Te tenir la main pendant que tout brûle, Johana Gustawsson

Le livre : Te tenir la main pendant que tout brûle de Johana Gustawsson. Paru le 6 octobre 2021 chez Calmann-Levy dans la collection Calmann-Levy Noir. 19€90. (356 p.) ; 22 x 14 cm

4e de couv :

Si vous n’avez pas la force brute et que personne ne vous entend, il vous reste d’autres voies…

Lac-Clarence, Québec, 2002. Maxine Grant, inspectrice et mère célibataire dépassée, est appelée sur une scène de crime affreuse. L’ancienne institutrice du village, appréciée de tous, a massacré son mari, le lardant de coups de couteau.

Paris, 1899. Lucienne Lelanger refuse d’admettre la mort de ses filles dans un incendie. Elle intègre une société secrète dans l’espoir que le spiritisme et la magie noire l’aideront à les retrouver.

Lac-Clarence, 1949. La jeune Lina vit une adolescence mouvementée. Pour la canaliser après l’école, sa mère lui impose de la rejoindre à la Mad House, la maison de repos où elle travaille. Lina y rencontre une étrange patiente, qui lui procure des conseils pour le moins dangereux…

L’auteur : La Française d’origine catalane Johana Gustawsson s’est fait un nom sur la scène du polar international en seulement trois romans. Sa série Roy et Castells a été cédée en onze langues et est en cours d’adaptation télévisuelle. Elle a vécu à Londres avec son mari et leurs trois enfants. aujourd’hui la famille vit en Suède.

 

Extraits : 
«Le froid fige mon visage. Je grimace en enfonçant le bonnet sur mes oreilles et me dirige tête baissée vers les deux agents.
— Lieutenant Grant ! je crie pour couvrir le bruit du vent.
Je brandis mon badge, auquel ils ne jettent pas un regard.
— Elle refuse de bouger, lieutenant, s’excuse l’agente sur la droite.
J’avance vers eux et le profil de Madame Caron se dessine. La vieille institutrice est assise sur le perron, la tête tournée vers ma voiture, une couverture de survie sur les épaules.
— Elle n’a même pas voulu enfiler ses chaussures. Elle s’est mise à hurler, si vous aviez entendu ça ! se justifie l’agente en levant les yeux au ciel pendant que je détaille les bas noirs sur la marche enneigée.
Le visage de Madame Caron est couvert de giclées et de gouttelettes brunâtres qui creusent ses rides et les gerçures de ses lèvres bleuies par le froid. Les mèches de son carré blond sont agglutinées contre ses tempes et ses oreilles en baguettes poisseuses. Un voile de sang séché lui tire la peau comme un masque.
— On a juste réussi à lui emballer les doigts comme vous nous l’avez demandé, M’am, continue la policière.
Emballer les doigts. Mais d’où sortent ces bouseux, bordel ?
Je m’accroupis près de celle qui a appris à lire et à écrire à des générations de Lac-Clarençois.
— Madame Caron ? C’est Maxine Grant. Je suis là. Je suis arrivée. Qu’est-ce qu’il s’est passé, madame Caron ?»
«Réfléchissez : qui prions-nous ? Un dieu qui pense que nous, les femmes, somme inférieures aux hommes ; pour ce dieu, nous résultons d’un morceau d’homme, la côte d’Adam.
(…) 
Je lève les bras en l’air en signe de reddition.
-Je suis désolé, mais je ne peux pas croire en un Dieu qui pense que je n’ai pas d’âme.
Son regard s’arrête dur le mien. Elle ne m’a jamais parlé comme à une enfant, et là, elle me regarde comme une adulte.
– Je veux dire que je ne veux pas prier pour lui, tu comprends ? Prier pour lui reviendrait à me désavouer.»

 

Le post-it de Ge

Te tenir la main pendant que tout brûle, Johana Gustawsson

Après nous avoir régaler avec sa trilogie autour des enquêtes d’Emily Roy et Alexis Catells, Johana Gustawsson nous revient avec un one shot et nous fait quitter l’Angleterre et la Suède pour nous faire traverser l’Atlantique.

Mais avant de vous faire part de ma chronique, une nouvelle fois je voudrais m’excuser auprès de l’auteure pour avoir tant tarder à prendre la plume pour donner mon petit avis sur son dernier opus. Je voudrais aussi la remercier pour sa jolie dédicace. Car en effet Johana, tu avais raison, ce livre a su me toucher au cœur. Cette histoire de femmes était faite pour moi et je suis sortie de ton bouquin totalement bouleversée et secouée. Je n’ai pas tout de suite réussi à mettre des mots sur ton histoire tellement celle-ci est sensible et puissante ou l’inverse je ne sais plus, puissante et sensible, émouvante aussi.

Mais alors que nous raconte Te tenir la main pendant que tout brûle, le nouveau roman de Johana Gustawsson :

Paris, 1889. Lucienne assiste à l’incendie de son hôtel particulier où ses filles semble-t-il ont péri. Québec, 1949. Lina vit une adolescence difficile. Pour l’aider, sa mère la fait venir à la maison de repos où elle travaille. Elle y sympathise avec une vieille dame. Québec, 2002. L’inspectrice Maxine Grant est appelée sur une scène de crime où elle retrouve son ancienne institutrice.

Ici Johana nous embarque dans trois époques et nous plonge dans trois histoires de femmes.

Un peu à l’instar d’un roman choral, l’auteure passe d’une époque à une autres, d’une protagoniste à l’autre dans des chapitres courts qui s’enchaine à un rythme fou. Elle nous entraine dans une spirale émotionnelle incroyable avec une maitrise de l’intrigue diabolique. Chacune des histoires de ces trois femmes nous passionne, on se doute bien qu’il doit y avoir un lien ténu entre celles-ci. Oui mais voilà, c’est là qu’apparait tout le talent de l’auteur, on ne voit rien venir.

Il faut dire que notre autrice aime ancrer ses héros dans leur passé et leur racine. La psychologie de ses protagonistes est particulièrement fouillée. Rien n’est laissé au hasard, elle tisse une toile et ajuste son puzzle avec justesse. Nous on reste en haleine, on suit avec intérêt tout cela, on ne lâche rien, on se laisse prendre au piège. La force de Johana c’est d’avoir créé un seul roman avec trois atmosphères totalement disparates et d’avoir réussi à lier le tout. Oui trois romans pour le prix d’un ! Et quel roman, croyez-moi.

Il y est questions de la condition de la femme forcément, de la féminité aussi. Un autre thème d’affectionne l’auteur c’est la maternité mais aussi la transmission, l’héritage émotionnel. Notre auteure nous offre une plongée dans la transgénéalogie. Quand le passé conditionne le présent, quand la vie de chacun est réglée par ses secrets et ses drames.

Johana telle une cheffe d’orchestre nous laisse entrevoir la psychologie de ces femmes souvent malmenées et sans doute victime de leur choix qui oscillent entre bien et mal, entre ombres et lumière. Et elle fait cela avec une telle humanité…

Mais déjà là je vous en dis trop, ce qui est certain c’est que j’ai été percutée de plein fouet par le final de ce roman. Inattendu, stupéfiant, insoupçonné, du grand art simplement à vous laisser sans voix.

Juste, Johana va Te tenir la main pendant que tout brûle

 

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2021 au 11 Juillet 2022) ;  

Le Challenge « Le tour du monde en 80 livres » chez Bidb (France).

et le challenge Les dames en noir chez Zofia

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