La GAV : Simone Gélin sous le feu des flingueuses, dernière audition 4/4

La GAV : Simone Gélin sous le feu des flingueuses, quatrième audition. 4/4

Fin de la Garde à vue de Madame

 Simone Gélin

Dernier interrogatoire par Mamie Danièle alias Dany Flingueuse

La GAV, Garde à vue d’un auteur par Collectif polar c’est : 4 interviews d’un même auteur par 4 flingueuses différentes.

La GAV c’est des interviews en direct, du vrai live, en conditions réelles.

Durant 2 jours nous kidnappons en quelques sorte un auteur de polar.

Nous lui demandons de nous consacrer au minimum 6h de son temps sur les deux jours que dure la Garde à Vue.

Et durant ce temps nous lui posons une série de questions en batterie auxquelles il ou elle doit répondre instantanément. Nous ne lui laissons pas le temps de réfléchir à ses réponses. C’est un échange en live. Comme sur un plateau, sur un salon. C’est pas préparé,  ce que l’on recherche c’est la spontanéité. Et croyez moi au réveil ou en fin de journée, nos auteurs sont comme nous, soit pas bien réveillés soit crevés de leur journée. Et là nous les cueillons !

Nous recueillons leurs confidences.

Et c’est celles-ci que nous vous proposons en direct live. ( enfin presque juste en léger différé).

Nous allons vous proposer la retranscription de ces 4 interrogatoires sur 2 jours, 1 en matinée et un le soir entre ce matin et demain après-midi

Allez, place à la GAV de Simone Gélin alias Monette

Dany : Fanny, tu peux aller chercher notre prévenue ?

Fanny : J’y vais de ce pas, allez hop !

Simone : Suis là !

Fanny : En salle d’interrogatoire !

Simone : Poussez pas, j’avance

Dany : Merci d’être ponctuelle, nous entamons la dernière audition à l’issue de laquelle tu connaîtras le sort que Geneviève te réserve … la liberté ou la détention ! Prête ?

Simone : Oui, je suis déjà résignée…

Fanny : Les dés sont jetés ! Ou le sort...

Simone : Je m’attends au pire

Dany : Simone ou devrai-je dire Monette ? C’est le petit nom sous lequel tes complices te connaissent …
Pourquoi Monette ?

Fanny : Trafic de tableaux ???

Simone : Oui, baptisée ainsi par mes deux grandes sœurs, à ma naissance, parce que Simone (choisi par mon père) ne leur plaisait pas.

Fanny : C’est mignon.

Simone : Mon père avait trahi : parti me déclarer à la mairie, je devais m’appeler Michèle, c’est le prénom que ma mère et elles avaient choisi, et lui m’a déclarée Simone, sans rien leur dire. Quinze jours après, il a dit à table : « arrêtez de l’appeler Michèle, elle s’appelle Simone ! » elles ont rétorqué : « puisque c’est comme ça on l’appellera Monette. Voilà pourquoi j’y tiens.

Dany : Belle histoire !
Va pour Monette alors …
Y a-t-il des sujets que tu t’interdis d’aborder ?

Simone : Sujets de roman ? Je ne sais pas je n’y ai jamais pensé. Non, je crois que tous les sujets sont bons à prendre si on les sent… mais des sujets plus délicats, oui, voire dangereux…

Dany : As-tu déjà été spectatrice d’un acte de violence que tu as ensuite utilisé dans un roman ? Un exemple ?

Simone : Non, j’ai seulement subi adolescente, une tentative d’attouchement sexuel, sur le moment cela ne m’a pas traumatisée, je me suis défendue et point barre, mais plus tard, je me suis reproché de ne pas en avoir parlé.

Dany : Effectivement sensible …
Es-tu prête à assister à une autopsie par exemple pour en parler mieux dans un livre ?

Fanny : On te l’a déjà proposé ? Je voulais dire l’autopsie

Simone : L’autopsie non, on ne me l’a jamais proposé. Pas envie. Euh… non, de toute façon, je n’aime pas ce genre de description… on peut s’en passer, le suggérer ça suffit

Dany : Oui la suggestion est parfois plus forte que la description.
As-tu dans un autre registre un souvenir de mise en situation embarrassante qui a pu te servir ?

Simone : Pôle emploi, j’avais accompagné mon fils qui démarrait dans la vie, et la situation, au comble de l’absurde, m’a inspiré une scène que j’ai racontée dans le Truc vert.

Dany : Est-ce que tu fréquentais les salons avant d’écrire ?

