Ce pays qu’on assassine de Gilles Vincent

Le livre : Ce pays qu’on assassine de Gilles Vincent – Réédité chez Caïrn le 5 mars  2021 – collection Du noir au sud – 11.50 € (368 pages) ; 12 x 18 cm

 4ème de couverture :

Au coeur de Marseille, on exécute Tarek Bsarani de trois balles dans la tête. Il était le directeur de campagne d’une jeune députée du Vaucluse, espoir prometteur du Parti National de France.

À l’autre bout du pays, on découvre dans la boue les corps meurtris de deux jeunes Érythréennes. Deux migrantes égarées sur les routes dévastées de l’exode.
Forte de son expérience et d’une équipe soudée, la commissaire Aïcha Sadia tente de dénouer l’affaire marseillaise, tandis qu’au nord, dans ces territoires laminés par la crise, le capitaine Carole Vermeer, flic fragile et vacillante, butte sur la solitude et le mensonge. À mesure que l’échéance électorale approche, la tension politique vient brouiller les pistes…
Des houillères du Pas de Calais aux plaines brûlantes de Camargue, l’auteur livre un roman noir, lyrique, politique et social. Le portrait sans concession d’une terre au bord de l’abîme, un pays sombre et parfois lumineux : le nôtre.

L’auteur : Né à Issy-les-Moulineaux , en 1958. Gilles Vincent est un écrivain, auteur de romans policiers et d’un recueil de nouvelles.
Sa mère, Jeannie Thomas, était professeur de lettres. Elle est l’auteure d’un unique roman publié chez Grasset: La peine de vie . Son père, Bernard Vincent, est un universitaire de grand renom, historien et américaniste. Le grand-père maternel de Gilles Vincent, Eugène Thomas, (1903-1969), fut un homme politique français, ancien ministre et grand résistant.
Après trente-trois ans dans le Nord et onze ans à Marseille, Gilles Vincent décidé, en 2002, de poser valises et stylos à Orthez, dans le Béarn.
Commercial, il a mis un frein à son activité professionnelle afin de se consacrer à l’écriture.
En 2008, Gilles Vincent publie aux éditions Timée, un polar intitulé Djebel dont les droits audiovisuels ont été achetés par Isabelle Adjani qui envisage d’en réaliser l’adaptation cinématographique.
Depuis quinze ans, il consacre le plus dense de sa vie à l’écriture. Il est aussi animateur d’ateliers d’écriture en milieu scolaire, en prison, à l’hôpital…Les pages lues, écrites sont ses poumons, les mots, tout le sang qui l’habite… Auteur de polars connu et reconnu, il a plusieurs fois été récompensé : prix Europolar 2014 pour Djebel, prix Cezam Inter-CE 2014 pour Beso de la Muerte et prix du Mauvais Genre 2015 du Val Vert du Clain pour Trois heures avant l’aube. Dans la collection Du Noir au Sud il a déjà publié Un deux trois, sommeil ! en 2016 et Noir Vézère en 2018. En 2019 il publie Peine maximum et Si je cessais de vous écrire aux Editions Paroles. En 2020 c’est aux Editions Au diable Vauvert que sort Les poupées de Nijar.
Gilles Vincent est également l’auteur d’un recueil de nouvelles Les essuie-glaces fatigués rendent les routes incertaines, publié en janvier 2011 par la maison d’édition Eaux-Fortes.
Extraits :
« Elle sait qu’elle n’est pas la première. D’autres l’ont fait avant elle. Au bureau, sur un parking ou dans leur garage. Avec leur arme de service, le plus souvent.
Dépression, surcharge de travail, burn out, violences de la rue, de la nuit, trop de tension sur les épaules, et puis un jour, tout s’écroule. Parfois la corde, souvent une balle. »
« Sa détresse, je ne l’ai pas vue arriver. Avec ma jeunesse à la campagne, les hommes, moi, j’ai toujours pensé que ça supportait tout. Les bêtes qu’on saigne, le cri des cochons qu’on ouvre, le bêlement des agneaux qu’on pousse dans la camionnette qui les mène à l’abattoir. Et puis, à écouter leurs histoires de guerre d’Algérie, de types cramés à l’électricité, de gueules cabossées à mort, à croire toutes leurs conneries, j’ai vraiment cru que les hommes, ça n’avait pas peur de grand-chose. »

