L’argent du diable de Jean-Michel Leboulanger

Le livre : L’argent du diable de Jean-Michel Leboulanger – Paru le 11 mars 2022 chez Editions du Loir – Le prix broché 22 € (444 pages) ; format 14 x 21 cm

 4ème de couverture :

Le retour attendu du commandant Alan Ortiz dans sa Normandie natale s’annonce sous les meilleurs auspices. Mais la découverte dans un petit bois de Honfleur des corps de quatre jeunes femmes, disparues cinq ans plus tôt, va brutalement changer la donne.
Étrangement, la perspective de résoudre cette affaire ne semble réjouir personne. Surtout en haut lieu où les pressions sont fortes pour la classer sans suite. Cela aurait-il un lien avec les récentes agressions de notables locaux et autres politiciens qui aimaient à s’encanailler au cœur du Pays d’Auge ?
Jugé trop proche d’une des victimes, le commandant Ortiz est écarté de l’enquête qui est alors confiée à sa compagne Hadija, capitaine de la police judiciaire. Celle-ci, confrontée au passé pas toujours reluisant d’Alan, sera tiraillée entre justice et préservation de son couple.

L’auteur : Né en 1959, Jean-Michel Leboulanger est auteur de romans et de romans policiers.
Sa vie se partage entre la formation professionnelle et sa passion pour l’écriture.
De par ses origines bretonnes et maritimes, Jean-Michel Leboulanger a toujours été attiré par les voyages, notamment au Japon. Il vit actuellement dans un village entre Bretagne et Normandie. Il arpente le monde à la découverte de populations et de cultures différentes. Il en rapporte des images, des visages, des parfums et des sons dont il parsème ses romans pour leur donner des atmosphères sans pareil, loin des guides touristiques ou des clichés exotiques habituels. Il y parle des hommes et des femmes, de leurs relations, avec dérision et humour même dans les situations les plus désespérées.

 

 

Extrait :
« C’est le plus beau coup de génie qu’ait pu avoir le diable, pour peu qu’il existe, bien sûr.
Jusqu’à il y a 2 600 ans, on utilisait encore le troc pour faire du commerce, ou alors on échangeait des biens en petites quantités dont tout le monde ou presque avait besoin. Mais ce n’était pas pratique, quelquefois on voulait échanger des choses que les autres avaient déjà et on restait avec ses biens sur les bras, sans la possibilité d’avoir ce qu’on souhaitait pour vivre, ou survivre. Et puis sont arrivées les monnaies. D’or, d’argent, de bronze, permettant d’échanger plus facilement les marchandises puisque l’or et l’argent étaient des métaux que chaque population et au-delà chaque civilisation, convoitait et divinisait. À partir de ce moment, on développa les échanges commerciaux de façon plus simple. Et surtout, avec l’argent arriva le sentiment de pouvoir qu’il procurait. Plus besoin d’être un grand chef reconnu, ou un roi. Il suffisait d’être riche pour avoir le pouvoir. Et la recherche du pouvoir fit naître la cupidité, l’avidité, l’âpreté au gain, le besoin irrépressible d’avoir toujours plus dans cette illusion de pouvoir. Cette cupidité maladive qui fait qu’on amasse de façon pathologique, alors qu’on n’utilisera jamais tout ce qu’on a amassé tout au long de sa vie. À partir de l’émergence de l’argent, certains ont commencé à cumuler les biens, aux dépens de ceux qui en avaient besoin pour vivre, tout simplement. Et ça ne s’est pas arrêté depuis. Jamais l’humanité n’a été aussi riche et aussi pauvre également. La notion de partage et de communauté disparut peu à peu pour ne devenir qu’un terme illusoire qui ne signifie plus rien depuis trop longtemps.
C’est pour ça qu’on dit que l’argent est la plus belle trouvaille qu’ait eue le diable pour pervertir les hommes à travers les âges. » 

 

La chronique jubilatoire de Dany

L’argent du diable de Jean-Michel Leboulanger

Qu’est-ce que l’argent du diable ? L’argent tout simplement, celui qui corrompt et rend cupide, qui mène le pouvoir et détruit les valeurs. Ainsi entre Deauville, Trouville et Honfleur, les personnages de ce polar vont en faire les frais.

