Le livre : Frakas de Thomas Cantaloube. Paru le 8 avril 2021chez Gallimard dans la collection Série Noire. 19€. (425 p.) ; 21 x 14 cm
Résumé :
Paris, 1962. Luc Blanchard enquête sur un groupuscule soupçonné d’être un faux nez des services secrets, impliqué dans l’assassinat à Genève, deux ans plus tôt, d’un leader de l’Union des populations du Cameroun. Une piste conduit le jeune journaliste à Yaoundé, mais il met son nez où il ne devrait pas et devient la cible du gouvernement local et de ses conseillers de l’ombre français.Avec l’aide de son ami Antoine et d’un ancien barbouze, il va tenter de s’extraire de ce bourbier pour faire éclater la vérité.Frakas nous plonge dans un événement méconnu du début de la Ve République : la guerre du Cameroun, qui a fait des dizaines de milliers de morts dans la quasi-indifférence générale et donné naissance à ce qu’on appellera plus tard la » Françafrique « .
L’auteur : Thomas Cantaloube est un journaliste et écrivain. Il est né le 28 décembre 1971.
Diplômé de Sciences-Po Paris (1992) et du Centre de formation des journalistes (1995), il commence sa carrière aux « Cahiers du cinéma ». En 1997, il s’installe à Los Angeles en tant que journaliste pigiste. Là, il collabore aux Cahiers du Cinéma, à La Tribune, à L’Événement du jeudi, à BFM, à Croissance, à RAGE et à L’Humanité, dont il devient le correspondant aux États-Unis.
En 1999, à la faveur de la nouvelle formule de l’Humanité et de son ouverture à des journalistes non-communistes, il rentre en France et devient Rédacteur en chef adjoint de l’Humanité Hebdo. En parallèle de son travail de coordination, il effectue des reportages en Afrique, en Amérique du Sud et en Australie.
En 2001, en désaccord avec la ligne éditoriale du journal, il le quitte à la faveur d’un plan social et prend une année sabbatique, durant laquelle il effectue un tour du monde en onze mois, treize pays et trois continents.
En 2003, il part s’installer à Washington D.C. en tant que correspondant free-lance pour Le Parisien, Marianne et La Vie. Pendant trois ans dans la capitale américaine (2003-2005), puis deux ans à New York (2006-2007), il couvre l’actualité politique, diplomatique, sociale et culturelle pour ces trois journaux.
En 2008, il rentre en France pour participer au lancement de Mediapart. Pendant douze ans, il couvre l’actualité internationale pour le journal, effectuant de multiples reportages à l’étranger.
En janvier 2019, il publie son premier roman, « Requiem pour une république », une plongé dans les débuts de la Ve République sur fond de guerre d’Algérie entre 1959 et 1961. L’ouvrage est salué par la presse, de nombreux blogs consacrés au polar et obtient six prix littéraires dont le Prix Landerneau du Polar 2019 et le Prix des lecteurs du Quais du polar 2020.
En mars 2020, il quitte Mediapart pour se consacrer à l’écriture de fiction, romans et scénarios.
Extraits :
« Genève, 15 octobre 1960
Félix était las.
Las de ce pays froid et pluvieux. Las des incessants allers-retours à Berne ou à Zurich pour convaincre ses interlocuteurs du bien-fondé de sa cause, afin qu’ils lui lâchent des billets, des armes, et surtout beaucoup de promesses. Las de ces camarades en exil, comme lui, qu’il fallait sans cesse motiver quand leurs yeux ne brillaient qu’à la perspective d’un poste de ministre ou de conseiller spécial aux lendemains de la victoire. Demain, dans un mois, dans cinq ans.
Las de ces journalistes blancs qu’il fallait farcir de belles histoires pour les intéresser : celle du vaillant petit rebelle africain combattant l’ogre colonial français, celle des oppositions absurdes de la guerre froide à dynamiter.
Aujourd’hui, tout s’était combiné pour lui plomber la vie. Il avait dû participer à plusieurs rendez-vous avec des émissaires du gouvernement chinois susceptibles de l’approvisionner en fusils, puis rencontrer un étudiant venu spécialement de France pour le voir à Genève, et enfin dîner avec un plumitif déjà croisé il y a plusieurs mois au Ghana, un de ces types qui flirtaient avec le frisson par procuration en prétendant dialoguer d’égal à égal avec le militant révolutionnaire qu’il
incarnait. Heureusement, le reporter avait réservé à l’une des meilleures tables de Genève. Au moins, il se remplirait la panse en ressassant son discours bien rodé. Puis il retrouverait ensuite Liliane, sa chère et tendre Liliane, qui l’avait accompagné partout durant ces deux semaines de périple au pays de la neutralité de façade et des comptes dissimulés. »« Il expliqua ce qui se passait dans son pays et dans le reste de l’Afrique : la bataille entre les deux blocs, les communistes et les impérialistes, la France qui commettait des massacres dans la brousse camerounaise, les Américains qui voulaient promouvoir leurs satrapes, tel Joseph-Désiré Mobutu au Congo… »
Intéressant
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Merci
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A reblogué ceci sur Le Bien-Etre au bout des Doigts.
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merci
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