Le livre : Formosana, Histoire de démocratie à Taïwan (recueil collectif). Paru le 3 février 2021 aux Éditions L’Asiathèque. 19,50 € ; (288 pages) ; 14 x 18 cm. Traduit du chinois (Taïwan) Stéphane Corcuff, Gwennaël Gaffric, Coraline Jortay, Matthieu Kolatte, Damien Ligot, Lucie Modde, et Emmanuel Péchenart .
4ème de couverture :
A l’heure d’une crise mondialisée où la voix singulière de Taiwan commence à se faire entendre, le recueil de nouvelles Taiwan, Démocratie ! permet aux lecteurs francophones de comprendre les trajectoires historiques et sociales de cette île dont la situation détonne dans le concert des états-nations du monde. La littérature apparaît ainsi comme un média privilégié pour voir ce que l’expérience taïwanaise a à offrir au monde. A l’heure où la prise de parole est souvent réduite à son strict minimum (une phrase, un tweet, un post), la parole littéraire, en donnant à voir la complexité d’une société et du monde, est plus que jamais essentielle. Dans cette anthologie, dirigée par Gwennaël Gaffric, sont proposés dix textes d’auteurs différents et représentatifs de la scène littéraire taïwanaise actuelle, tous écrits après 1987 et qui abordent une multitude de facettes de l’histoire et de la société taïwanaise : son histoire politique (la colonisation japonaise, les événements du 28 février 47, la terreur blanche, le mouvement des » hors-parti « , la levée de la loi martiale, le processus de démocratisation du pays…) et son histoire sociale (mouvements aborigènes, ouvriers, féministes, LGBT, étudiants, écologistes…).
L’auteur :Neuf nouvelles pour neuf auteurs :Chen Yu-hsuan, Chou Fen-ling, Huang Chong-Kai, Lai Hsiang-yin, lay Chih-ying, Walis Nokan, Wu Ming-yi, Wube, Yang Chao.
Extrait : Les Titi de Chen Yu-hsuan
« Sous la lumière blafarde et tremblante des néons suspendus au plafond, les machines à coudre posées sur les tables piaillent sans arrêt, on dirait des bestioles ouvrant grand la bouche pour croquer un doigt, les doigts à chaque coup se replient agilement, reviennent à la charge, esquivent encore, reviennent de nouveau. Les bêtes hochent la tête comme on pile l’ail.
Dans l’usine de vêtements, on élève un grand nombre de ces bêtes avec lesquelles se bat Titi l’ouvrière.
Bien sûr la Titi n’est pas une seule personne. Seulement, chaque fois que le contremaître demande : « Qui reste demain pour faire des heures supplémentaires ? », la Titi à serre-tête lève timidement la main : « Titi OK. » Alors il semble qu’une foule de Titi travaillent dans cette usine de vêtements. Le contremaitre est trop heureux de ne pas avoir à retenir tous les prénoms ; même quand il verse les salaires, il se contente d’appeler les numéros de chacune des machines à coudre, qui sont au nombre de neuf cent trente-cinq : machine n°I, machine n°504n machine n°935, il crie les numéros les uns après les autres et ensuite les Titi entrent à la queue leu leu dans son bureau, par l’entrée de droite de l’usine, pour recevoir leur salaire du mois. L’enveloppe de papier Kraft est lourde de merveilleux espoirs. Mais à l’heure où il faut bien l’ouvrir, le montant est à pleurer de désolation. »
A reblogué ceci sur Le Bien-Etre au bout des Doigts.
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Merci
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