Et si, pour une fois, on leur donnait la parole ? Saison 2 Episode 9

Et si, pour une fois, on leur donnait la parole ?

Saison 2 Episode 9

Des interviews.
Mais pas les habituelles rengaines egocentrées des auteurs.
Parce que, finalement, dans un roman, qui va au charbon ? Le personnage !

Et si on leur donnait la parole ? S02E09

par Nick Gardel

Bonjour, c’est un honneur de vous recevoir. Comme à l’accoutumée, je laisse à mes invités le soin de se présenter.

Je m’appelle Vuk (prononcez : « Vouk »). C’est un prénom d’origine serbe – comme moi – et ça veut dire « loup ». Sur mes papiers, il est inscrit « Vuk Kovasevic », mais c’est une erreur : le type qui m’a enregistré en France n’y connaissait rien.

Mon véritable nom est Kovacevic. Oubliez le foutu « s ».

Il y a quelques années, j’étais militaire. Je tuais des gens, là-bas, près de chez moi. J’étais payé pour ça et j’aimais ça.

C’était une sale guerre.

Aujourd’hui je tue des monstres, près de chez vous. Je suis payé pour ça et j’aime ça. C’est toujours une sale guerre, mais vous en ignorez tout parce que les chasseurs de monstres évitent de passer à la TV.

Voyons le bon côté des choses : ça n’est pas demain la veille que Bernard-Henry Lévy débarque en col pelle à tarte, avec une horde de journalistes, pour jouer les redresseurs de tort.

Notez bien que le cas échéant, il se ferait entarter illico…

Mais que nos tartes sont garnies généreusement.

En pruneaux.

De très forts calibres.

C’est une profession véritablement particulière. Qu’est-ce qu’il faut pour devenir « chasseur de monstres ». Quels sont vos qualités ?

Il faudrait le demander à mes rares amis – au vrai, j’en ai assez peu. Je veux dire : assez peu encore en vie. Disons, pour faire simple, que je peux être loyal et que je suis très professionnel. Mes employeurs n’ont pas à se plaindre.

« Je suis également rancunier, voire revanchard et je reste persuadé, comme le disait si bien Audiard, que « les conneries, c’est comme les impôts, on finit toujours par les payer. » C’est la raison pour laquelle j’évite d’en faire, ou que je nettoie avec grand soin derrière moi quand ça m’arrive. »

J’aime le bruit du Desert Eagle et le son de Motörhead (et vice versa), j’apprécie les plaintes déchirantes de Sopor Aeternus and the Ensemble of Shadows.

À mes yeux, la vie ne vaut d’être vécue que si elle est ROCK’N ROLL.

Vous êtes chargé pour ce qui est de votre environnement musical et technique ! C’est une volonté de Bizien, votre créateur ?

Objection, Votre Honneur : je ne sors pas de la tête de « mon créateur », je ne suis pas l’un de ces héros de papier à la con, auxquels les lecteurs s’identifient en frissonnant.

J’existe.

J’ai croisé Bizien après avoir lu un de ses romans policiers. Il m’apparaissait capable de s’atteler à la tâche. Je me suis présenté, je lui ai raconté mon histoire. Un projet similaire tournait en lisière de son esprit depuis qu’il avait croisé un guerrier serbe, à la fin des années 90. Un type calme, gentil, affable, qui lui a avoué avoir fait calmement des choses ni très gentilles, ni très affables pendant la guerre des Balkans. Un homme très posé, bon père de famille, qui évoquait des choses terribles avec un détachement stupéfiant. Il espérait entrer dans la Légion Étrangère pour obtenir, au terme de ses années d’engagement, la nationalité française. Ensuite, il projetait de rapatrier sa femme et sa fille, laissées en Serbie.

Ce que j’ai raconté à Bizien l’a séduit. Les romans sont nés de notre rencontre, des interrogations qui ont jailli sur la nature humaine, sur la notion de Bien et de Mal, sur les limites que chacun de nous peut s’imposer ou faire voler en éclats, selon les circonstances, l’éducation… et tout un tas de paramètres qui font de nous des humains, c’est à dire des créatures ni noires, ni blanches, mais définitivement en niveaux de gris – plus ou moins sombres.

Quand on lui a proposé de prendre part à une série dont les héros étaient des chasseurs de monstres, Bizien a répondu présent illico. Il n’a eu qu’à reprendre ses notes et donner forme à mes témoignages.

C’était pour les éditions Baleine, dans la collection « Club Van Helsing ». Le premier tome s’intitulait MASTICATION (I can’t get no).

Quelques années plus tard, Bizien a repris le projet en créant la collection « Les Échappés de l’Enfer », publiée spécialement pour votre serviteur par feu Gérard de Villiers aux éditions Vauvenargues. Huit titres ont vu le jour, dont ALIENS ! (Pour qu’ils reviennent.)

Le premier tome de cette série, LE VAMPIRE DE BELGRADE, a fait l’objet d’une nouvelle édition à l’Atelier Mosesu, il y a quelques années.

