Et si, pour une fois, on leur donnait la parole ? Saison 2 Episode 5

Et si, pour une fois, on leur donnait la parole ?

Saison 2 Episode 5

Et si on leur donnait la parole ? S02E05

par Nick Gardel

 

Bonjour, je suis enchanté de pouvoir enfin vous rencontrer. La première question est toujours consacrée à la présentation. Je vous laisse faire.

Mon nom est Daniel Singleton, cher ami. Mais je vais vous demander d’être discret, de ne pas dévoiler vos sources pour cette interview. Je suis un homme recherché depuis de longues années, et je n’ai pas envie de finir dans le couloir de la mort. On pourrait dire de moi que je suis un vieil homme, mais je préfère le terme « d’homme mûr ». Je suis chasseur, un grand chasseur. La chasse est un art dans lequel se trouve l’origine de l’Homme, ses racines, la genèse de son existence. Toutes les proies sont intéressantes, la plupart d’entre elles renferment cette étincelle dans le regard, celle de la terreur, celle qui précède le moment où elles savent qu’elles vont mourir. Mais je suis aussi quelqu’un qui aime le dialogue, sonder les profondeurs de l’âme… on me compare parfois au docteur Hannibal Lecter, mais je n’ai rien à voir avec ce personnage de fiction, moi je suis réel, et je ne mange pas de chair humaine. Je chasse simplement… et je déteste les enfants. L’enfance est une plaie, l’enfance c’est une blessure qui se referme et qui s’infecte à mesure que l’on devient adulte…

Et cette… occupation nécessite des dispositions particulières ?

Je suis quelqu’un de perspicace, de rusé et de patient. Encore une fois, les mauvaises langues diront de moi que je suis manipulateur, mais c’est faux ! Il est vrai que j’ai souvent contraint certaines personnes à faire des choix plutôt singuliers, mais je leur laissais toujours le choix… Lorsque j’aime quelqu’un je peux rapidement devenir envahissant, étouffer cette personne, je peux même aller jusqu’à tuer, par amour, et me mettre en danger. Pour finir, je suis impitoyable et sans concessions, et dès lors que j’ai pris la décision de régler un problème, je ne reviens jamais en arrière…

Comment en êtes-vous arrivés là ? Cela a-t-il pris longtemps à Michelli pour vous cerner ?

Pas très longtemps, en fait, il a découvert mes exploits sur Internet. Il n’avait jamais entendu parler de mes flamboyantes parties de chasse dans l’immense forêt de Tongass, en Alaska. A cette époque, je portais encore le nom de Robert Christian Hansen, et puis ensuite j’ai pris un pseudo, tout cela devenait beaucoup trop dangereux pour moi. Mais tout cela, c’est la pure vérité, vous n’avez qu’à taper ce nom dans Google. On m’a même consacré un film, et c’est John Cusack qui interprétait mon personnage (https://www.youtube.com/watch?v=igt7qCKJf2Y) Mon créateur m’a ensuite un peu transformé, en mélangeant un peu de Hansen, un peu de Hannibal Lecter pour l’art de la manipulation, et un peu de Ted Bundy pour le côté séducteur et beau parleur. C’est là que les choses ont commencé à se gâter pour Louise Beaulieu et sa petite copine, Carrie Callan, des petites fliquettes de Montréal et Juneau, en Alaska…

Si vous provenez de plusieurs sources, on doit s’attendre à ce que Mitchelli garde totalement la main. Vous suivez donc ce qu’il raconte ?

Ah Ah Ah ! Je meurs de rire… Je dicte, et il raconte, il n’a pas d’autre choix! Je suis dans sa tête, et je peux faire de sa vie un cauchemar s’il ne fait pas ce que je lui dicte, je peux faire de son quotidien un enfer… Bon, il est vrai que cette emmerdeuse de Louise Beaulieu lui dicte aussi la marche à suivre, donc cela peut-être parfois compliqué pour moi…

Compliqué ? J’imagine ! Quels sont vos rapports au final. Avec celui qui tient la plume, je veux dire.

Depuis « Une forêt Obscure », on avait passé un deal. Je lui promettais un final époustouflant dans « Le tueur au Miroir », à condition qu’il me permettre d’évoluer à ma guise, de faire un peu comme je voulais. Je me suis même payé le luxe de rejouer la scène de la rencontre entre Clarice Starling et Hannibal Lecter, dans « Le silence des Agneaux »… On s’est donc retrouvés, Louise Beaulieu et moi, au pénitencier de Lemon Creek, là où je croupissais depuis des années, à discuter comme deux larrons en foire, séparés par une simple paroi de Plexiglas… On s’entend plutôt pas mal avec mon créateur, je me couche avec lui et me lève avec lui. Je dis, il pense, il accomplit…

Ça limite quand même votre liberté d’action… Comment vous occupez-vous entre deux aventures ?

Je n’ai plus vraiment de hobbies depuis que je suis en cavale. Je vis un peu au jour le jour. J’ai arrêté les chasses… oui, « les » chasses. Je me fais petit, discret. Parfois, l’envie de jouer avec des enfants me reprend. Mais je me fais une raison : je hais les enfants. Alors, comment pourrait bien finir une rencontre avec des farfadets ? Vous vous êtes posé cette question ? Je ne préfère pas y penser, je ne préfère pas attirer l’attention des médias et d’Interpol … je vous l’ai dit, l’enfance est une plaie. Je m’accroche comme je peux. Je joue aux échecs, tout seul, et du fond de ma planque je cultive quelques plantes. J’étudie l’art du camouflage également, la maîtrise des résines et des silicones, car j’ai très envie de revenir au grand jour…

Ils comprendront que je ne suis pas un tueur psychopathe, que je ne suis pas fou. Ils comprendront pourquoi l’enfance est une plaie…

Vous échangez encore avec Mitchelli ?

Très rarement. Et puis, après le dernier opus, mon créateur m’a conseillé de prendre le large, de me planquer. Je pense qu’il veut que l’on m’oublie, qu’il ne veut peut-être pas que je revienne. Je suis donc libre, en cavale, mais je reste dans une sorte de prison, d’un endroit duquel je ne peux m’échapper. Je suis enfermé dans sa tête, et tant qu’il ne décidera pas de me libérer, je revivrais encore et encore les mêmes scènes, les même chapitres…

Il nous reste à conclure. Je vous laisse la parole.

Ceux qui découvriront Daniel Singleton comprendront pourquoi j’ai toujours tenu à nourrir l’esprit de la forêt de Tongass, pourquoi j’ai tant œuvré pour qu’elle se nourrisse avec la chair de la jeunesse. Ils comprendront que je ne suis pas un tueur psychopathe, que je ne suis pas fou. Ils comprendront pourquoi l’enfance est une plaie… Ils verront en moi le vrai chasseur que je suis, celui qui patiente, celui qui tient dans son viseur la proie apeurée, celui qui, après de longues heures d’une traque à bout de souffle, écrase la détente de son fusil de calibre .223 en retenant sa respiration. Ils ressentiront alors à ce moment-là, lorsque la proie s’effondrera, la toute-puissance jubilatoire qui les submergera, les yeux pleins de larmes, comme des pèlerins foudroyés par la lumière divine, touchés par la main de Dieu…

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