Gaïa, Valérie Clos

Le livre : Gaïa  de Valérie Clo. Paru le 7 avril 2022 chez Buchet Chastel. 16€50. (170 p.) ; 19 x 13 cm

4e de couv : 

Une journaliste scientifique enquête sur une terrible tempête qui a sévi une cinquantaine d’années plus tôt dans le pays. Parmi les ruines d’un petit village autrefois avant-gardiste, elle découvre, le journal et les lettres de deux sœurs. Mel, enceinte, qui s’est réfugiée là avec sa famille juste avant la catastrophe. Et Laura, médecin, qui a fait le choix de rester en ville pour soigner les malades de l’hôpital.

Avec finesse et sensibilité, Valérie Clo raconte comment, face à l’adversité, nos derniers appuis restent la solidarité et l’humanité. Gaïa brosse le portrait émouvant de deux femmes. Un livre de vie et un véritable voyage au cœur de la folie climatique.

L’auteur : Valérie Clo est née en région parisienne en 1970 et a grandi dans le Midi.
Elle a fait des études scientifiques et de communication. Valérie Clo est art-thérapeute. Elle vit en région parisienne dans les Hauts-de-Seine.
Valérie Clo est aussi une écrivaine française, elle a publié  Papa bis (Pétrelle, 2000 ; Points-Seuil, 2003) et Encore un peu de patience (Pétrelle, 2002 ; J’ai lu, 2004), Amours et cha-cha-cha (Calmann-Lévy,  2004) . Ensuite elle est entré chez Buchet Chastel et parait en  2011, Plein soleil, puis Les gosses en 2013, La tyrannie des apparences en 2015, Une vie et des poussières  en 2020 et enfin Gaïa en 2022.
Extraits :
« Mon jeune collègue et moi avons été envoyés là-bas pour essayer de comprendre ce qui s’est passé il y a cinquante ans dans la région. Difficile de trouver des explications, des informations claires, comme si les gouvernements successifs avaient toujours cherché à minimiser les faits, les responsabilités et les mesures inefficaces prises pendant des années. Quant aux rescapés, la plupart sont restés en état de choc ou mutiques. Cette période reste assez opaque. »
 « Plusieurs jours infructueux sont passés à déblayer des détritus en tous genres avant de tomber sur le témoignage des deux sœurs. Je n’oublierai jamais ce moment. C’était à l’étage d’une des premières maisons du village. L’escalier en bois s’effritait, il fallait être prudent pour monter. Il y avait trois grandes chambres. Dans celle du fond, à l’intérieur d’un sac à dos, au milieu de vêtements et de cadavres de bouteilles d’eau, j’ai trouvé le carnet de Laura. Il était sec, cassant, comme s’il avait pris l’eau puis séché au soleil. Dans une autre chambre, rangées au fond d’un tiroir, protégées dans une pochette en carton, j’ai trouvé les lettres de Mel. Ces écrits semblent avoir été rédigés à la même époque sans que les sœurs se soient concertées. Une manne ! Une chance qui nous permet de mieux comprendre le déroulement des événements et les nombreux phénomènes climatiques de cette période. J’ai glissé ma trouvaille dans mon sac sans rien dire à mon collègue et j’ai poursuivi les fouilles. Ce n’est que le soir, après le dîner, au moment où nous nous reposions autour du feu de camp, que j’ai sorti mon trésor et que, à haute voix, en suivant la chronologie des dates, j’ai commencé la lecture. »
« La terre bouillonne, je l’entends gronder sous mes pieds. Nombreux sont ceux qui refusent d’écouter sa révolte. Ils préfèrent fermer les yeux, ignorer que, la nuit, des loups affamés viennent hurler en ville, que des ours sauvages quittent leurs abris pour saccager les magasins à la recherche d’un peu de nourriture. »

 

La journée Fantastique sur Collectif Polar

Le post-it de Ge

Gaïa, Valérie Clo

C’est par hasard que je suis tombée sur ce roman, un dimanche matin en allant à la Griffe noire rejoindre une amie. C’est la couverture qui m’a attirée, ce ciel orange, un peu comme celui que nous avions eu quelques semaines plus tôt quand une tempête de sable du Sahara avait ramené ses particules de sable jusque dans nos campagnes et teinté notre horizon d’un voile jaune.

Je ne savais pas à quoi m’attendre, je ne lis jamais les 4e de couverture, mon  amie curieuse m’a dit après l’avoir lu : vas-y ça devrait te plaire. Moi ce qui me plaisait aussi, mais que j’ai tu, c’est que le roman soit court. J’avais juste envie d’une lecture pour la soirée.

