Le loup des Cordeliers d’Henri Loevenbruck

Le livre : Le loup des Cordeliers,  d’Henri Lœvenbruck. Paru le 24 octobre 2019 aux éditions XO. 21,90 € ; (560 p.) ; format 24 x 16 cm.

4ème de couverture :

Mai 1789, un vent de révolte souffle sur Paris.

Gabriel Joly, jeune provincial ambitieux, monte à la capitale où il rêve de devenir le plus grand journaliste de son temps. un enquêteur déterminé à faire la lumière sur les mystères de cette période tourmentée.

Son premier défi : démasquer le Loup des Cordeliers, cet étrange justicier qui tient un loup en laisse et, la nuit, commet de sanglants assassinats pour protéger des femmes dans les rues de Paris…

Les investigations de Gabriel Joly le conduisent alors sur la route des grands acteurs de la Révolution qui commence : Danton, Desmoulins, Mirabeau, Robespierre, personnages dont on découvre l’ambition, le caractère, les plans secrets.

Alors que, le 14 juillet, un homme s’échappe discrètement de la Bastille, Gabriel Joly va-t-il découvrir l’identité véritable du Loup des Cordeliers, et mettre au jour l’un des plus grands complots de la Révolution française ?

UN ENQUÊTEUR REDOUTABLE

Une fresque magistrale des premiers jours de la révolution

 

L’auteur :  Henri Lœvenbruck est né en 1972 à Paris. Écrivain, musicien et parolier, il est l’auteur de plus de quinze romans traduits dans de nombreuses langues. Polar historique, Le Loup des Cordeliers s’inscrit dans la lignée de l’Apothicaire, son plus grand succès.

 

 

 

 

 

 

 

 

Extrait :

« – Ce n’est pas la misère qui gronde. Le peuple de France n’est pas plus miséreux aujourd’hui qu’il ne l’était il y a dix, quinze ou cinquante ans ! À vrai dire, sa condition n’a cessé de s’améliorer depuis des décennies…

– Comment peux-tu dire cela ? s’offensa Gabriel.

– Parce que c’est la vérité ! Et je croyais que tu aimais la vérité ! Quand le peuple est dans la misère, il ne se révolte pas : il n’en a pas les moyens. Aujourd’hui, si la France se soulève, contrairement à ce que tout le monde dit, ce n’est pas parce que le peuple est miséreux, c’est parce que le peuple a été éclairé sur sa condition par les Lumières, et que l’État, lui, est plus pauvre que jamais…

Le journaliste fronça les sourcils.

– Ce n’est pas tout à fait vrai. Les récoltes de l’an dernier ont été les plus mauvaises depuis des décennies. Le prix du pain a tellement augmenté qu’il représente aujourd’hui plus de la moitié des dépenses d’un ouvrier ! (…) Le fossé se creuse chaque jour un peu plus entre les riches et les pauvres, qui voient seulement grandir le luxe auquel ils n’ont pas droit. 

– Je te l’accorde. Mais, dans l’ensemble, les Français gagnent mieux leur vie aujourd’hui qu’hier. L’Etat, en revanche, s’est lourdement endetté en soutenant les insurgés américains et ne peut plus assurer les fonds nécessaires aux services qu’il doit à la nation. Ce sont les conditions idéales pour une révolte. »

(…)

C’était un spectacle formidable que ces milliers de Parisiens exaltés, portant la cocarde rouge et bleue, qui suivaient en marchant comme un seul homme les canons tractés par des chevaux, en criant : «  À la Bastille ! »

Et ce peuple de Parisiens, parmi lesquels beaucoup s’enorgueillissaient hier encore de porter la perruque, allait tête nue. On avait les cheveux coupés à la Titus, et on portait le chapeau rond !

