Qaanaaq de Mo MalØ

Le livre : Qaanaaq de Mo MalØ. Paru le 31/05/2018 chez La Martinière. Réédité en poche le 14 mars 2019 au Point policier n° 4978. 8€70. (547 p.) ; 18 x 11 cm

4e de couv : 

Adopté à l’âge de trois ans, Qaanaaq Adriensen n’a jamais remis les pieds sur sa terre natale, le Groenland. C’est à contrecoeur que l’inspecteur accepte d’aider la police locale, démunie devant ce qui s’annonce comme la plus grande affaire criminelle du pays : quatre ouvriers de plateformes pétrolières retrouvés le corps déchiqueté. Les blessures semblent caractéristiques d’une attaque d’ours polaire. Mais les ours crochètent-ils les portes ? Flanqué de l’inspecteur Apputiku, Qaanaaq va mener l’enquête. Et peut-être remonter ainsi jusqu’au secret de ses origines.

 

L’auteur : Mo Malo est un pseudonyme. Sous ce nom d’auteur se cache Frédéric Ploton dit Frédéric Mars est un auteur français de romans dans des genres très divers, et scénariste pour la télévision. Il est né en 1968,
Ancien élève de Saint-Nicolas-Passy-Buzenval et du Lycée Pasteur de Neuilly-sur-Seine (classe préparatoire de lettres modernes, 1986-1988), il est titulaire d’une maîtrise en communication sociale et commerciale de l’École des hautes études en sciences de l’information et de la communication (CELSA) (1988-1991).
Après plusieurs années passées dans la presse magazine et diverses rédactions online, Frédéric Mars a quitté le journalisme et la photo pour ne se consacrer qu’à son travail d’auteur de livres.
Il vit entre Paris et Saint-Malo, en Bretagne, entre ses travaux de scénariste et son univers romanesque déjà ébauché avec Son parfum (2008), le récit d’un amour impossible rendu à la vie par la magie d’un parfum.
Outre ses romans, il a publié plus d’une quarantaine d’essais, documents et livres illustrés, sous diverses identités.
Il a également publié plusieurs romans historique mais aussi érotiques sous divers pseudonymes dont Emma Mars (Hôtel – Chambre 1, 2 et 3, 2015), Ania Oz (Femmes secrètes, 2012), Mila Braam (Déshabille-moi, 2013). Qaanaaq est son premier roman policier sous l’alias de Mo Malo
Il est également auteur d’un essai humoristique, Le cat code, écrit sous le nom de plume de Chat Malo.
Ses thèmes de prédilection sont l’odorat, le sommeil, les rêves, la sexualité, les différentes facettes d’une même personnalité et les limites de notre conscience.

 

Extraits :
« …l’atmosphère s’emplit aussitôt de remugles. L’air lui-même paraissait en voie de putréfaction. Huit jours après le décès, à quoi d’autre s’attendre ?
– Vous avez de la chance, reprit Karlsen sans aucune trace d’ironie, leurs pays respectifs réclament qu’on rapatrie les corps dans des cercueils plombés. Et comme on n’en a pas un seul au Groenland, ça fait au moins trois jours qu’on attend qu’ils se décident à nous les envoyer.
Si la vie n’est qu’une longue succession de tracasseries administratives, la mort aussi, songea Qaanaaq, la paume pressée sur son nez.
 
« Le livre le plus complet sur le sujet, Identité inuite et nationalisme groenlandais, ne reproduisait que quelques images prises au tout début des années 1950, à l’extrême nord-ouest du Groenland, dans la région de Thulé. On y voyait une colonne de traîneaux chargés de montagnes de paquets que des familles complètes, visiblement harassées, escortaient. La légende mentionnait : « Exode des familles inuites de Thulé en janvier 1953 ». Quelques pages plus loin, l’un des trois historiens cités en couverture laissait entendre que la création du NNK, et plus généralement la naissance du mouvement identitaire inuit, découlait directement de ce déplacement de population. En effet, dans le cadre des accords de coopération stratégique de l’OTAN entre le Danemark et les États-Unis, près de cent cinquante familles inuites avaient été chassées du site de Thulé, dans le district septentrional d’Uummannaq, pour y permettre l’installation de l’une des plus importantes bases aériennes US construites hors du sol américain. C’était à cette époque qu’une fraction des modestes chasseurs inuits s’était, semble-t-il, radicalisée. »

La chronique jubilatoire de Dany

Qaanaaq de Mo MalØ

Il a des allures de polar nordique pour autant c’est un thriller écrit par un frenchy qui s’amuse à changer de pseudo chaque fois qu’il change de style, d’ambiance. Quelle immersion nous offre-t-il donc avec ce premier volet de la série Adriensen ?

