Papote d’auteur Maud était avec Williams Exbrayat

Papote d’auteur Maud était avec Williams Exbrayat

ITW Exclusif : Williams Exbrayat

par Maud

MV : Bonjour Williams Exbrayat, je vous remercie de nous accorder quelques instants. Pourriez-vous nous parler un peu de vous ? (je sais les lecteurs sont très curieux)

 WE : Je suis bibliothécaire et auteur. Ma grande passion, c’est la musique. Je suis un digger. J’écoute du rock, de la soul et du jazz. Je passe mon temps à dénicher des groupes improbables sur la toile. Plus jeune, j’ai assisté à de nombreux concerts et festivals partout en Europe. J’ai même joué dans un groupe de rock (paix à son âme) dans lequel je maltraitais une basse et parfois une guitare. N’ayant qu’un talent limité en la matière, j’ai décidé en accord avec les instruments (soulagés) et mes partenaires (très soulagés) d’arrêter les frais. Depuis 2013, je me suis mis à écrire. C’était dans ma tête depuis que j’étais gamin. J’ai toujours eu envie de raconter des histoires. J’ai sauté le pas en écrivant deux courts polars : Chiennes Fidèles et Chasse à l’Epaulard en 2013 et 2014.

MV : La musique, très présente donc, mais je suis ravie que vous soyez (aussi) passé à l’écriture. C’est drôle vous exercez le même métier que Geneviève, qui m’a parlé de vous. Je m’égare pardon. Chiennes Fidèles et Chasse à L’Épaulard sont vos deux premiers livres, que pouvez-vous nous dire ?

 WE : À l’origine, il devait y avoir cinq épisodes de Maddog. C’était un projet que j’avais soumis à un éditeur : Storylab qui souhaitait développer la lecture numérique en proposant des romans courts, efficaces et s’inspirant des codes des séries TV. Donc Maddog rentre un peu dans ce cahier des charges. J’ai ajouté ma partition en souhaitant revisiter les codes du polar à la papa (Léo Mallet par exemple) avec un ton plus moderne, absurde et ironique. Chiennes fidèles et Chasse à l’épaulard sont deux récits courts (ce sont des novellas en fait). Je pense que c’est bien adapté pour une lecture en mobilité ou pour se détendre entre deux gros pavés.

MV : En effet, ils se lisent très bien, comme vous dites au milieu de pavasses. Très heureuse de savoir que nous allons les retrouver plus tard. Et donc vos deux personnages récurrents, d’où viennent-ils ?  

WE : Mes personnages sont des archétypes de l’univers polar. Maddog est un privé gouailleur et véreux. Il est accompagné de Danny qui est un peu sa conscience morale. J’ai bien chargé la mule pour Maddog (immoral, misogyne, sarcastique) et étrangement, les lecteurs sont attachés à ses défauts. C’est un personnage régressif qui ose tout. Danny est aussi attachant. Il est d’une nature douce, réconfortante. Il a les pieds sur terre et passe son temps à rattraper les conneries de son partenaire. Il devait y avoir un épisode centré sur lui, car (SPOILER) il cache un lourd secret. La trame des trois autres épisodes est écrite, mais le temps me manque et j’ai voulu ces dernières années explorer d’autres univers, me tester, m’aguerrir, tenter des choses, sortir des sentiers battus. L’écriture est un jeu pour moi, mais un jeu sérieux !

MV : Une anecdote sur Chiennes Fidèles en particulier ?

WE : Je revenais d’un voyage en Espagne avec ma compagne et il me restait quelques jours de vacances. Je me suis dit que c’était le bon moment de savoir si j’étais fait pour écrire. Je me suis mis à une table et j’ai écrit d’une traite Chiennes fidèles et après j’ai travaillé, retravaillé la bête pendant des mois pour en faire un petit texte nerveux, gentiment immoral, et je l’espère fluide et efficace. Un retour de lecture ? Un commentaire sur Amazon m’a bien fait rire. Il finissait par « Auteur à fuir ». Je vous laisse le soin de le retrouver.

MV : J’ai retrouvé le commentaire… Bon c’est sympa de parler des Resto du Cœur, mais nous ne sommes pas là pour ça. Une anecdote sur Chasse à L’Épaulard en particulier ?

 WE : Chasse à l’épaulard se passe à Pau. C’est une ville que je connais bien. J’y ai habité pendant une année. La ville sert de fil rouge à l’histoire.

 

MV : Donc nous retournerons un jour à Pau. Vos plus belles joies en tant qu’auteur ?