Simone : Peu, l’escale du livre à Bordeaux, j’étais allée aussi à Angoulême, et cela m’est aussi arrivé en vacances de tomber sur un petit salon du livre, au hasard de mes pérégrinations.

Dany : quel est l’auteur que tu as sollicité pour ta première dédicace ?

Simone : Je crois que c’est Daniel Pennac, il y a longtemps. Je n’ai pas osé échanger, il y avait la queue devant sa table… à l’époque je ne savais pas encore tout ce qui pouvait se jouer entre les lecteurs et les auteurs dans ces rencontres.

Dany : Tu as eu le trac ?

Fanny : Tu nous racontes ?

Simone : Non, il est très sympa, mais il y avait du monde, ce fut bref

Dany : Et en tant qu’auteur, quel a été ton premier salon ?

Simone : En tant qu’auteur le salon d’Oloron-Sainte-Marie

Dany : Tu te souviens du premier lecteur qui est venu te voir ?

Simone : Oui et pour cause ! c’est Jean-Christophe Tixier, à Oloron, car nous étions dans le même wagon de romans sélectionnés pour le prix VSD du polar.

Dany : Et ?…

Simone : Et nous avons échangé sur notre expérience (toute neuve) nos débuts je devrais dire… nos difficultés et je découvrais que publier un livre était le début d’une sacrée aventure…

Dany : Et depuis cette date tu as de nombreux contacts en salon avec tes confrères ?

Simone : Oui, la communication entre nous est très importante, bien sûr des affinités se tissent, des liens se nouent, des amitiés, on se soutient, on s’entraide, on échange nos expériences, etc…

Dany : Oui il semble y avoir une bonne ambiance entre vous … c’est ce qui fait le plaisir des lecteurs de ce fait !
Et tes lecteurs, que t’apportent-ils en salon, en dédicace ?

Simone : D’abord du réconfort ! de la dope ! par exemple à Montgiscard, j’ai vu plein de lecteurs qui sont venus me parler de livres qu’ils avaient aimé, forcément, c’est rassurant, et on a tous besoin de cette drogue pour continuer, car le doute qui accompagne l’écriture est parfois dur à supporter.

Dany : Tu écris des « one shot ». N’as-tu jamais été tentée d’écrire une série avec un personnage récurrent ?

Simone : Mes deux premiers mettent en scène le même flic, mais c’est vrai que j’aime bien partir dans des univers différents. Je n’ai pas eu envie de rééditer…Mais aussi avoir un personnage récurrent impose une chronologie, un cadre spatiotemporel… et là par exemple, je suis repartie dans les années 60, tout en couplant mon histoire avec une autre contemporaine… donc je ne suis pas prête à renoncer à cette liberté…

Dany : C’est aussi plus aisé de les faire souffrir … pas grave s’ils ne peuvent plus servir dans une suite …
Tu parlais hier ou ce matin du fond historique de tes romans. Mais il s’agit d’histoire récente, contemporaine. Une période plus ancienne t’attire-t-elle ? Pas Aliénor, c’est déjà pris !

Simone : Alors, pour l’histoire, je suis attirée par l’Histoire contemporaine, celle du XXème on va dire… j’aime beaucoup les romans historiques, mais je laisse ça aux historiens…

Dany : Tout à l’heure tu parlais de terrorisme, de politique et de religions … c’est pour bientôt tout ça ?

Simone : Oh non, là, je suis dans le milieu bordelais (et Corse) du proxénétisme dans les années 60, à partir d’une histoire vraie. Donc j’enquête beaucoup…et je m’instruis !

Dany : Monette l’écrivaine des milieux …C’est ton prochain roman, enfin celui d’après des enfants au Paradis ?

Simone : Ha ! ha ! ha ! oui, et je réunis beaucoup de témoignages pour reconstituer la vie d’une femme … Sujet brûlant et dangereux…hi hi hi hi !

Dany : Une sortie 2023 ?

Simone : Oui, je m’y suis engagée !

Simone : Il faut maintenant prévoir ses sorties plus d’un an à l’avance, si on veut que le livre sorte. C’est un livre sur la position des femmes dans ce milieu de truands.

Dany : Toujours chez Caïrn ? Il y a un moment que tu es chez eux. Pour tes premières armes, il a été difficile de trouver un éditeur ?

Simone : Ben non, au départ, le livre sélectionné pour le prix VSD, donc édité par Prisma, Les nouveaux auteurs, deux livres chez eux, puis Anne Carrière, puis Cairn après un petit tour chez Vents salés. L’avantage de Cairn est la distribution ciblée, les livres sont placés dans les endroits où ils se vendent.