Même en lisant ce volet alors que l’auteur a commis depuis deux autres aventures, le lecteur tremble pour cet accidenté de la vie, malmené à souhait par son créateur. Le suspense est là et le lecteur se demande comment il va pouvoir survivre au froid, aux ours, aux politicards véreux, aux fausses amitiés et aux vraies trahisons.

Adriensen, ce Danois d’origine Inuit, adopté par un écrivain de renom et son épouse ancienne patronne de la crim’ de Copenhague, est « mis au placard » au bout du monde, au Groenland, alors que le pays se prépare à demander son indépendance en fin de l’année 2017, quand la nuit est plus longue que le jour et qu’elle perturbe les horloges biologiques en incitant aux excès compensatoires. Il fonctionne à l’intuition ou plutôt aux intuitions … Le voici donc notre héro au prénom imprononçable, aux allures de palindrome, en mission à Nuuk, ville principale du Groenland, à enquêter avec les locaux sur une série de crimes ritualisés, empreints de la culture inuite, celle de ses ancêtres.

Quels sont les enjeux de cette barbarie ? Le pétrole, première ressource du pays avec ses plateformes offshore, soumises à la loi des licences d’exploitation au cœur de la corruption ? Les esprits de la culture inuite ? Tout simplement le pouvoir, la domination ?

Pour Adriensen, nul doute que la proximité avec ses origines va constituer un enjeu majeur dans sa quête de la vérité à Nuuk et à l’autre bout du pays, sur la banquise avec ses pièges et les « souvenirs » laissés par les Américains qui ont exploité le pays en installant la base de Thulé.

Remarquablement documenté, Mo MalØ ou devrait-on dire Frédéric Mars, nous offre une enquête palpitante, réfrigérante et exotique, émaillée de gastronomie et de culture locales, d’une humanité parfois dérangeante, servie par une galerie de personnages bien campés et représentatifs de la population locale voire véritable miroir de notre société moderne, qui oublie trop souvent les connections avec son histoire.

Est-ce que je lirai le tome 2 ? Imaqa … ! Mais non je blague ! Bien sûr que j’inscris DiskØ dans ma PAL ! J’ai passé un très bon moment de lecture hors du temps ! L’auteur aurait tout de même pu nous offrir les photos en illustrations …

Lu en version numérique.

Autres extraits : 
« Qu’on l’accepte ou non, résoudre une affaire criminelle revenait toujours à faire son deuil. Deuil de ce suspect devenu coupable, dont on avait fini par faire un acteur familier de sa vie. Deuil de toutes les pistes qu’on avait suivies avant de les abandonner. Deuil de ces détails qui, en dépit de l’image d’ensemble qui avait fini par se dessiner, resteraient inévitablement dans l’ombre. »
« Au Groenland, aucun prévenu ne restait plus de douze heures consécutives en cellule. Pour ce peuple de chasseurs nomades, la privation de liberté s’apparente à la mort. Par le passé, un nombre important de détenus s’étaient suicidés, d’autres s’étaient simplement laissés mourir de faim ou avaient dépéri de tristesse. C’est pourquoi on n’astreignait désormais les gardés à vue, comme les condamnés, à ne passer que leurs nuits en prison. Le jour, ils étaient libres de circuler comme bon leur semblait, avant de pointer de nouveau le soir suivant, au plus tard à vingt et une heures trente. Certains d’entre eux poursuivaient même une activité professionnelle et une vie familiale parfaitement normales ; rien ne les distinguait en apparence des citoyens ordinaires. »
 
« Le Groenland n’était pas qu’un eldorado pour colons avides et sans scrupules. Les ouvriers chinois, pakistanais ou russes du groupe pétrolier vivaient dans des conditions plus misérables encore que les autochtones. Leur employeur dépouillait peut-être l’île de ses ressources à vil prix, mais ces hommes étaient tout autant victimes du système que les Groenlandais eux-mêmes. Les vrais responsables vivaient dans des villas ou des penthouses à des milliers de kilomètres de ces bungalows préfabriqués. Ici, les cabanes colorées semblaient à peine plus grandes que des abris de jardin. »

25 réflexions sur “Qaanaaq de Mo MalØ

  1. J’ai beaucoup aimé « Qaanaaq » et, même si ça fait un moment, il laisse encore un fort souvenir dans ma mémoire. Il faudrait que je prenne le temps de lire la suite, que j’ai, en plus ! Mais j’ai peur de moins aimer… Allons, il faut parfois savoir faire fi de ses craintes 😉

    Aimé par 2 personnes

Vous avez la parole, laissez un commentaire, ça fait toujours plaisir.

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s