L’assassin de la rue Voltaire de Henri Loevenbruck

L’assassin de la rue Voltaire de Henri Loevenbruck – Paru le 21 octobre 2021 chez XO éditions –  21.90 € ( 470 pages) ; 15 x 24 cm

4ème de couverture :

Août 1789. La Révolution continue d’embraser le pays. Alors qu’à Versailles, les députés rédigent la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, le jeune journaliste Gabriel Joly, endeuillé, peine à retrouver le goût de vivre. Mais une étrange affaire de meurtres va peu à peu le tirer de sa torpeur…
Dans le cercle très secret de la Comédie-Française, une série d’assassinats ébranle la troupe. Les uns après les autres, des comédiens et des employés sont tués en plein théâtre. Alors que Danton lui-même est soupçonné, Gabriel, aidé du pirate Récif, son fidèle ami, mène une véritable enquête policière dans les coulisses de la célèbre institution.
Vrais et faux témoignages, poursuites… Dans un huis clos infernal, réussira-t-il, cette fois, à démasquer l’auteur de ces crimes odieux ?
Après le succès du Loup des Cordeliers et du Mystère de la Main rouge, une nouvelle enquête haletante de Gabriel Joly en pleine Révolution.

 

L’auteur Henri Lœvenbruck est né en 1972 à Paris, écrivain, parolier et scénariste. Auteur de thrillers et de romans d’aventures, il est traduit dans plus de quinze langues.
Après le bac, hésitant entre la musique et la littérature, il tente d’allier ses deux passions : la semaine, il étudie en khâgne au lycée Chaptal et le week-end il se défoule en concert ou en studio avec de nombreux musiciens. Après avoir étudié la littérature américaine et anglaise à la Sorbonne, l’heure du service national venue, il fait une objection de conscience et passe 17 mois comme maquettiste aux Éditions Francophones d’Amnesty International, il épouse d’ailleurs une Anglaise, puis il part vivre en Angleterre, près de Canterbury, où il enseigne le français dans un collège.
De retour en France, il exerce divers métiers, de barman à web-designer en passant par professeur d’anglais, avant de se diriger vers le journalisme littéraire. Après quelques pas dans le journalisme et la musique (il chantait et jouait de l’orgue Hammond dans divers groupes de rock parisiens), au milieu des années 90, il fonde Science-Fiction Magazine avec Alain Névant, un ami d’enfance.
Après être resté rédacteur-en-chef de ce titre de 1996 à 2000, il publie son premier roman en 1998 aux éditions Baleine, sous le pseudonyme de Philippe Machine. Il décide ensuite de se consacrer pleinement à l’écriture.
Il publie alors deux trilogies de Fantasy, La Moïra (2001-2002) et Gallica (2004), lesquelles rencontrent un succès inédit pour un auteur français (La Moïra dépasse en France les 300 000 exemplaires, toutes éditions confondues, et les droits sont vendus dans 11 pays).
Suivront de nombreux thrillers aux éditions Flammarion (Le Syndrome Copernic, 2007, Le Rasoir d’Ockham, 2008…) qui lui vaudront d’être qualifié par le Nouvel Observateur de « nouveau maître du thriller français ».
Auteur-compositeur-interprète, il écrit des chansons pour lui-même et pour d’autres artistes français. De 2013 à 2015, il rejoint le groupe de rock Freelers.
Membre fondateur du collectif d’artistes La Ligue de l’Imaginaire, en juillet 2011, il est nommé Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres.
En 2015, son roman Nous rêvions juste de Liberté, salué par la critique, est en cours d’adaptation pour le cinéma. En 2018 il publie J’irai tuer pour vous, inspiré de la vie d’un personnage bien réel.

Extraits :
« D’un air las, le commissaire Guyot posa sur son bureau le texte de Jean-Sylvain Bailly, maire de Paris, dont l’inspecteur Minier venait de lui porter une copie. La nouvelle organisation de la municipalité, si elle avait préservé la plupart des charges de commissaire, s’était accompagnée d’une épuration foudroyante au sein du corps des inspecteurs, objet de toutes les détestations du peuple de Paris. Ainsi, ledit Minier faisait partie des nouveaux officiers qu’on avait nommés à la hâte pour assister les commissaires, et dont la mission première était de reconquérir les faveurs du public. Comme beaucoup de ces fraîches recrues, ce petit quadragénaire au corps sec, à l’esprit fin et au regard perçant était un ancien militaire, qui avait été chef de brigade à la maréchaussée de la généralité de Toulouse. Il avait gardé de sa région natale un délicieux accent et quelques savoureuses expressions occitanes. »
« Cette foule d’enfants des rues faisait désormais partie du décor quotidien de Paris. L’air mutin, les yeux ardents, ils parcouraient le pavé en haillons, du matin jusqu’au soir, la figure barbouillée de suie. La nuit, ils prenaient refuge sur les bateaux de la Seine, sous les arches des ponts ou les piliers des halles, dans les caves ou les carrières, et souvent dans des quartiers comme celui-ci, où régnait la pire truanderie. Les plus chanceux trouvaient un emploi, comme porteurs d’eau ou de bois ou comme décrotteurs, et alors ils travaillaient chaque jour de l’année jusqu’à l’épuisement. Les autres devaient se contenter de mendier, et le manque les poussait inévitablement à chaparder. Pour de menus larcins, on expulsait ces enfants, qui n’avaient dans leurs besaces que des croûtons de pain, vers les colonies, comme d’authentiques criminels. Quant aux plus jeunes d’entre eux, ils servaient aux mendiants adultes, qui les exhibaient en guenilles pour s’attirer la compassion des passants, exposant ces pauvres créatures à la rigueur des nuits froides, à l’air malsain des bas-fonds et au jeûne. »

