On ne meurt qu’une fois, Craig McDonald

En vacances avec Collectif Polar

En route pour l’Amérique du Nord


Le livre : On ne meurt qu’une fois de Craig McDonald, traduit de l’américain par Étienne Menanteau. Paru le 17 mars 2011 chez Belfond dans la collection Belfond Noir. 21€.  (422 p.) ; 24 x 16 cm

4e de couv :

Avec pour toile de fond l’Amérique paranoïaque des sixties, le troisième volet des enquêtes d’Hector Lassiter, séduisant et cynique auteur de polars. Dans la veine d’un James Ellroy, un brillant roman noir qui sent l’encre et la poudre.

Même mort, Hemingway n’en finit pas de tourmenter les esprits. Et surtout celui de Lassiter, qui redoute de voir publié un inédit où Ernest en dévoile un peu trop sur leurs frasques de jeunesse.

Déterminé à récupérer le manuscrit, Lassiter se précipite chez Mary, la veuve de «Papa» Hemingway… pour se heurter à Richard Paulson. Biographe officiel, agent double pour le FBI, Paulson a deux obsessions : révéler le rôle de Mary dans le suicide de son époux et obtenir des informations très confidentielles…

Désormais dans la ligne de mire du FBI et d’Edgar Hoover, son directeur tout-puissant, Lassiter va devoir apprendre à éviter les balles et enjamber les cadavres pour sauver sa peau et ses petits secrets…

L’auteur : Éditeur et journaliste, Craig McDonald est membre de la société Mystery Writers of America. Après La Tête de Pancho Villa (Belfond, 2009 ; 10/18, 2010), sélectionné pour le prestigieux Edgar Award du meilleur premier roman, et Rhapsodie en noir (Belfond, 2010), On ne meurt qu’une fois est son troisième roman à paraître en français. Né en 1964 dans le Midwest, Craig McDonald vit à Colombus avec sa femme et leurs deux filles.

 

Extrait : 
« « L’ancien écrivain », comme il se qualifiait lui-même, aurait normalement dû être plongé dans son travail à cette heure matinale, mais il était désormais rentré dans l’Idaho, songea-t-il amèrement, et son inspiration s’était tarie.
Il remonta l’escalier d’un pas lourd, en trimballant le grand fusil fabriqué en Angleterre. Il pensa à son père, en train de grimper pareillement un escalier pour la dernière fois, bien décidé à se soustraire, par le sang, à son existence végétative. Il avait aujourd’hui la réponse à la question qu’il avait fait formuler par un de ses ouvrages il y a bien longtemps, dans une nouvelle inspirée par son père : « Est-ce que c’est dur de mourir, papa ? »
Il savait maintenant que ça pouvait être très facile, une fois que l’on renonce à ce que l’on désire et à ce que l’on est amené à faire, pour le meilleur ou pour le pire.
Il traversa le séjour et se rendit dans le vestibule, juste en dessous de la chambre de Mary. Il s’arrêta pour regarder par la fenêtre le lever du soleil sur un ciel dégagé. La lumière scintillait sur l’eau frémissante de la rivière Wood dont le lit était tapissé de roches, et dans laquelle deux cerfs étaient en train de se désaltérer.
Des moucherons voletaient dans les embruns du rapide, à la portée des truites qui s’en repaissaient. Des tamias filaient dans l’herbe mouillée de rosée, sans savoir que rôdaient les chats du vieil homme, et des balbuzards tournoyaient dans la vapeur qui montait. Quelqu’un d’autre y aurait vu une belle matinée pour aller à la chasse, à la pêche ou partir en randonnée.
Quand il se retourna, il sursauta en voyant un reflet dans la glace murale ; il crut voir par la fenêtre quelqu’un qu’il connaissait bien et détestait.
— Creedy ? Creedy, c’est toi ? murmura-t-il, l’air absent.
Il se tourna, mais il n’y avait personne à la fenêtre. Qu’est-ce que ça pouvait bien faire, si c’était vraiment lui, dehors ? Il était fatigué de vérifier si on le suivait ou pas. Si fatigué…
« Seppuku avec un fusil de chasse. » S’il était capable d’attendre dix-neuf jours, il pourrait fêter ses soixante-deux ans.
Le vieil homme fouilla d’une main tremblante la poche de son peignoir pour en sortir la première cartouche. Son pouls s’accéléra. Ne parvenant pas à se souvenir de sa propre formule, il recourut à celle de quelqu’un à qui on l’avait jadis comparé, en dépit de toute vraisemblance. Il marmonna à plusieurs reprises cette citation qu’il affectionnait :
Un homme ne peut mourir qu’une fois… Celui qui meurt cette année est débarrassé de celle qui va venir. »