Alan n’a toujours pas renoncé à retrouver la trace de son ancienne compagne Nadia. Flic un peu placardisé, il vit maintenant avec Hadija et va assister au retour de Nadia dans l’actualité normande. Son corps va réveiller des souffrances et Alan ne pourra faire le deuil sans résoudre ce qui semble bien être un meurtre.

Cette enquête va mettre à jour les frasques d’hommes riches, libertins et influents au détriment de très jeunes filles qui rêvent d’un avenir meilleur que celui qui leur est promis.

Cette intrigue sert de prétexte à Jean-Michel Leboulanger pour égratigner notre société, mettre à mal les hommes de pouvoir, actuels ou déchus, la police et son manque de moyens, des chantages hiérarchiques. Et nul n’est besoin de comparer la capitale à la province puisque la province est ici l’arrière-cour du pouvoir et la Normandie, sa résidence secondaire. A côté de ce joli monde, quelques protestataires « altermondialistes » aux méthodes extrêmes, tentent d’éclairer les manants.

Tout semble bien noir et pessimiste, cependant le ton employé avec un zeste d’humour et de dérision, fait de ce roman un très agréable moment de lecture, au rythme bien enlevé.

L’argent du diable est le dernier volet d’une trilogie, après Le prix du silence et Le rêve d’Habib. Alan et Hadija en sont les héros récurrents mais cet opus peut se lire indépendamment des 2 autres, les références qu’en donne l’auteur suffisent à notre compréhension.

Je remercie les éditions du Loir pour leur confiance et l’auteur pour un papotage plein d’humour en salon à Osny.

 

Autres extraits :
« Jamais il n’aurait imaginé que Nadia avait une relation avec Claude Dormont, un homme qu’on voyait régulièrement à télé, dans les médias, à défendre l’industrie nucléaire sous prétexte que c’était écologique, ne diffusant ni CO2 ni gaz à effet de serre, que de la vapeur d’eau. Cependant, il négligeait de parler des risques nucléaires comme ceux de Tchernobyl ou de Fukushima, sachant que statistiquement, il y en aurait d’autres un jour, peut-être encore plus graves que ces deux-là réunis. Il omettait aussi d’évoquer la gestion des déchets radioactifs que l’on enfouissait pour 300 000 ans.
Les générations futures auront tous les moyens de gérer ces déchets durant cette période !
Quelle rigolade !
Quand on connaissait la mémoire de poisson rouge de l’être humain, on pouvait douter de sa constance à gérer quoi que ce soit sur une telle durée. Qu’étions-nous il y a 300 000 ans ?
Qui s’en souvenait ? Nous perdons déjà tellement d’éléments de notre histoire au fil des années. Alors sur plusieurs milliers d’années… Il suffirait d’une catastrophe humaine du genre pandémie qui rayerait les ¾ de l’humanité, ou une guerre mondiale, thermonucléaire tant qu’à faire sinon ce ne serait pas drôle, ou un changement climatique majeur pour qu’on oublie aussitôt, non pas seulement de gérer les déchets, mais aussi leurs emplacements tout court. Nos générations futures devraient s’occuper d’autres priorités telles qu’une simple survie au jour le jour. »
« Alan reconnut l’ancien ministre qu’il voyait régulièrement dans les médias quelques mois auparavant, expliquant aux journalistes qu’il fallait resserrer les budgets de l’État, limiter les dépenses, être sous la barre des 3 % imposés par l’Europe, supprimer des fonctionnaires, parce qu’il y en avait trop en France et qu’ils coûtaient une blinde par rapport à leur réelle valeur ajoutée.
Tous ces discours lui revinrent aussitôt à l’esprit. Sans faire de politique, Alan avait ses opinions, mais se gardait bien d’en parler à qui que ce soit. Contrairement à beaucoup de ses collègues qui avaient une vision droitière des choses, Alan avait plutôt un penchant à gauche, humaniste jusqu’à la naïveté, croyant en l’homme malgré toutes les saloperies qu’il pouvait côtoyer à longueur de temps. Desglières était de droite, très franchement ».

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