Il se pourrait que tout revienne en librairie bientôt et que je puisse vous inviter à découvrir de nouvelles aventures. Ça tombe bien : je commençais sérieusement à m’ennuyer, ce qui n’est jamais bon.

Pour les autres.

Je suis également rancunier, voire revanchard et je reste persuadé, comme le disait si bien Audiard, que « les conneries, c’est comme les impôts, on finit toujours par les payer. »

Dans ce cas, je suppose que vous passez de longues périodes à lui raconter vos aventures. Il reste fidèle ou il en rajoute ?

Dans mon cas, la réponse est très claire : c’est le baratin officiel que je vous ai servi plus haut, en tous cas celui que Bizien réserve aux éditeurs – qui sont souvent des créatures FRAGILES, promptes à s’affoler d’un rien. Il leur présente donc ces histoires comme des pochades baignées d’hémoglobine et de rock’n roll, purs produits de l’imagination débridée de leur auteur.

La vérité, c’est que tout est rigoureusement authentique (à part les noms, que l’auteur se croit obligé de changer, pour éviter à ses éditeurs d’éventuels problèmes juridiques).

Je fais mon travail, je prends des notes, je rédige un plan.

Bizien fait le sien, il s’occupe du contrat et des éventuels services après-vente, comme les séances de dédicaces et toutes les cérémonies de type pince-fesses un peu grotesque dont raffole l’Édition en France.

 

C’est une vraie collaboration. Vous entretenez quel type de rapports ?

Épisodiques. Il vit en Corse, moi à Paris.

Épidermiques, aussi, parfois, car nous avons beaucoup plus de points de divergence que de points communs, même si les lecteurs pensent que Bizien est comme moi (ou que je suis une espèce d’alter ego à la con). Le fait qu’il ait signé de mon nom et qu’il écrive à la première personne y est sans doute pour beaucoup.

Parfois, il glisse des détails le concernant dans les bouquins. Je ne lui en tiens pas rigueur, tant qu’il respecte mes récits – et du moment qu’il fait le job en les publiant.

Et vous procédez comment ?

Le rituel est rôdé depuis des lustres.

C’est toujours moi qui le contacte. Je lui donne rendez-vous, on se voit. Je parle, il écoute. Je bois, il prend des notes. Parfois, je lui laisse un dossier, qu’il détruit après utilisation – nul ne doit pouvoir remonter jusqu’à moi.

J’hésite d’ailleurs à ce propos : la plus élémentaire des précautions voudrait qu’au lieu de répondre à ce questionnaire, j’élimine son auteur…

Mais j’ai promis à mes employeurs de lever le pied sur les dommages collatéraux.

C’est quoi la vie personnelle d’un homme tel que vous ?

Entre deux aventures, je CHASSE. C’est mon job, c’est ma vie.

Je tue des monstres – BEAUCOUP de monstres.

Je ne sais faire que ça et je le fais bien.

Autrefois, j’avais une famille. Mais c’était autrefois, dans un autre pays, qui n’existe plus aujourd’hui.

Il me reste à vous laisser conclure.

Comme tous mes collègues, je fais ce boulot chaque nuit, pendant que vous rêvez bien gentiment. Grâce à nous, vous restez persuadés que les monstres N’EXISTENT PAS. Dormez, braves gens. Je veille.

Mais si nous nous croisons un jour, surtout NE RESTEZ PAS SUR MON CHEMIN : j’ai promis de lever le pied sur les dommages collatéraux…

Mais on n’est jamais à l’abri d’une rechute.

Mastication

(I can’t get no)

Les nuits parisiennes sont bouleversées par une série de morts atroces. Plusieurs jeunes gens, issus de l’underground Goth et Vampyre, sont retrouvés déchiquetés. Winston Lester Takakura, puissant dirigeant de la lycaonie – la communauté des loups-garous -, s’inquiète du comportement d’une nouvelle génération qui cherche à faire dissidence, provoque les anciens et se livre à des fêtes orgiaques risquant d’attirer l’attention humaine. C’est Vuk, ex-légionnaire et vétéran serbe de la guerre des Balkans, qui devra inculquer aux jeunes loups le pouvoir de l’argent. Celui de Takakura. Et celui des balles de son chargeur…

 

 

Vous y croyez, aux vampires ?

Non, probablement pas. Il y a encore quelques années, je pensais dur comme fer que ces saletés n’existaient pas.

Jusqu’à ce que j’en croise un.

Et puis un autre…

Les rues de Belgrade, ravagées par la guerre, sont devenues le théâtre d’un nouveau combat. Une guerre souterraine, larvée. Un règlement de comptes entre Échappés de l’Enfer.

Les vampires ne sont pas invincibles, on m’a enseigné les méthodes radicales et je les applique. Ils sont immortels mais, comme le dit la chanson des Cailloux :

«Crime is on my side»…

Vuk Kovasevic

 

 

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