White coffee de Sophie Loubière

  Le livre : White coffee de Sophie Loubière. Paru le 13 octobre 2016 chez Fleuve éditions dans la collection Fleuve noir.   21€50 ; (619 p.) ; 23 x 14 cm

4e de couv : 

Sur la Route 66, Lola Lombard a risqué sa vie et celle de ses enfants pour retrouver Pierre, son mari disparu. Sa confrontation avec David Owens, un tueur en série ayant fait de la route mythique une immense scène de crime, l’a fragilisée. Elle rentre en France, sans Pierre, ignorant s’il fait partie des victimes du serial killer. Mais Gaston, leur fils, est persuadé que son père est vivant. Son retour pourrait bien remettre en cause la relation nouée entre Lola et le criminologue Desmond G. Blur, dont elle a bouleversé le destin en levant le mystère sur un drame familial passé.

Chacun se languit désormais d’un côté de l’Atlantique, elle à Nancy, lui à Chautauqua Institution où manifestations étranges, disparitions d’objets et morts suspectes se multiplient. Au fil des jours, l’été bascule vers l’automne, confirmant les menaces qui pèsent sur la population d’une ville coquette, mais aussi sur Lola et son fils. Car les restes d’un corps sont bientôt retrouvés dans le désert de Mojave. Quelqu’un, habité d’un appétit de revanche, est décidé à reprendre possession de ce qui lui appartient. Le plus dangereux prédateur n’est pas forcément celui qu’on croit.

Dans la lignée de Black Coffee, brûlant de l’aura de lieux imprégnés par l’intimité fragile des êtres, White Coffee promet quelques nuits blanches.

L’auteur : Sophie Loubière est née en 1966 à Nancy. Romancière, journaliste, auteur de feuilletons radiophoniques, elle est aussi spécialiste de la musique de film et a été chroniqueuse pour France Inter, productrice à France-Inter et France-Culture et critique musicale au magazine Rolling Stone.

 

Extrait : 
Quatrième jour de cellule.
Dormir sous une lumière artificielle aveuglante, une couverture jetée à même le sol au milieu d’autres détenus.
Quatre jours, rincé de fatigue, bousculé, furieux.
Quatre jours sans possibilité de se laver, de marcher ou de passer un coup de fil, à faire ses besoins comme un singe dans sa cage, à partager ses odeurs intimes avec toute la cellule, ce dortoir peuplé de pauvres types, maigres ou gras de leur misère, coupables ou non.
Quatre jours de prison, ce lieu oublié du bon Dieu où tout acte est brisé.
Pierre était parti trop vite à la conquête de sa liberté. À l’annonce de la mort d’Owens, des ailes lui avaient poussé dans le dos. Il s’était jeté tout seul dans les bras d’un flic. Plus crétin, tu meurs. Trop tard pour rebrousser chemin.
Tu croyais quoi, Cendrillon ? Qu’on allait te faire grimper dans une limousine ? Tu te prends pour Dean Martin ?
Toutes les deux heures, un officier le réveillait, criant son nom avec l’ordre de se lever et de plier sa couverture.

La chronique d’Isabelle

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White coffee

De Sophie Loubière

Une amie m’a fait récemment un cadeau magnifique. J’étais de passage à Bordeaux. Elle m’a entraînée à la librairie Mollat et m’a dit : choisis un livre, je te l’offre. J’en ai pris 1 puis 3 puis 20… et j’ai dû en reposer 19. C’était le jeu. Et j’ai gardé Black Coffee, de Sophie Loubière.

Pourquoi celui-là ? Je n’ai pas la nostalgie de la route 66 et les romans road-trip me lassent assez vite. Mais cela m’intriguait de voir une romancière française se frotter à un grand mythe américain. Je n’ai pas regretté mon choix. Black Coffee explore une Amérique qui ne figure pas sur les cartes. Poussiéreuse, faussement alanguie comme un crotale au soleil, imprévisible et dangereuse, elle brise des vies, avale des destins et les recrache dans la lumière bleutée des gyrophares du shérif. Mais un voyage ne s’arrête pas aux paysages. Il s’incarne dans les personnages. Ceux que l’auteur a patiemment ciselés, une famille française et un criminologue américain, sont réels jusque dans leur moindre réplique. On ne les suit pas, on les accompagne, en toute intimité.

C’est bien beau tout ça mais elle ne devait pas parler de White Coffee, cette chronique?

Justement, une fois le roman achevé, les valises rangées au-dessus de la penderie, un vide s’installe, la nostalgie vous étreint. Il n’y a plus qu’à soigner le mal par le mal en reprenant un shoot de caféine avec une touche de crème. White Coffee, donc. La famille française a repris tant bien que mal le cours de sa vie à Nancy. Le criminologue est confronté à des mystères en pagaille à Chautauqua Institution, dans l’Etat de New York ; et la route 66 continue de rendre ses morts.

Ces trois histoires qui s’entrecroisent ont chacune leur propre musique. Au début, on peine un peu à sauter de l’une à l’autre, à gérer ces sorties de route! Mais au fil des pages la tension monte et on se laisse entraîner le long de ces trajectoires, fausses parallèles qui finissent par converger. Ou pas. Mais ça, c’est une autre histoire…

Avertissement aux lecteurs

Le texte suivant reprend l’intrigue de Black Coffee et en dévoile certains aspects.

1966, Narcissa, Oklahoma. Un dimanche d’été, un inconnu pris de folie meurtrière pénètre dans une maison isolée. Desmond G. Blur, huit ans, assiste impuissant à la mort de sa petite sœur. Sa tante est égorgée. Sa mère laissée pour morte. Lui-même est gravement blessé d’un coup de couteau sous le cœur. Il ne doit la vie qu’à son chien, lequel met en fuite l’agresseur. De ce cauchemar, Desmond porte le fardeau et n’aura de cesse de chercher celui qui a dévasté sa famille, épluchant les faits divers, nouant des rapports privilégiés avec la police. Un autre homme, absent ce jour-là, Benjamin Blur, son père, le hante par son silence et la distance qu’il met entre eux depuis le drame. Au fil des années, Desmond parvient cependant à se reconstruire, puisant dans la vocation de journaliste un peu de cet entêtement d’enfant, explorant les coulisses du crime. Chroniqueur au Chicago Sun-Times, il reçoit le prix Pulitzer pour sa contribution au témoignage de l’évolution de la violence dans les banlieues de Chicago. La mort d’un ami et collègue photographe le décide à quitter la profession, engendre une remise en question. Desmond enseigne un temps la sociologie du crime, publie ses premiers ouvrages. La mort de son père en 2010 opère une nouvelle cassure : il quitte définitivement Chicago et se retire en Arizona, dans la maison que ce dernier lui a léguée, un chalet paisible et chargé de secrets.

En juillet 2011, sa rencontre avec Lola Lombard, une Française à la recherche de son mari volatilisé sur la Route 66, est déterminante. Ensemble, ils remontent le passé jusqu’à l’homme à l’origine du massacre de sa famille et révèlent l’existence d’un tueur en série ayant sévi sur la Mother Road depuis une cinquantaine d’années, lequel n’est autre que David Owens, le demi-frère de Benjamin Blur. Un oncle que Lola aura, sans le vouloir, tiré de sa tanière et livré à son neveu. Irrémédiablement, les hasards du destin semblent relier Desmond à cette femme.

28 réflexions sur “White coffee de Sophie Loubière

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