Oui mais alors que nous raconte « Gaïa »

La nature est devenue incontrôlable, épidémies, tempêtes, tsunamis, canicules… Elle réduit l’homme à l’impuissance.  A l’aube du 22e siècle, pour mieux appréhender les dérèglements climatiques, une journaliste scientifique enquête sur les tempêtes en cascade qui ont sévi une cinquantaine d’années plus tôt dans le pays.

En pleine nature, dans les ruines d’un petit village autrefois avant-gardiste, elle découvre, conservés dans une maison abandonnée, le journal et les lettres de deux sœurs. Mel, enceinte, qui s’est réfugiée là avec sa famille juste avant la catastrophe. Et Laura, médecin, qui a fait le choix de rester en ville pour soigner les malades de l’hôpital.

Face à l’adversité chacune pense à l’autre, se demandant comment sa famille, ses parents vont traverser cette nouvelle épreuve. La nouvelle tempête qui s’annonce semble être la plus forte jamais connu, elle aura c’est certain des effets dévastateurs. Elle laissera son lot de désolations et elle sera meurtrière, très meurtrière !

A travers leurs écrits respectifs, l’auteure nous offre là deux tempéraments, deux points de vue différents, deux façons discordantes d’aborder l’adversité. Nous sommes là, presque dans un roman épistolaire, l’originalité est que les lettres de Mel à sa sœur ne lui seront pas adressées et que le carnet de note de Laura pour Mel ne sera pas lu par celle-ci, chacune répond à l’autre.

A travers le regard de ces deux femmes nous allons vivre un voyage initiatique au cœur de la folie climatique. Nous sommes ici dans une dystopie utopiste un brin féministe. Mais notre autrice ne cherche pas à faire un roman de science-fiction, non elle ne cherche pas à développer le coté éco-thriller post-apocalyptique. Au contraire elle nous propose un récit intimiste, tout en sensibilité. Une histoire humaine non scientifique, une réflexion sur notre humanité, sur nos réactions face à l’adversité, nos égoïsmes, notre solidarité. Une histoire qui raisonne aujourd’hui dans notre actualité, même si le fléau qui nous guette n’est pas le même.

Et puis, elle nous questionne sur l’avenir de la planète, sauront nous faire face au défi climatique qui nous attend. Rien n’est moins sûr quand on lit ce roman. L’homme s’est cru tout puissant face à la nature, sa science et sa technologie ne lui sont pourtant ici d’aucun secours. La nature a repris ses droits. La terre et les éléments ont pris le contrôle. L’Homme suivra-t-il a tout cela ?  La réponse est peut-être dans cet émouvant et ensorcelant roman.

Le hasard a bien fait les choses, j’ai réellement fait une excellente pioche en choisissant Gaïa. Une lecture qui m’a émue, charmée et captivé. Alors je le dis haut et fort, cette lecture s’est révélée être un vrai coup de cœur.

 

 Autres extraits :
« Depuis des mois, je suis prise dans ce rouleau compresseur et ma vie, je suis obligée de le concéder ici, ne m’appartient plus. J’aimerais pouvoir faire mon métier normalement mais cela est devenu à présent impossible. Je passe mon temps à panser et soigner des souffrances qui ne cessent de s’intensifier, avec ce sentiment, chevillé au corps, d’être une goutte d’eau dans un océan déchaîné. Je tente de faire au mieux mais, je le sais, cela est vain. La seule liberté que je m’accorde est celle de décrire le chaos dans lequel nous sommes plongés depuis des années. Rendre compte est le seul moyen que j’ai trouvé pour souffler. Sans doute, aussi, pour apaiser mes peurs. »
« Ici, une bonne partie du village a décidé de rejoindre les grandes villes. Seules quelques familles d’irréductibles n’ont rien voulu entendre des directives gouvernementales et ont fait le choix de rester. Ces derniers mois, Internet a été le lieu d’échange entre ceux qui désiraient quitter la campagne et souhaitaient échanger leur maison contre un appartement en ville et ceux qui, comme nous, ont fait le mouvement inverse. Le gouvernement nous traite d’irresponsables.
Personnellement, je n’avais pas envie de partir, c’est Max qui a insisté lorsqu’il a su que j’étais enceinte. Depuis que les mesures démographiques de l’enfant unique ont été votées, il n’est pas de bon ton d’afficher en ville une famille nombreuse. Et tout est fait pour que les parents y renoncent, surtout la suppression des aides dès le deuxième bébé. Sans parler des appartements de plus en plus petits et des services de santé qui se réduisent comme peau de chagrin. Ils parlent même maintenant d’instaurer une taxe à partir du deuxième enfant. »

22 réflexions sur “Gaïa, Valérie Clos

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