Dany : Quand a lieu le lancement de « tes enfants … » ?

Simone : Il sort logiquement le 20 février. Il y a eu des retards cette année à cause de pénuries de papier.

Dany : Y a-t-il un événement prévu ? Virtuel ou non ?

Simone : Ben il sera envoyé aux journalistes et blogueurs, et je ferai des signatures en librairie.

Dany : Peux-tu me donner, donner aux lecteurs, 3 bonnes raisons de lire ton cru 2022 ?

Simone : Je crois qu’il est dans l’air du temps : on a parlé récemment du scandale des Ehpad, c’est un sujet que j’aborde, des gamines qui se prostituent pour financer leurs études, j’en ai mis deux en scène dans le roman, des scandales des milliardaires qui détournent des sommes colossales dans les paradis fiscaux… voilà de quoi je parle… alors c’est peut-être « clivant » ?

Dany : Quel est ton livre de chevet actuel, pas la doc pour ton nouveau roman, non ton « bouquin plaisir » ?

Simone : je viens de terminer l’oiseau bleu de Ian Manook, magnifique, et derrière, je n’arrive pas à accrocher à un livre…
Je vais acheter celui de Pierre Lemaitre, demain ! Et je viens de commander un livre sur la mafia corse (là pour mon travail.
Je n’ai pas encore lu le Houellebecq)

Dany : Je confirme L’oiseau bleu est magistral !  Pierre Lemaître j’y pense aussi …
Quel livre aurais-tu aimé écrire ? Auteur disparu ou contemporain … ou les 2

Simone : Disparu ? Le voyage au bout de la nuit. Actuel ? j’ai du mal à choisir…

Dany : Tu ne veux pas froisser tes potes !

Simone : L’insoutenable légèreté de l’être ? Tant qu’à faire !

Dany : J’ai compris que pour la mafia corse, tu en es encore à la documentation de l’intrigue et que le personnage féminin fait son chemin dans ta tête … c’est ça ?

Simone : Non, le personnage féminin est inspiré d’une vraie personne, je possède un certain nombre d’éléments sur sa vie, je brode autour, mais c’est déjà assez avancé ; et j’ai déjà travaillé sur la mafia corse, mais je suis tombée sur le titre de ce livre et je pense qu’il va m’apporter des compléments. C’est très intéressant, car cela rejoint la politique et des événements historiques, comme la guerre d’Algérie, le SAC etc…

Dany : Y a-t-il dans un tiroir un manuscrit que tu n’as jamais publié et qui te tient à cœur ?

Simone : Non, il y a un manuscrit mais je n’ai plus envie de le reprendre, par contre il y a une nouvelle, assez longue, presque un court roman, qui me tient à cœur et dont je m’occuperai un de ces jours… c’est aussi une histoire vraie, d’une arrière-grand-mère.

Dany : Pour en revenir à Monette la lectrice, y a-t-il un auteur vivant ou disparu que tu aurais souhaité rencontrer ?

Simone : Oui, il y en a plein, récemment Joseph Incardona, en fait chaque fois que je lis un livre qui m’emballe, j’ai envie d’en parler avec l’auteur.
Un auteur disparu, Céline ! je lui aurais demandé ce qu’il a foutu pendant l’occupation !

Fanny : Et tu lis à quel rythme ?

Simone : C’est variable, mais en moyenne un ou deux par semaine, plus s’ils sont courts.

Geneviève : Je veux des chroniques, moi, non mais !

Simone : Ah ! c’est gentil Genevieve, j’y penserai alors !

Fanny : Si tu es remise en liberté bien sûr !

Simone : Mais en cellule on peut écrire aussi !

Geneviève : Et même lire, moi je donne des bouquins aux prisons.

Dany : As-tu un jour pensé à écrire avec un(e) complice, à 4 mains ?

Simone : Oui, je l’ai fait avec Henri Courtade, à sa demande, c’est le manuscrit qui est dans un tiroir.  C’est très difficile. Mais c’est une expérience que je serais prête à rééditer un jour, si l’occasion se présente, si c’est une envie commune et que le sujet justifie de travailler à deux.

Dany : Serais-tu prête à mettre ta notoriété au service d’une cause ? Si oui laquelle ?

Simone : Oui bien sûr, je pourrais le faire si c’était utile… Une cause sociale ou humanitaire… mais franchement je ne sais pas si ma petite notoriété apporterait quelque chose.

Dany : Deux dernières questions en ce qui me concerne avant de repasser la main à la Cheffe :
Y a-t-il une question à laquelle tu aurais aimé répondre mais qu’on ne ta pas posée ?