La chronique jubilatoire de Dany

Ce pays qu’on assassine de Gilles Vincent 

Au nord, dans un fief électoral détenu par un parti d’extrême droite, une capitaine de police, sensible à ses idées, se trouve confrontée à une sordide affaire de viol de deux jeunes Erythréennes, en route pour Calais. Au sud, l’enquête sur la mort du directeur de campagne d’une candidate du même parti extrémiste est confiée à une commissaire.

Les deux femmes, de vraies meneuses mais néanmoins fragiles, vont se confronter aux aléas de la hiérarchie et au machisme ambiant. Pour les aider, deux équipes masculines et éclectiques leur sont dévouées et seront malmenées au cours du déroulement des intrigues.

C’est une plongée dès les premières pages, sous les jupes de la politique xénophobe et radicale…  L’auteur nous aspire vers le contexte glauque des migrants, obligés de tout accepter, y compris la prostitution, pour trouver le peu d’argent nécessaire à la traversée du pays vers la nouvelle terre promise. Il nous fait aussi aborder le problème de la Syrie de Bachar et de sa dépendance militaire à la Russie de Poutine ainsi que la dépendance financière du parti de l’extrême droite française, en campagne, à cette même Russie. La narration chronologique est efficace et l’originalité de l’utilisation de la lecture du carnet de Carole est d’autant plus percutante qu’elle est inattendue.

Même si les personnages politiques sont adaptés pour cette fiction très documentée, le lecteur trouvera des analogies flagrantes avec le paysage politique d’Hénin-Beaumont notamment.

Une intrigue double pour un vrai polar, mais pas que … un roman psychologique, plein de pudeur sur les angoisses de ceux dont le métier est de nous protéger et qui prennent tous les risques.

C’est le premier roman que je lis de Gilles Vincent qui en compte 18 au compteur … Comment ai-je pu passer à côté jusqu’à aujourd’hui ? J’ai aimé, je vais récidiver !

Je remercie les éditions Caïrn pour leur confiance et cette belle découverte

 Autre extrait :
« Après le viaduc de Martigues, surgissent les premières barres d’immeubles de Port-de-Bouc. La voie rapide, comme une balafre, coupe la ville en deux. A droite, les blocs en grappe, les parkings, les fenêtres aux stores baissés, les cages d’escalier livrées aux odeurs de soupe. Entre les bâtiments, de vagues aires de jeux abandonnées aux vents et à la poussière, où les mômes se mouillent encore pour le ballon. Le soir, y dansent les scooters, les BM descendues de Marseille, les barrettes qu’on échange loin des réverbères.
A droite de la rocade, perchées sur des promontoires aménagés, des résidences en parpaings. Un dédale de maisonnettes crépies aux fenêtres sécurit, labyrinthe de jardins à l’herbe plus ou moins pelée, où se plaquent comme elles peuvent des piscines miniatures. Sur les murets qui se dressent, des clous, des tessons de bouteilles. Derrière les palissades, les existences barreaudées de la classe moyenne en accession. »

11 réflexions sur “Ce pays qu’on assassine de Gilles Vincent

  1. Bachar, qui était ophtalmo à Londres et qui a dû prendre la succession parce que son frère aîné était mort dans un accident de voiture… Ou comment passer de mec qui soigne les yeux à assassin de son propre peuple…

    On casse du sucre sur le dos des migrants, mais moi, je ne voudrais pas vivre ce qu’ils vivent, surtout les femmes et les enfants…

    Aimé par 1 personne

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