Et si, pour une fois, on leur donnait la parole ? Saison 2 Episode 21

Et si, pour une fois, on leur donnait la parole ?

Saison 2 Episode 21

« Des interviews. Mais pas les habituelles rengaines égocentrées des auteurs. Parce que, finalement, dans un roman, qui va au charbon ? Le personnage ! »

Et si on leur donnait la parole ? S02E21

par Nick Gardel

Bonjour, merci d’avoir répondu à l’invitation lancé par Hervé Commère. Il m’en a peu dit sur vous. Je vous laisse vous présenter ?

D’ordinaire, je ne me présente pas, parce que je me fous de savoir si les gens se posent ou non des questions sur moi. Le dernier à m’avoir interrogé, c’est Mat, quand il m’a embauché. Je travaille dans son dépôt-vente à Montreuil, j’aime bien. Je suis un gitan pas bien épais mais je n’ai pas peur de grand chose. Je m’appelle Gary.

« Pas bien épais » c’est un léger pour vous connaître… Peut-être pouvez-vous me parler de votre caractère ?

Il paraît que je vendrais n’importe quoi à n’importe qui. J’imagine que ça signifie que je suis malin, que je sais écouter, et que je sais m’effacer quand il le faut pour laisser l’autre se dévoiler davantage. Ce qui est sûr, c’est que je suis têtu, et que j’ai deux ou trois certitudes. Tu me crois, c’est bien, tu ne me crois pas, tant pis pour toi.

Hervé Commère se targue d’être votre créateur. Vous êtes restés longtemps dans sa tête ?

Mon créateur, il a un truc avec les gitans. Il y en avait déjà un dans son deuxième roman, dans son cinquième aussi, et dans deux de ses nouvelles également. Je sais d’où ça lui vient : ça remonte à une quinzaine d’années, il tenait un bar dans la Manche. Tous les ans, en novembre, des centaines de caravanes affluaient, des familles s’installaient là pour environ un mois, en même temps que des forains. Et mon créateur, comme tu dis, je peux te dire qu’il y a certains soirs où il n’en menait pas large, tout seul derrière son comptoir avec vingt bonhommes en face. Il pourra te le dire : il n’a jamais eu de problème avec nous. Il a eu plein de fois l’impression que tout allait s’embraser, et finalement ça s’est toujours bien passé. Je crois qu’on le fascine depuis ce temps-là.

 

« Moi je suis libre, je vais où je veux. Quand ça n’est pas le cas, c’est que j’ai choisi celui ou celle qui mènerait la danse. »

 

Ça vous donne quels types de relations avec lui ? Parce que la fascination c’est à double tranchant.

On n’est pas amis, on est deux solitaires. Mais on sait qu’on est là l’un pour l’autre. Je sais bien que je compte pour lui, puisqu’il a déjà parlé de moi dans deux nouvelles avant – même si je n’étais pas vraiment le même mais un petit gitan qui s’appelle Gary, ça me ressemble quand même beaucoup. Mais moi, je te l’ai déjà dit, je suis libre, et je n’ai pas d’attaches. Lui, un peu plus : il a une femme, un enfant. Mais il reste indépendant quand même. Je sais qu’il a plusieurs personnages en tête, dont il a parlé dans des précédents romans, et dont il n’a jamais reparlé depuis. Mais ils sont encore là, dans un coin de sa tête, ils vivent encore. Je fais partie de ceux-là. Je vis sous son crâne. Peut-être qu’il me ressortira un jour pour de nouvelles aventures.

Donc c’est lui qui dirige ?

Moi je suis libre, je vais où je veux. Quand ça n’est pas le cas, c’est que j’ai choisi celui ou celle qui mènerait la danse. C’est ce qui s’est produit avec lui. C’est lui qui conduit. Mais c’est parce que je veux bien. On s’est bien trouvés. La preuve, il s’est déguisé en moi lors d’une murder-party à Lille, et une autre à Lyon. Il doit y avoir une ou deux photos qui trainent sur Internet.

Et votre vie personnelle ? Qu’est-ce que vous faites en dehors des moments où il conduit ?

Ça, ça te regarde pas. Ça regardera éventuellement les flics si ils viennent me voir un jour.

Je reviens à votre relation. Vous me dites qu’il dirige même si vous ne faites rien que vous ayez décidé, en tout liberté. Ça doit se verbaliser régulièrement cette ambivalence. Vous discutez tous les deux ?

Oui. On parle assez souvent, même. Par exemple, moi j’ai un principe simple à propos du mobile d’un crime. Je dis qu’il n’y a que deux motifs possibles, deux raisons : l’amour ou l’argent. C’est moi qui lui ai appris ça. Il est d’accord. Depuis, il pense à toutes ses intrigues en prenant ça en compte. Lui, de son côté, il m’a appris un truc aussi, que je n’ai toujours pas mis en pratique mais ça viendra peut-être : on a le droit de voir grand. On a le droit d’aller voir plus loin. Des fois, je me dis que si il me fait ressortir dans une prochaine histoire, il me mettra peut-être en scène dans un univers qui n’est pas le mien. Ça me fait pas peur.

 

C’est le moment de conclure. Vous avez la main…

Je t’ai dit au tout départ que je ne me présentais jamais, et je crois que je ne conclue jamais non plus. Mais quand même, un petit truc : moi, ce que je veux, c’est être tranquille et libre. Quoi qu’on me reproche, je répondrai que ça n’est pas moi qui ai commencé.

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