Les eaux noires, Estelle Tharreau

Le livre : Les eaux noires d’Estelle Tharreau – Paru le 07 octobre 2021 – collection Le tourbillon des mots –  9.90 € ( 252 pages) ; 11 x  18 cm

 4ème de couverture :

Lorsque les eaux noires recrachent le corps de la fille de Joséfa, personne ne peut imaginer la descente aux enfers qui attend les habitants de la Baie des Naufragés.
L’assassin restant introuvable, à l’abri des petits secrets et des grands vices, une mécanique de malheur va alors tout balayer sur son passage…
Les révélations d’un corbeau, la détresse d’une mère et le cynisme d’un flic alimenteront l’engrenage de la rumeur, de la suspicion et de la haine.
Joséfa réussira-t-elle à survivre à la vérité ?

 

 

L’auteur : Née en 1974 en banlieue lyonnaise, passionnée de littérature depuis l’adolescence, Estelle Tharreau parcourt les genres, les époques et les pays au fil des auteurs qu’elle rencontre. De cet amour de la littérature est née l’envie d’écrire. Ayant travaillé dans le secteur public et privé, elle vit actuellement en Afrique où elle partage son temps entre sa famille et l’écriture.

Extraits :


« Tel un homme politique en campagne, il dit au revoir à son équipe en leur serrant la main, avec son plus beau sourire, celui qu’on lui avait appris à composer lors de la formation managériale dispensée au sein de l’entreprise. Content de penser qu’il fédérait à merveille son équipe, il éprouva néanmoins un malaise en se faufilant derrière Jo. Il baissa la tête et prit la fuite vers sa voiture.« Le regard perdu vers les épaves malmenées par les vagues grises à l’écume jaunâtre, Joséfa picora un peu de pain et de fromage, un quart de pomme. Elle lava les toilettes et la salle de bains au carrelage terni.
Elle fuma et but un café.
Elle épousseta les meubles démodés, rayés, recollés.
Elle fuma et but un café.
Elle repassa sa tenue de travail pour le soir tandis que l’autre était dans la machine à laver afin qu’elle soit prête le lendemain.
Elle fuma et but un café.
Elle regarda les nouvelles d’un monde toujours aussi malade de l’Humanité qui le peuplait.
Elle fuma et but un café.
Elle se brossa soigneusement les dents et enfila l’uniforme marron.
Elle fuma et reprit son téléphone pour composer le numéro de Suzy. Elle tomba immédiatement sur le répondeur.
La tête basse, elle prit son sac : Suzy la connaissait trop bien. Elle l’obligeait à tenir sa promesse en lui adressant cette fin de non-recevoir. »
Depuis des mois, il cherchait vainement dans son répertoire d’attitudes. La formation n’avait pas prévu le cas de mères ayant perdu leur fille assassinée et dont le meurtrier courait toujours. Il se sentait démuni. Comme beaucoup d’autres, ce spectre inconsolable commençait à le déranger. Il ne voyait qu’une solution. La plus économe en réflexion : éradiquer le problème. Il se promit d’y réfléchir. »
« Dominique s’avoua vaincu face à ces grands singes pétris de violence primaire. En entendant parler ces gens « respectables », il se demandait qui étaient les véritables pervers ? Eux et leur insatiable soif de voyeurisme ou lui qui assumait pleinement sa sexualité en la vivant dans la plus stricte légalité et discrétion ? Il était prêt à renoncer et à partir lorsque la femme apparut. Son rire s’effaça en découvrant ce visiteur. »

 

 La chronique jubilatoire de Dany

Les eaux noires, Estelle Tharreau

Chronique d’une disparition au bout du monde … cependant bien en France, dans une partie du littoral délaissée par les touristes et les autorités compétentes comme on dit. Seules quelques cabanes de plages égaient le paysage où se situe le drame de Jo. Suzy, sa jeune fille, ado et presque femme, disparait et son corps est retrouvé quelques jours plus tard. Nous assistons à la descente de Jo, aux enfers du désarroi. Elle aurait pu recueillir le soutien de ses quelques voisins, mais tous sont des bons clients pour alimenter la liste des suspects. Alors il lui reste la traque, d’abord accompagnée de ses anciennes amours, de ses anciens amis puis seule car les policiers locaux ne font pas preuve de zèle mais plutôt de solidarité masculine … ou pas, jusqu’à ce que la mutation du responsable de l’enquête lui ouvre de nouveaux horizons.

Un roman très noir, psychologique à souhait, où le lecteur est immergé d’une façon radicalement différente de celle utilisée dans le précédent roman d’Estelle Tharreau. Cette fois, elle ne bouscule pas nos consciences mais alerte de façon efficace sur les dangers qui entourent les jeunes filles, les jeunes femmes et sur le repli sur soi de ceux qui font de l’isolement un mode de vie. Les copines de Suzy lâchent vite prise, les voisins de Jo se replient, elle est alors seule pour quérir la vérité, aidée par un corbeau bienvenu.

Un huis clos en plein air, fouetté par le vent et les idées reçues, confronté à l’immobilisme des suspects plus troublants les uns que les autres. Une angoisse qui monte au long de ces 252 pages. Un fait divers ? Non, un roman bien actuel sur l’indifférence et la perversité sur fond de contexte économique précaire. Un très bon moment de lecture par Estelle Tharreau, celle qui vient de recevoir le prix 2021 du roman noir des bibliothèques et des médiathèques de Grand Cognac pour son précédent roman.

Lu en version numérique.

Je remercie les éditions Taurnada pour leur confiance.

 

 

 

3 réflexions sur “Les eaux noires, Estelle Tharreau

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