Papote d’auteur Maud était avec Guillaume Grivet

Papote d’auteur Maud était avec Guillaume Grivet

MV : Bonjour Guillaume Grivet, je vous remercie de nous accorder ces instants. Pourriez-vous nous parler un peu de vous ?

GG : Après de longues et fastidieuses années de bureau, je me suis récemment reconverti vers les métiers agricoles, qui me laissent l’esprit totalement libre tandis que mon corps travaille. Le stress et les sollicitations permanentes sont mortifères pour l’inspiration. C’est grâce à ce retour à la terre que je suis là.

MV : Côté musique ?

GG : Depuis l’électrochoc qu’a constitué pour moi la découverte de Nirvana à l’adolescence, je suis toujours resté tourné vers le rock, sous à peu près toutes ses formes, même si je reste ouvert à tout (je suis notamment un fan absolu de Gainsbourg). J’ai même formé un groupe dans ma jeunesse qui a modestement tourné quelques années dans la région de Saint-Malo. L’expérience de la scène est un climax irremplaçable.

MV : Whaouuu c’est impressionnant, des loisirs peut être ? Je sais les lecteurs sont bien curieux

GG : Mes loisirs et mes passions sont une seule et même chose. Je suis d’une nature enthousiaste et exclusive. Aussi, lorsque je me prends de passion pour quelque chose, j’ai besoin de l’explorer à fond et de vivre l’expérience jusqu’au bout. Actuellement il s’agit du théâtre, lien parfait entre la scène et la littérature. Je n’ai pas pu m’empêcher d’écrire une pièce et de monter une petite troupe avec laquelle je joue de temps en temps sur Rennes. Nous avons la chance d’avoir un très bon accueil du public et c’est un projet que j’espère développer rapidement.

MV : Et votre arrivée à l’écriture, vous pouvez nous en parler ?

J’ai toujours écrit, d’aussi loin que je me souvienne. C’est une seconde nature. A l’école primaire déjà, je faisais circuler en classe les petites histoires que j’écrivais pendant les cours. C’est autour de la créativité en général que s’est toujours axée mon ambition, mais je pense que c’est surtout l’impériosité de donner corps à mon imaginaire qui guide ma plume.

MV : Parlons maintenant de Sans Mobile Fixe, votre premier livre. Comment vous est venue l’inspiration de ce thème : Comment a germé cette histoire ?

GG : Au-delà des symboles matériels disséminés çà et là, ce sont surtout les personnages eux-mêmes que j’ai voulu symboliques. Mon ambition était de donner à des personnages a priori en marge une portée universelle, à la manière d’un conte. Il m’a semblé que le polar était finalement le cadre idéal pour bâtir une nouvelle forme de conte moderne. Au fond, c’est un peu « la géante et le clochard »…

MV : J’aime bien votre vision de vos personnages car nous le ressentons tout à fait à la lecture. Une anecdote sur ce livre en particulier ?     

GG : Au cours de l’écriture, je me suis volontairement laissé guider par l’instinct, les signes, les hasards, les coïncidences, bref au final par toutes les manifestations de mon inconscient. Je pourrais ainsi parler de mille anecdotes d’apparence étrange, étonnante, voire incroyable.

De la même manière, il est toujours un moment où les personnages prennent vie, où leur identité, leur personnalité les conduisent à faire leurs propres choix et en quelque sorte à guider l’auteur, qui n’a plus en gros qu’à les canaliser pour suivre sa trame.

MV : Et sur ces personnages ?

GG : Pour la première fois de ma vie d’écriture, l’un des personnages de ce livre est allé très au-delà de cet accord tacite entre l’auteur et son propre inconscient. Il s’agissait d’un personnage prévu pour un rôle tout-à-fait secondaire – un simple témoin. Or ce personnage a tout de suite pris tant de force qu’il a trouvé le pouvoir de dire : « J’y suis, j’y reste ! », m’obligeant à revoir toute ma trame pour lui faire une place conséquente.

Au final, il a rendu le roman trois fois meilleur, plus riche, plus subtil et plus fort. Je pense qu’on écrit tous dans l’espoir de vivre un jour ou l’autre ce genre de petit miracle… Ça se savoure !

MV : Merci pour ces précisions. Vos plus belles joies en tant qu’auteur ?

 GG : D’abord ces moments où les personnages prennent vie, justement. Où s’anime comme un film ce qui n’était d’abord qu’un simple croquis, où l’on ne se positionne plus qu’en artisan transcripteur d’un univers qui nous dépasse.

Ensuite, bien sûr, chaque retour positif constitue une joie immense. C’est non seulement la récompense du travail fourni, mais aussi le plaisir d’avoir su faire passer un bon moment, d’avoir pu faire naître des émotions et pourquoi pas une réflexion… Bref, de se sentir utile.

MV : Vos « pires » moments ?

GG : Les pires moments sont les moments de blocage et les moments de doute, qui en général fonctionnent ensemble. Le petit détail qui cloche et qui transforme l’intégralité d’un projet en dédale monstrueux dont on ne distingue soudain plus la sortie. Les accès d’auto-dépréciation, le sentiment d’illégitimité, voire d’imposture… Les « affres de la création », comme on dit. Tous les auteurs connaissent plus ou moins ça, je crois.             

MV : Après la partie écriture, parlons de vous en tant que lecteur.  Que pouvez-vous nous dire ?

GG : Je suis un lecteur lent et exclusif. Je suis capable de lire très vite (un journal ou un essai, par exemple), mais pour la littérature, j’ai besoin de déguster, de lire au rythme où l’auteur raconte, d’entendre sa voix, de plonger dans ses sous-entendus… Dès lors je n’ai pas de genre de prédilection : je vais tomber amoureux d’une voix, d’un style, d’un regard sur le monde. Cela peut aller de Despentes à Houellebecq, de Baudelaire à Vian, de Gary à Bukowski, d’Exbrayat à Vargas, de Barjavel à K.Dick… Mon seul critère est le plaisir que j’y prends. Si j’éprouve l’émerveillement d’un gosse, je suis cuit. C’est sans doute pour cela que je ne lis le plus souvent qu’avant de dormir.

MV : Justement sur le plaisir de lire pour nous lecteurs, pouvez-vous nous parler de votre projet ? Désolée c’est la lectrice compulsive qui s’exprime…

GG : Sans Mobile Fixe est en réalité le premier tome d’une série de polars aux intrigues indépendantes, mais qui développeront les personnages principaux dans des contextes et des approches aussi différents que possible. L’idée est de retranscrire la cohésion intime et sociale formée par les facettes disparates de chacun, à la manière d’une mosaïque photo. Par exemple, le tome 1 les présente surtout par le biais de leurs interactions sociales, tandis que le suivant les regardera davantage à la lumière de leur psychologie. Je peux vous annoncer qu’il est d’ores et déjà en bonne voie.

MV : Que de bonnes nouvelles, je suis ravie de savoir que votre duo va poursuivre de nouvelles aventures. Je vous remercie pour le temps que vous nous avez consacré. Et je vous laisse le mot de la fin :

 GG : Simplement un grand merci pour cet échange. Tout le meilleur et longue vie à Collectif Polar !

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