 Le post-it de Ge

On ne meurt qu’une fois, Craig McDonald

Craig McDonald est américain. « On ne meurt qu’une fois » est son troisième roman traduit et publié aux éditions Belfond il y a 10 ans déjà. La troisième fois que l’on retrouve son héros, l’écrivain de polar Hector Lassiter. Ici c’est au fantôme d’Ernest Hemingway qu’il est confronté. Hemingway qui est à la fois son mentor mais aussi celui par qui tous ses ennuis arrivent.
Aussi en ce mois de juillet, où on s’apprête à commémorer le 60e anniversaire de la disparition de Hemingway, voici sans doute la façon la plus savoureuse de renouer avec le sulfureux personnage de notre auteur. Surtout qu’ici … On croise aussi le sombre personnage de tant de romans noirs nord américain, l’omnipotent Edgar J. Hoover. Car nous sommes dans l’Amérique des années 1950 à 1970, est en pleine « guerre froide », la peur d’une subversion communiste généralisée s’empare des États-Unis. Et notre tonitruant auteur a pris parti lors de la guerre d’Espagne pour les républicains, aussi est-il surveillé en permanence par le FBI,
Car la chasse aux sorcières dans les milieux intellectuels est lancée. Arthur Miller, lui-même a été victime du maccarthysme.
Et comme le dit notre auteur : Les écrivains sont des personnes qui gagnent souvent plus à être lues qu’à être connues, Et Hemingway a prouvé combien il pouvait être dangereux de le ¬fréquenter… »
Mais ce qui importe ici à notre détective en herbe, c’est que l’héritage du grand Ernest ne soit pas trahi par Mary, sa veuve. le 2 juillet 1961, Ernest Hemingway meurt d’un coup de fusil à la tête… 4 ans plus tard, deux hommes sont venus en Idaho pour affronter la veuve Hemingway, des hommes qui ont des doutes sur les circonstances de la mort d’Hemingway. L’un est le romancier policier Hector Lassiter, le plus ancien et le meilleur des amis de Hem… le dernier homme debout de la génération perdue. Hector a entendu des rumeurs sur certains manuscrits d’Hemingway survivants. Des manuscrits tronqués ou alors augmentés et qui pourraient compromettre et son honneur et celui de son maître.
Le deuxième homme est le professeur Richard Paulson, qui, avec sa femme enceinte Hannah, elle-même écrivain en herbe, est déterminé à prouver que Mary Hemingway a assassiné « Papa ». Alors qu’Hector creuse le mystère des écrits perdus d’Hemingway, il découvre une conspiration audacieuse de plusieurs décennies liée aux mouvements artistiques émergents du Paris des années 1920, la tactique d’espionnage la plus trompeuse de la guerre froide, et le FBI de J. Edgar Hoover.
Et avec ce troisième opus des aventures d’Hector Lanister sur laquelle plane le fantôme d’Hemingway. Craig McDonald nous offre là
un livre époustouflant et rusé, au-delà du genre, avec une portée et une vision de l’histoire américaine à la James Ellroy. Voilà donc une fiction policière féroce, éclairée, originale et forcément intelligente.
Alors vous attendez quoi pour le découvrir.

 

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