Ces dames du noir 4 : Hommage à Michèle Witta.

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Pour notre sixième mois d’existence j’ai voulu mettre en avant une grande dame du polar.

Celle-ci a été mon mentor. J’ai eu la chance de la côtoyer et d’apprendre énormément à ces cotés. Pendant des années, elle a choisi et sélectionné les romans policiers pour le réseau des bibliothèques de prêt de la ville de Paris.

téléchargement (44)La première fois que je l’ai vue c’est lors d’un festival polar, elle y tenait une table ronde. Et notre modératrice l’a rendue passionnante. Je l’ai ensuite revue lors d’une présentation, pour des bibliothécaire-documentaliste, du genre polar. Elle y menait une intervention tout à fait instructif où elle nous dévoiler les différentes littératures policières et les différents genres qui la composent.Une formation que je n’oublierai jamais puisque c’est elle qui a construit ma culture polar.

        Ah mais que je suis bête je ne vous ai pas présenter celle a qui je veux rendre un hommage que j’espère vibrant. Il s’agit, certains l’ont sans doute déjà compris de Michèle Witta.

Michèle est à mes yeux la dame du polar pour ne pas en dire la Papesse.

téléchargement (46)Pendant des années elle a travaillé à la Bilipo, la bibliothèque des littérature policière. Je crois même qu’elle en a été à l’origine. Oh, surement dans l’ombre car Michèle n’aimait pas se mettre en avant. En tout cas, elle en a été la cheville ouvrière, sous son impulsion est né un groupe de lecture polar et ainsi les premiers crimes de l’année.

5373-supplements-1201785265A la BILIPO, Michèle s’occupait aussi des demandes de lecteur. Si vous avez une question sur le polar sur un polar, sur un genre en particulier, sur un thème vu à travers le prisme du roman policier, sur le roman policier dans tel pays ou tel autre. Michèle vous envoyait toujours une réponse complète.  Dès la fin des années 90, j’ai souvent fait appel à elle pour me préparer mes  bibliographiespolars. La gastronomie dans le polar, le polar Italien, chinois…et j’en passe. Michèle était toujours partante pour nous faire parvenir un document complet avec tous les courants et tous les auteurs à mettre en avant. Je me souvient pour la littérature italienne, j’ai même eu droit à un petit cours particuliers sur les débuts du polar dans la botte. J’ai tout appris sur le « Giallo » et sur les polars issue des année de plomb, j’ai ainsi découvert  Giorgio Scerbanenco ou encore Marcelo Foix, passant allégrement des année 60 avec le premier au renouveau du polar italien des année 90 avec le second.

« Le terme giallo (littéralement « jaune ») est le nom utilisé en Italie  pour désigner le roman policier. Il tire son origine d’une collection de romans policiers publiés par les éditions Mondadori de 1929 jusqu’aux années 1960. Leurs couvertures jaunes cachaient des romans et des nouvelles de type whodunit à l’image de leurs cousins américains. La ressemblance avec ces derniers était accentuée par les pseudonymes anglo-saxons utilisés par la plupart des auteurs et par la présence majoritaire de romans anglophones traduits en italien dans  les premiers gialli. Publiés sur du papier de faible qualité, le succès de ces romans attira l’attention d’autres maisons d’édition qui ne tardèrent pas à sortir leurs propres  œuvres sous la couverture jaune devenue traditionnelle. Ces romans furent si populaires que les œuvres d’auteurs étrangers réputés comme Agatha Christie ou Georges Simenon sortirent sous cette forme lors de leurs premières publications en . »  Source Wikipédia

Nous avons aussi  beaucoup parlé avec Michèle du polar et des femmes. la femme vu sous le prisme du roman noir et policier, les femmes auteures de roman policier. Je vais pas vous résumer nos conversations mais vous renvoyer vers ce lien : un court entretien que Michèle avait donné à L’express sur le sujet

images (23)J’ai aussi quelques autres souvenirs. Je me souviens notamment d’une réunion du groupe polar… Un mardi matin, un jour de fin août. A l’époque je m’étais engager à lire un polar par semaine pour honorer mon travail et ma participation au groupe. Et là j’étais fière, Août étant un mois calme en bibliothèque, j’avais lu 2 polars par semaine. Alors je me pointais à la réunion avec mes 9 bouquins à présenter aux membres du groupe. J’avais bien révisé mes petites notes. La réunion a commencé, Michèle est arrivé avec quelques minutes de retard. Nous étions 7 autours de la table, j’avais le plus d’histoire à raconter. Michèle s’est alors installée, en bout de table. Devant elle, trônait une pile de polars, j’imaginais qu’ils faisaient des prochains qui nous seraient proposés à la lecture. NON, ps du tout cette trentaine d’ouvrages était les lectures du mois de Michèle. Elle avait autant de romans policier à nous présenter que de jours qu’il y a au moi d’août. Croyez-moi, ce jour là, la réunion a duré un peu plus longtemps que prévue. Et je me suis trouvée  bien« petite joueuse ».

Michèle s’était ça, une puissance de lecture impressionnante, elle lisait tout le temps et partout. dans les transports bien sur, mais aussi en mangeant, pendant ses poses clopes. C’était cette puissance de lecture mais aussi cette énorme mémoire. une véritable encyclopédie sur patte. Monumentale mémoire, jusqu’à ce rappeler de certains détails de l’histoire et de vous citer la page de celui-ci dans telle édition donnée.