WE : Avoir une belle séance d’écriture, c’est très exaltant. Débloquer une intrigue qui jusque là me donne du fil à retordre, c’est enivrant. L’écriture (pour moi) est un sport de combat (envers moi-même). Il y a quelques jours je suis ressorti groggy d’une séance d’écriture. L’histoire que j’étais en train d’écrie a failli me mettre K.O. Mais le plus important, c’est d’avoir des lecteurs. Un commentaire qu’il soit bon ou mauvais, un petit mot, c’est le must pour moi.

MV : Oui je comprends, le principal est d’être lu. Et vos « pires » moments ?

WE : Mes pires moments : les moments de doute sur mon écriture et sur ma capacité à continuer à mener de front (sans devenir fou) une vie professionnelle, une vie d’auteur et une vie tout court.

MV : Tout compiler ne doit certes pas être simple du tout. Après avoir disséquer la part de vous « Auteur ». Voulez-vous bien nous parler de votre « Vous Lecteur » ?  

 WE : J’ai toujours aimé lire des nouvelles. J’aime la densité et l’intensité quand je suis lecteur. J’ai eu une période polar pendant une décennie qui m’a permis de nourrir mes trois premiers bouquins : Ellroy, Mankell, Thompson. J’ai lu aussi beaucoup de nature writing : Bass, Fromm, Fergus, O’Brien. Je suis un grand fan de Jim Harrison : Dalva est un chef d’œuvre. J’aime les auteurs amérindiens : Welch, Boyden, Erdrich, Alexie. J’aime la poésie des losers magnifiques : Bukowski, Fante. Actuellement, je lis des documentaires qui servent à mon écriture. J’ai été très impressionné par le livre : Sœurs volées. Enquête sur un féminicide au Canada d’Emmanuelle Walter. J’aime bien lire le matin, mais comme j’aime aussi écrire le matin…

 

MV : Merci, pour toutes ces suggestions de lecture. Découvrons vos récompenses. Chasse à L’Épaulard a remporté le Prix des Lecteurs du Livre numérique en 2014. Ma vis sera pire que la mienne a obtenu un Prix en 2019. Pouvez-vous nous dire vos ressentis ?

WE : Je suis content de gagner des prix. Je vois ces récompenses comme des encouragements à continuer. Le prix des Lecteurs du livre numériques m’a apporté pas mal de visibilité et m’a permis d’avoir des ventes très correctes de Chasse à l’Épaulard. Pour le prix 2019, c’est une belle surprise. Il récompense un roman noir, policier ou thriller en Auto-Edition. Il y avait des candidats très talentueux : Éric Quesnel, Amélie de Lima et Carl Pineau. Ma vie sera pire que la tienne n’a pas attiré l’attention des éditeurs, mais les blogueurs que cela soit dans le jury de ce prix 2019 ou dans le cadre de chroniques ont réservé un bel accueil à ce roman noir atypique, disruptif, dur, drôle et violent. Ma vie sera pire que la tienne, c’est un peu mon bouquin culte. Peu lu, mais très défendu.

MV : J’ai choisi de concentrer cet entretien sur ces deux livres, car nous avions déjà échangé sur Ma vie sera pire que la tienne. Je vais terminer par une indiscrétion, un projet de roman ou autre ? Là c’est la lectrice compulsive qui s’exprime…

WE : Je travaille actuellement à un recueil de novellas/nouvelles de littérature blanche et noire : « Les marges intimes ». Je continue d’explorer la thématique des exclus, des oubliés, des invisibles, des seconds couteaux, mais le traitement se veut plus intime et personnel. Disons que je tombe les masques pour être au plus près de mes personnages et je l’espère, de l’émotion. Je continue donc à défricher, à apprendre. Je tâtonne. En 2020, je devrais m’attaquer à un nouveau roman, un polar qui se passe dans le Montana, avec un shérif qui doit enquêter sur la disparition d’un auteur ou un nouveau Maddog pourquoi pas !

MV : De belles heures de lecture à venir. Je vous remercie du temps que vous nous avez accordé. Et vous laisse, si vous le souhaitez le mot de la fin :

WE : Lire c’est entre l introspection et l’ouverture vers un ailleurs alors évadez-vous.

10 réflexions sur “Papote d’auteur Maud était avec Williams Exbrayat

  1. Bonjour, les Exbrayat viennent de la même région (Haute-Loire Loire, Ardèche), mais je ne suis pas de la famille directe de Charles Exbrayat. Un peu d’étymologie Exbrayat signifie « qui perd ses braies » = miséreux. La classe quoi. Je partage avec Charles le gout du roman de gare….

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