvrages, « Quelques vies de Dorian » (Galilée, 1979) et « Le Froid au yeux » (Lesfargues, 1983), Gilles Vidal reprend la librairie La Terrasse de Gutenberg, qu’il renomme La Grande fenêtre (hommage à Raymond Chandler et à son détective Philippe Marlowe). Il y vend des livres d’occasion jusqu’en 1988.
Ensuite, fondateur des éditions de L’Incertain, il publie des auteurs américains parmi lesquels figurent John Fante, Richard Brautigan et Raymond Carver. En 1996, il rejoint l’équipe bordelaise du Castor astral pour diriger « Tombeau », une collection hommage à des écrivains ou musiciens disparus. On le retrouve un temps aux commandes de « Nuit grave » au Fleuve noir et à La Bartevelle noire.
Auteur aux multiples trajectoires, Gilles Vidal est de l’aventure du « Poulpe » (« Les Deniers du colt », 1997) et publie plusieurs ouvrages à L’Atelier de presse, une maison d’édition de Sartrouville.
Il est l’auteur d’une quarantaine de livres, des romans noirs et des thrillers, mais aussi des recueils de nouvelles et des essais, sur des sujets aussi variés que les chats, le football et le vin.
Il vit en région parisienne, et travaille dans l’édition.
Extrait :
« Moi c’est Ivana, c’est quand tu veux, m’avait-elle dit en notant son numéro de téléphone sur ma main avec un Bic. Elle était juste devant moi dans la queue de la supérette et n’avait cessé de se retourner pour me lancer des regards pointus auxquels j’avais répondu. Puis elle s’en était allée avec son sac bourré d’emplettes en me gratifiant d’un dernier sourire prometteur. J’avais serré le poing comme un orpailleur méfiant sur une pépite. C’est comme ça que nous nous sommes rencontrés. Ça ressemblait exactement à ce même jour béni à marquer d’une pierre blanche où j’ai ouvert pour la première fois un livre de Richard Brautigan. Et même si ça ne sert à rien de revenir en arrière, que ça ne fait qu’amplifier le mal, les remords et tout le reste, je sais que je rabâcherai encore et encore les circonstances de cette parenthèse qui a éclairé ma vie. »

La Kronik d’Eppy Fanny

Loin du réconfort, Gilles Vidal

Ce court roman, n’est pas un polar. C’est pour moi davantage une introspection poétique dont le déclencheur est le meurtre sauvage de la compagne de Franck ; l’homme que nous allons suivre au fil de ces pages. Une errance nécessaire pour mieux retrouver le monde des vivants.

« J’ai dans les bottes

des montagnes de questions

où subsiste encore ton écho »

         Alain Bashung

Cette histoire c’est celle de Franck. Un écrivain. Un homme de mots.

Un homme dont la compagne, Ivana, qui portait leur enfant, a été sauvagement assassinée. Pour ajouter à sa douleur, immense, il a été suspecté d’avoir accompli cette horreur.

Pour ajouter à son incompréhension, abyssale, ce morceau de papier avec un nom et une adresse, que lui a remis Moreno au commissariat.

Le père d’Ivana détient-il des réponses ? Lui le Biélorusse quasi mutique. Qui est-il vraiment ? Ivana en a dit si peu sur sa famille.

Franck ne sait plus pourquoi continuer, que faire de sa vie ? Pourquoi Ivana ? Il a besoin de savoir.

Il s’égare dans ses souvenirs, son passé, celui des siens, ses lectures, les musiques qui ont rythmé sa vie et celles de ses proches.

Extrait page 12 :

« Alors que je rumine ces souvenirs comme un vieil édenté son morceau de biscotte, dehors il s’est mis à geler autant que dans le cœur de Josef Mengele. Pourtant, à bien y regarder, le soleil rougeoyant qui est en train de sombrer à l’horizon pourrait faire croire que l’été est toujours là, mais il n’en n’est rien, même si cette vision me procure de subtiles et mélancoliques émotions qui me racontent une histoire de chaleur, de sable et de mer où des corps parcourus par une brise légère se frôlent sans jamais oser se toucher. »

Puis les vagues de la douleur submergent tout et alors, comme un exutoire, il écrit, vite.

Extrait page 42 :

«  Ma main court alors, pressée, toujours inassouvie, sur le premier bout de papier venu, dos de tickets de caisse ou d’enveloppes décachetées, emballage de tout acabit. »

Des phrases interminables, comme celles qui construisent ce récit.

Et il nous entraîne, incessamment, du passé au présent. Le futur, lui, reste un point sur l’horizon. Inatteignable.

Extrait page 154 :

« Je caresse les herbes gelées de la paume de la main. Demain existe-t-il ? Accepter, franchir le mur imaginaire ? »

Puis il est si réconfortant de retourner en Pays d’enfance lorsque le présent nous déchire.

Et c’est souvent en ce Pays que l’on trouve la force de continuer et d’avancer. Notre main d’adulte effleurant celle de l’enfant que nous étions.

En conclusion : La construction de ce roman peut surprendre, voire déstabiliser. Le plus simple est de ne pas réfléchir et de se laisser porter par l’écriture de Gilles. Par la poésie incontestable de son écriture. Et si les questions n’ont pas forcément de réponses, est-ce important ? Non. L’important c’est cet univers fait d’émotions et de pensées bouillonnantes qui surgissent et jaillissent. En toute liberté.

2 réflexions sur “Loin du réconfort, Gilles Vidal

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