La chronique jubilatoire de Dany

L’assassin de la rue Voltaire de Henri Loevenbruck

Immersion au Théâtre Français, des sous-sols aux cintres, rien ne vous échappera de la belle mécanique de ce patrimoine national, immatériel autant que physique. Toutefois, le siège de la Comédie Française est situé dans l’actuel théâtre de l’Odéon pendant l’action qui se passe peu de temps après la prise de la Bastille.

Même s’il est préférable d’avoir lu les deux premiers tomes de cette suite, l’auteur a habilement résumé des points incontournables, nécessaires à la compréhension de cette intrigue. Les références et personnages historiques y sont moins présents que dans les deux épisodes précédents car il s’agit cette fois d’un huis clos à la façon d’Agata Christie où les personnages vont disparaître de façon mystérieuse et sanglante, au fil des pages.

Gabriel Joly pleure son amour dans les caves des Cordeliers quand il est appelé à jouer au consultant auprès du commissaire Guyot pour la résolution d’un crime au Théâtre Français. Le journaliste va donc s’immerger dans une faune dont il ne connaît ni les usages, ni les codes et le vocabulaire : belle occasion pour nous les décrypter. Des personnages historiques côtoient les personnages de fiction. Ainsi l’acteur Talma rencontrera l’inspecteur Minier, Catalan à l’accent prononcé et croisera monsieur Saussey le régisseur. Quant à Gabriel, il n’aura de cesse de gagner du temps sur le tueur pour éviter que la série de crimes ne s’allonge.

Parallèlement, dans le contexte de misère et pour honorer la devise républicaine, Joly va tenter de faire œuvre humanitaire en initiant un orphelinat pour les enfants des rues. Il aura recours à ses complices, Témoigne de Méricourt et le fameux pirate Récif.

Noir pour le volet enquête mais néanmoins plein d’espoir pour un avenir plus souriant… ou pas, ce récit est fort en enseignements historiques. Un roman d’ambiance qui nous transporte avant la police scientifique, les mobiles et réseaux sociaux. Un vrai bonheur de dépaysement à quelques pas de chez nous, sous la plume toujours aussi documentée et affûtée de Henri Loevenbruck !

Lu en version numérique 13.99 €

Je remercie les éditions XO et NetGalley pour leur confiance

#LAssassindelarueVoltaire #NetGalleyFrance

 

Autres extraits
« — Je suis sérieuse, Louis ! On se dispute ici sur chaque article, on débat, on se passionne, et je dois dire que c’est souvent fort touchant, mais il est, étrangement, une chose qui fait l’unanimité : l’absence des femmes dans ce projet politique ! De tous les privilèges, le seul qu’on n’a pas aboli, c’est celui de la masculinité !
— Je ne suis pas sûr que le fait d’être un homme soit un véritable privilège…
— De grâce ! Voyez donc : il ne se trouve pas un seul homme, parmi tous ceux aux côtés desquels nous avons combattu, pour faire remarquer à cette assemblée qu’en refusant aux femmes le moindre droit civique elle oublie la moitié de la nation ! Vous rendez-vous compte ? Le sujet n’est pas débattu ! Pas même abordé ! Alors que nous avons été des milliers à supplier qu’on nous entende dans les cahiers de doléances des états généraux !
— Qu’avez-vous demandé ?
— Bien peu de chose, en vérité ! Nous n’avions guère d’illusions quant au droit de voter, mais quid du droit à l’instruction primaire que nous avons réclamé ? Du droit à l’héritage, aux mêmes emplois, du droit à la santé, au divorce ? Et quid de la réforme du mariage ? »
« Qu’est-ce donc qu’une vésanie ?
— Un désordre mental non organique, maître, répondit le journaliste en se tapotant la tempe du bout de l’index. Et il existe des vésanies sans accès de délire, qui peuvent donc passer inaperçues, mais qui cachent malgré tout un profond égarement de l’esprit. Dans certaines formes de cette malheureuse pathologie, une apparence trompeuse de calme dissimule parfois les plus violentes pulsions. Qu’on l’interroge, et le malade ne laissera échapper dans ses réponses aucun écart, aucun propos incohérent.
Gabriel s’éloigna de la table et vint se placer devant un portrait de Marivaux, peint par Louis-Michel Van Loo. Le jeune homme sourit en songeant au surnom que l’on avait donné à l’auteur des Fausses Confidences. Nul n’avait mieux décrit, dans ses pièces, les vices de la manipulation. Ainsi, tout en observant le visage malicieux du maître du mensonge, il continua son exposé :
– L’homme que nous cherchons ne présente sans doute aucune altération visible de son entendement, de sa perception, de son imagination ou de sa mémoire. En revanche, il souffre d’une perversion de ses fonctions affectives, qui le rendent insensible à la douleur d’autrui, froid devant la mort, et le conduisent aveuglément à ces actes sanguinaires, lesquels lui paraissent légitimes, même s’il sait qu’ils relèvent du crime. »

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