Elle était à la fois cette personne étourdissante mais alors si humble si modeste. je vous l’ai dit ne se mettant jamais en lumière et d’une tel gentillesse et d’une telle disponibilité malgré la somme de travail qu’elle abattait. Je ne sais pas ce que sont devenue ses bases de données, ces précieux  index  J’espère qu’un jour ils seront mis en ligne, ils sont et serait très utile à tous amateurs, tous chercheurs et tous passionnés de la littérature, des littératures policière.

téléchargement (45)Michèle, c’était aussi une fervente militante de la cause du polar ; toujours à le défendre. Elle a été une fervente adhérente, une des premières de l’association 813. L’association des amis des littératures policière qui a aujourd’hui plus de 35 ans d’existence. D’ailleurs depuis 2011, et pour lui rendre hommage, un des prix de cette association porte le nom de Michèle Witta.

« Trophée 813 Michèle Witta du roman étranger »

401px-Michele_WittaEn plus d’être bibliothécaire à la BILIPO… Michel parcourait la France et les pays francophones pour y apporter la bonne parole. On pouvait la rencontrer sur de nombreux salons et festivals policier. Auprès de ses amis corses ou bretons….Dans le sud ou le nord. Elle a formé aussi tout un tas de bibliothécaires, en suisse, en Belgiques , à la Réunion ou dans nos belles provinces françaises… Je peux en témoigner, je suis un pur produit estampillé « MW ».

Michèle Witta fut la première traductrice de Ian Rankin, elle a traduit aussi Ross Mac Donald, Ellis Peters… Tennessee Williams pour les mémoires d’un vieux crocodile.

téléchargement (47)Mes derniers souvenirs heureux avec Michèle c’est lorsqu’elle m’a apporté son soutient inconditionnel lors de la création en janvier 2010 du nouveau Comité de lecture polar des bibliothèque de la ville de Paris. Elle est même venu aux premières réunions entre janvier et avril. Me défendant et soutenant le collectif face aux attaques de sa responsable à la BILIPO. J’aurai souhaité que nos collègues de cette bibliothèque spécialisée viennent nous rejoindre et nous apporter leurs expertises précieuses. Seule Michèle est venu contre l’avis défavorable de sa chef.

Je l’ai revu Michèle, cette fois en famille avec une de ses filles , dans les allées du salon Saint Maur en Poche en juin de cette même année. Elle venait rendre visite à quelques amis polardeux mais aussi acheter des tas de bouquins pour ses filles et ses petites filles .

Grâce à Michèle Witta j’ai découvert des tas d’auteurs et parmi eux, je pense à Nadine Monfils, Michèle Barrière, Elena Piencentini ou encore j’ai lu les premiers Paul Colize….Mais la liste serait trop longue.

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Michèle Witta, entourée de Josephe Incardona et Denise Mina, pour « Noir sur la ville 2009 ». Photo : Serge Andrieux.

Alors permettez moi de vous proposer : ICI, la liste des 100 polar de Michèle Witta

CENT AUTEURS « INCONTOURNABLES », LA LISTE DE MICHÈLE WITTA

Des classiques aux comiques, à la fin de chacune de ses passionnantes confèrences sur les littératures policières,  Michèle Witta avait l’habitude d’offrir sa liste: une page, imprimée recto verso, contenant l’inventaire de cent auteurs « incontournables »indexés selon huit catégories. Sous la forme d’un tract, un authentique cadeau, une lettre-objet, précieuse, à conserver pour mémoire. En mémoire de notre amie Michèle…

Oui, Michèle Witta nous a quitté le 28 septembre 2010 et le vendredi 1er  vers midi octobre nous  étions nombreux à l’accompagner dans sa dernière demeure.

Et comme le dis si bien Delphine Cingal

 » Elle était une encyclopédie du polar vivante. C’est une bibliothèque qui est partie en fumée au crématorium de Valenton. » (…) « Elle va me manquer. Elle était un arbre, on la croyait immortelle, mais une vilaine tempête appelée cancer l’a emportée. Elle laisse derrière elle ses deux filles et ses deux petites-filles qui étaient sa vie et sa fierté. »

Ce jour là, toute la famille polardesque pleurait. En ce triste et sombre jour funeste le polar français était orphelin lui aussi. Hervé Delouche (président actuel de 813) lui a rendu hommage. Jean-Hugues Oppel nous a émus et chavirés avec un discours bouleversant dans il est le seul a avoir le secret. Oui ce fut une belle et déchirante cérémonie. Seules, peut-être, les hautes instances de la ville de Paris manquées, toi qui a tant donnée pour le rayonnement de la Ville.

Ce qui est certain c’est que tu nous manques Michèle. Tu me manques, tu as laissé un bien grand vide que je n’arrive pas à combler. Et parfois, souvent même, il faut l’avouer, lorsque je lis un nouvel auteur, je te parle, je te pose des questions, je me demande ce que toi, Michèle, tu en aurais pensé.

17 réflexions sur “Ces dames du noir 4 : Hommage à Michèle Witta.

  1. Quel bel hommage pour cette dame, à la connaissance encyclopédique. Dans tes mots transparaissent tout l’amour et l’admiration que tu avais pour elle. Elle a du semer beaucoup de petites graines qui ont germé, tu en es un exemple criant.
    Très beau texte, nimbé de reconnaissance et d’émotion. Merci de nous faire partager.

    Aimé par 1 personne

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