Simone : Non je ne vois pas, vous m’avez tellement « cuisinée » vous savez tout ! j’ai tout avoué !

Dany : Alors encore quelques minutes pour :
– un coup de cœur
– un coup de gueule
dans l’ordre que tu veux !

Simone : Un coup de cœur ? le film les illusions perdues.
Un coup de gueule ?  La gauche déchirée !

Dany : Merci Monette pour ta confiance et ta sincérité … je passe la main à Geneviève !

Simone : Merci Danièle ! pour ta bienveillance !

Geneviève : Simone…. Cherche bien il y a bien quelques choses que tu aimerais nous dire. Sur ton dernier roman par exemple…

Simone : Oui, ce roman est important pour moi, j’espère profondément ne pas décevoir mes lecteurs avec ce texte. J’ai mis en scène des personnages inspirés de vraies personnes, et certaines situations sont aussi très largement inspirées de réalités, je me suis donc jetée à l’eau en l’écrivant et j’attends les réactions avec beaucoup de trac…
Et c’est toujours se mettre à poil ! donc quand le roman doit paraître, on n’en mène pas large !

Geneviève : La pression doit être à son comble alors quelques semaines avant sa sortie.

Simone : Oui, c’est ça. Heureusement, j’ai eu un petit avant-goût car les organisateurs du salon de Montgiscard avaient lu la première version du roman, qui leur avait été envoyée en exemplaire non corrigé, et ils m’ont rassurée.

Geneviève : Ah c’est chouette ça. Et promis nous aussi on le lira avec bienveillance.
Je voulais aborder une dernière chose avec toi.

Simone : Oh ! merci ! ok, c’est quoi ?

Geneviève : On a beaucoup parlé de roman, mais pas ou peu de la nouvelle. C’est un mode d’expression que tu affectionnes. Je me souviens que durant le confinement tu nous avais offert une superbe nouvelle… « Gabrielle » On peut la lire ICI et et Ici aussi

Simone : Oh merci ! c’est gentil, j’adore écrire des nouvelles, j’en ai quelques-unes en stock, (j’ai obtenu plusieurs prix de nouvelles, à Hossegor et à Paris), mais les éditeurs ne sont pas friands de nouvelles, qui ne se vendent pas bien.

Geneviève : C’est vrai c’est pas un genre très apprécié en France.

Simone : Oui. Et l’édition devient de plus en plus difficile, il y a beaucoup d’auteurs… alors tenter des nouvelles, c’est encore plus dur, dans ce contexte,

Geneviève : Tu les écrits pour toi du coup ?

Simone : Je n’en écris plus, je n’ai plus le temps, je l’ai fait il y a quelques années, j’ai obtenu des prix, cela m’a encouragée, j’ai donc persévéré un peu en me disant que je ferai peut-être un recueil un jour…

Geneviève : Voilà une chouette idée !

Simone : Je ne crois pas que l’on écrive pour soi. On écrit pour dire quelque chose aux autres. En tout cas, je n’écris pas pour moi, tout ce que j’écris, j’ai envie de la faire lire. Donc peut-être un jour, finirais-je ce recueil…

Geneviève : Je crois Simone, pardon Monette que tu as vraiment réussi ta garde à vue.

Simone : Oh vraiment ? libérée alors ?

Geneviève : Je me vois donc dans l’obligation de te relâcher et de t’inciter à poursuivre tes deals d’histoires en tout genre.

Simone : De la banche ou du noir ?

Geneviève : Les deux !

Simone : C’est une sacrée expérience, je pourrai désormais en décrire des gardes à vue !

Geneviève : Et aussi de te remercier pour tout ce temps accordé à Collectif Polar et aux Flingueuses

Simone : Merci à vous ! de votre attention !

Geneviève : C’est vrai pas trop éprouvante cette GAV

Simone : Je vous dis à bientôt, j’espère vous voir (en liberté) dans un de ces rendez-vous mafieux ?

Dany : Merci encore Monette et à bientôt ! … en vrai !

Simone : oui, en vrai ! et bonne lecture à toutes ! la prochaine fois, c’est moi qui vous interroge sur votre dernier !
Belle soirée !

Geneviève : N’exagérons rien !
Merci à vous toutes pour ces bels échanges.

Fanny : Bonne soirée 🙂

Ge : Et maintenant je déclare cette 4e audition terminée et cette GAV aussi !

2 réflexions sur “La GAV : Simone Gélin sous le feu des flingueuses, dernière audition 4/4

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