Manhattan chaos de Michaël Mention

Le livre : Manhattan chaos de Michaël Mention. Paru le 7 mars 2019 chez 10/18 dans la collection Grands détectives. 7€10 ;  (210 p.) ; 18 x 11 cm.

4e de couv :

Manhattan Chaos

New York, 13 juillet 1977.

L’été de tous les extrêmes : alors que la ville est en faillite, une canicule sans précédent sévit et le tueur Fils de Sam rôde dans les rues. Tandis que le soleil se couche sur Manhattan, une coupure de courant survient. Huit millions d’habitants sont plongés dans l’obscurité : c’est le black-out et la panique s’empare de la ville.

Cloîtré chez lui, rongé par la drogue, le célèbre musicien Miles Davis a mis un terme à sa carrière et s’enlise dans la dépression. En manque d’héroïne, il se résout à sortir en quête d’un dealer lorsque des émeutes se déclenchent. Débute une nuit de terreur, où il va se heurter aux pillards et aux fantômes de Manhattan. Traqué d’un siècle à l’autre, la star déchue fera tout pour survivre, alors qu’un mal mystérieux le ronge de l’intérieur.

 

L’auteur : Michaël Mention est né en 1979. Enfant, il se passionne pour le dessin. Adolescent, il réalise plusieurs bandes dessinées. Étudiant, il intègre un atelier d’écriture et rédige de nombreuses chroniques satiriques, avant d’écrire son premier roman. Passionné de rock, de cinéma et d’histoire, sa trilogie policière consacrée à l’Angleterre a été récompensée par le Grand Prix du roman noir au festival international de Beaune en 2013 et le Prix Transfuge meilleur espoir polar en 2015. Power son dixième roman est pour moi le livre de 2018, il a reçu 3 fabuleux prix seulement j’ai envie de dire et c’est bien dommage. Manhattan chaos est donc le 11e roman de ce jeune auteur surdoué.
Extrait :
Tremblant, j’extirpe l’aiguille de ma veine. L’élastique claque, fouette mon mollet engourdi. L’héroïne se diffuse, je la sens monter, brûler mes muscles, mes os, mon cerveau enfiévré.
Ma vision se trouble, altère l’aube en champignon atomique. Ses rayons traversent mes fenêtres pour découper l’atmosphère grisâtre, colorant les mouches et les déchets un peu partout. Ici, dans mon appart’ immense et ultrachic de l’Upper West Side de Manhattan. Deux ans que j’y vis cloîtré. Deux ans que je macère dans le ras-le-bol.
Usé.
Tellement.
Trop de concerts, trop d’excès, trop de trop.
Des années que je tirais sur la corde et, forcément, je ne pouvais que craquer. Après tout, c’est arrivé aux plus grands, d’Alexandre à Attila. L’homme ne bâtit jamais que sa propre fin, je le sais à présent.
C’est à cause du son. Toute ma vie, je l’ai traqué. J’étais fou comme Dalí, précis comme Robinson, et me voici amorphe comme une merde. Une sale merde dépressive, rongée par le mal : ulcère, pneumonie, diabète, tendinite, fractures, prothèse de hanche… on m’a soigné, bricolé un milliard de fois, mais ma chair n’a pas oublié. Et si je pèse cinquante kilos, c’est que j’ai des chaînes en or.

 

Le post-it de Ge

Manhattan chaos – Michaël Mention

Dans son nouveau roman Michaël Mention nous embarque à New York à la fin des années 70. Il nous fait vivre une nuit de folie. Celle du 13 juillet 1977, quand NYC se retrouve dans l’obscurité totale, une panne d’électricité paralyse la ville aux millions de lumière. Enfin paralyse n’est pas le mot puisque ce noir totale va mener la population à la panique, des scènes de violence inouïes vont se dérouler, le pillage va devenir la loi. Bref le chaos envahit la ville.

Et pour nous faire vivre ce chaos, Michael nous offre un guide de choix en la personne de Miles Davis le grand jazzman. Ok ici c’est pas le Davis de année cinquante et soixante, c’est pas non plus celui du début des année soixante- dix qui tente de renouveler son art au grand dam des puriste. Non c’est un Davis fatigué, déçu par les critiques, un musicien qui n’a plus d’énergie, à la dérive, fatigué par 30 ans de carrière où il a tout donnée à son art, à sa musique. Un musicien usé aussi par les excès. Car la drogue et le sexe n’est pas seulement l’apanache du rock’n roll.

Alors Davis se replis, il s’enferme chez lui dans son grand appartement qui deviendra sa prison dorée. Mais voilà le soir du 13 juillet 77, il est en manque, plus d’héroïne à s’injecter dans les veines pour supporter le morne quotidien. Aussi va-t-il être obligé de sortir, dans la nuit noir. La nuit brutale, la nuit de tous les dangers.

Et à travers la folle déambulation de Miles Davis c’est tout New York qui va s’ouvrir devant nous, tout le chaos de Manhattan qui va se dévoiler. Car New York est bel et bien le personnage principal de ce surprenant et épatant roman.

New York, Michaël Mention nous en parlait déjà dans son true crime, Le fils de Sam paru il y a 5 ans déjà qui raconte la triste histoire de David Berkowitz, surnommé le Fils de Sam, un serial killer qui entendait des voix diaboliques et qui sema une véritable psychose durant l’été 77 à NYC .

Avec cette histoire il nous contait déjà la déchéance du  New York des Seventies.

Là il va encore plus loin, car dans son délire, Davis, lui aussi entend des voix ou plutôt il est confronté à un Faust imaginaire ou pas. Un homme qui voyage dans le temps, un type qui lui prédit l’avenir en lui montrant le passé..Aussi va t-on revivre des moments clé de l’histoire de Manhattan. L’incendie de la Triangle Factory en 1911, les émeutes de 1863… On plonge aussi dans le KKK des année 20 avec ses 5 millions de membre. Le Ku Klux Klan devient une force politique influente et puis le krack bourcier de 29…

Ici Michaël Mention confronte le présent au passé, il nous montre que tout est relié, que les événements passés forgent les mentalités d’aujourd’hui.

Et puis il y a l’écriture scandée de Michaël, syncopée, cadencé. Un rythme qui s’accélère, un tempo qui souffle sur ces lignes, sur la ville et qui emballe le cœur fragile de Miles Davis.

En un peu plus de 200 pages Michaël Mention nous fait vivre à 100 à l’heure. 200 pages pour un énorme bouquin. Un livre comme vous n’en aurez jamais lu. Une expérience unique. Une improvisation extraordinaire, un jam hors du commun. Encore un sacré tour de force de notre auteur.

Et pour faire écho à ce nouveau coup de coeur, je vous invite aussi à allez lire Power son précédent roman. Un roman vérité sur le combat des afro-américains chaque jour livrés à eux-mêmes, discriminés, harcelés. Après l’assassinat de Malcolm X, la communauté noire se déchire entre la haine et la non-violence prônée par Martin Luther King, quand surgit le Black Panther Party : l’organisation défie l’Amérique raciste, armant ses milliers de militants et subvenant aux besoins des ghettos. Alors qu’enlisés au Vietnam, les États-Unis traversent une crise sans précédent : manifestations, émeutes, explosion des violences policières.

Allez go, go go, en lit, en relit et en découvre Michaël Mention, et fissa !

Pour moi Mention est l’un des meilleurs auteurs français de romans noirs ! parole de Porte Flingue.

28 réflexions sur “Manhattan chaos de Michaël Mention

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