Derrière certaines fenêtres, quelques grands bourgeois, effrayés par les cris de la populace, s’étaient barricadés, mais toutes les autres étaient grandes ouvertes et, quand elle passait, on acclamait cette cohorte pleine d’espérance, on lui lançait des fleurs et des rubans, on lui criait des « Hourra ! ». Il y avait dans cette marche solennelle le symbole d’un peuple qui n’aspirait qu’à conquérir sa liberté. »

 

Chronique d’une flingueuse par Isabelle Bourdial

Le loup des Cordeliers

Henri Loevenbruck est un caméléon. Il  se glisse avec aisance dans des genres littéraires très différents : thriller, roman d’aventure, politique fiction à peine romancée et aujourd’hui roman historique. Sa plume sait adopter des styles incroyablement variés avec une facilité déconcertante. Quel écart entre l’écriture à fleur de peau de Nous rêvions juste de liberté et celle factuelle, presque journalistique, de J’irai tuer pour vous, pour citer juste ses deux précédents opus. Deux approches diamétralement opposées pour deux histoires divergentes, qui n’ont pas grand-chose en commun si ce n’est qu’elles sonnent juste, qu’elles sont l’une et l’autre étonnamment puissantes et crédibles.

Où allait se situer Le loup des cordeliers dans ce fabuleux répertoire ? Les premières pages me surprennent d’emblée. Loevenbruck a négocié un nouveau virage à 180 degrés en nous racontant une enquête policière qui se déroule aux tout débuts de la Révolution française. Il faut préciser que je n’ai pas lu L’Apothicaire, son premier roman historique. La surprise est donc totale.

Lors d’une lecture, on est forcément influencé par ce qu’on sait de l’œuvre de l’auteur. Je tente d’en faire abstraction, de découvrir ce nouveau roman avec des yeux neufs, un regard curieux mais sans a priori. Premier constat, Le loup des cordeliers est particulièrement bien ficelé. On sent chez l’auteur une volonté d’être au plus près de la vérité historique. La Révolution française ne sert pas de toile de fond. Elle occupe une place majeure dans l’intrigue. Le passage sur la charge des Tuileries, celui sur le serment du jeu de paume prennent tout leur sens. Le récit de la prise de la Bastille est en lui-même passionnant, pas seulement parce que les circonstances exactes de cet épisode fondateur sont révélées. A aucun moment, ce souci de l’exactitude ne prend le pas sur l’intrigue. Bien au contraire il la sert. Les événements historiques éclairent le comportement des personnages, ils nourrissent leurs pulsions et leurs réflexions, leur fournissent une extraordinaire scène d’action.

Lorsque j’ai vu surgir Danton ou Camille Desmoulins au détour d’une page, j’ai craint qu’ils ne soient réduits à l’état de marionnettes pour les besoins de la petite histoire, au détriment de la grande. Mais l’écueil semble avoir été évité. Henri Loevenbruck souligne leur rôle presque fortuit dans le déclenchement de la Révolution. Il décrit très bien le moment où ils basculent dans l’Histoire et la font basculer par leur engagement. L’auteur donne ses sources et on a envie de croire qu’il s’est appuyé sur des thèses solides pour bâtir son récit. Gabriel Joly, le héros qui mène l’enquête, est plutôt attachant, le récit de ses aventures bien rythmé. Bref, même si j’ai davantage frémi aux secousses de la révolution naissante qu’aux rebondissements de sa quête, j’ai vraiment apprécié la lecture de ce roman sans temps mort et attends la suite avec impatience.   

Forcément, mes bonnes résolutions n’ont pas tenu et je n’ai pu m’empêcher d’estimer le livre à l’aune de ce que j’avais déjà lu de Loevenbruck. Ce romancier est un véritable artisan, qui fait du cousu main. Il le prouve une fois encore avec sa belle imagination, sa documentation soignée et mise en valeur, ses tournures recherchées sous une apparente spontanéité.  Ce loup des cordeliers a toute sa place dans son œuvre. J’ai juste un petit regret :  j’aurais aimé une écriture un peu moins convenue, moins attendue pour le genre, plus rock’n roll. Comment dire ? Plus spitfire…

  

26 réflexions sur “Le loup des Cordeliers d’Henri Loevenbruck

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