De mort lente de Michaël Mention

Le livre :  De mort lente de Michaël Mention – Paru le 11 mars 2020 chez Stéphane Marsan –  20 €  (416 pages) ;  14 x 21 cm

 4ème de couverture :

« Nous sommes en guerre. Il en va de notre évolution, de l’avenir de l’humanité. Ils noyautent la Commission, alors nous noyautons l’industrie. Tous les coups sont permis. »

Marie, Nabil et leur fils étaient heureux.
Philippe était un éminent scientifique.
Franck était journaliste au Monde.
Désormais, ils sont victimes du puissant lobby de l’industrie chimique. Leur erreur : s’être interrogés sur les perturbateurs endocriniens, ces substances présentes dans notre alimentation et les objets de notre quotidien, responsables de pathologies telles que l’infertilité, le diabète ou encore le cancer.
Marie et les autres exigeaient des réponses, ils subissent une riposte d’une violence sans précédent. Rien ne leur sera épargné. Une guerre sans pitié, de Paris à Bruxelles, de la Bourse à la Commission européenne, où s’affrontent santé publique et intérêts privés, notre avenir et leurs profits.

L’auteur : Né à : Marseille , en 1979, Michaël Mention est romancier et scénariste.
Adolescent, il dessine des bandes dessinées et intègre, en 1999, un atelier d’écriture à l’Université du Mirail à Toulouse. Par la suite, il glisse des chroniques aux nouvelles jusqu’à l’écriture en 2008 de son premier roman, Le Rhume du pingouin.
Il devient une étoile montante du polar avec Sale temps pour le pays (Grand Prix du roman noir français au Festival de Beaune en 2013) ainsi que Et Justice pour tous (Prix Transfuge du meilleur espoir polar en 2015), tous deux publiés chez Rivages.
Il est aussi l’auteur d’un récit documentaire, Fils de Sam (2014), et de Jeudi noir (Ombres noires, 2014), un roman sur le match de football France-Allemagne de 1982.
Depuis il a publié Bienvenue à Cotton’s Warwick en 2016, Power en 2018, chronique relatant l’histoire des black panthers, Manhattan Chaos en 2019 inspiré par son goût pour la musique Soul de Miles Davis.
Extraits :
« Son gosse, on le chérit, et s’il est différent, on le chérit encore plus. Tellement que c’en devient aliénant. Alors, de temps à autre, c’est vital de s’imaginer sans lui. Le genre de trucs que l’on garde pour soi, car personne ne pourrait comprendre. Le cerveau humain peut intégrer toutes sortes d’aberrations, du concours de Miss France au génocide du Rwanda, mais il n’est pas adapté à ça, à cette nuance qui conduit à rejeter son absolu. »
 
« Sur le mur apparaît un tableau, « Toxic Substances Control Act », répertoriant les produits chimiques commercialisés à travers le monde : 85 000 substances, soit une production de dix tonnes par an. Inventaire d’autant plus stupéfiant qu’il n’inclut pas les pesticides, les cosmétiques et les additifs alimentaires, soumis à d’autres lois.
— Voici donc les centaines de produits qui circulent, au quotidien, dans notre sang.
— Et dans le liquide amniotique, ce qui n’inquiète pas les industriels.
— Certains ont tout de même retiré leurs produits du marché.
— Certains, oui…
— Plus ils commercialisent leurs produits, plus le taux de pathologies augmente. Je ne dis pas que c’est forcément lié, mais ça a de quoi intriguer.
— Action, réaction. Notre socle de réflexion.
— Et encore. Pour définir les perturbateurs, il va falloir creuser, ce qui fera émerger de multiples nuances et compliquera tout. C’est le serpent qui se mord la queue.
— Les autres l’ont bien compris. Nous pourrions établir un lien entre tel produit et telle pathologie, mais ils le balaieraient d’un revers.
— « Corrélation n’est pas causalité. » »
 

La chronique jubilatoire de Dany

De mort lente de Michaël Mention

Nouveau roman et hop, nouvel univers.

La part d’exotisme est assurée en visitant la « commission européenne » à Bruxelles. Un monde éloigné de notre quotidien dont il a pourtant pour mission de se préoccuper, une toute autre dimension que celles de la vie de Marie, Nabil et de leur fils Léo.

Surprise ? Vous avez dit surprise ? C’est peu de le dire !

Au cours de la lecture de ce roman de Michaël Mention, les personnages s’installent doucement, ils sont nos potes, nos voisins, nos collègues et nous adhérons progressivement à leurs quêtes, avec leurs idéaux et leurs angoisses. Un récit chronologique qui se déroule sur une dizaine d’années (2010-2020), riche en événements politiques, qui a vu Daech et ses attentats, la guerre en Libye, trois Présidents de la République en France et tant d’autres choses que nous évoque l’auteur au cours de ces 415 pages.

Nous adhérons bien sûr à la cause de Marie et Nabil, à l’angoisse révélée par le scandale sanitaire des agents chimiques qui envahissent de façon intrusive nos quotidiens. Le couple trouvera un allié avec Franck, journaliste au Monde ce qui procure à l’auteur l’occasion de montrer comment l’argent de la publicité influe sur la ligne éditoriale de la presse car même la plus vertueuse à l’origine, peut cacher la finance.

Oui Michaël Mention est un formidable lanceur d’alerte, puisque nous sommes tous concernés par ce sujet. Comment les entreprises prennent-elles le pas sur la santé, comme la finance dirige-t-elle le monde, comment l’empoisonnement de l’humanité peut-il se faire en toute impunité ?
C’est la lutte du pot de terre contre le pot de fer mais même les élites sont le pot de terre de quelqu’un !

En cocoonant dans notre confort quotidien, on peut se croire très loin des enjeux financiers de cette société de consommation alors qu’en fait on y est immergés (nos meubles, notre nourriture, nos vêtements, …)

Le talent de Michaël Mention fait que le doute s’immisce dans notre esprit, tant nous sommes étrangers à cette planète des « experts » (quoique l’actualité récente les ait mis avec outrance, en lumière). Que dire de la lutte entre l’intérêt public confronté à l’intérêt privé ? Que dire quand l’intégrité des justes et de leur famille est menacée … jusqu’où serions-nous prêts à aller pour défendre nos idéaux au risque de mettre en péril nos proches ? Et cependant, la parano ambiante milite aujourd’hui pour alimenter la théorie du complot …

J’arrête ici la liste de mes questionnements, je suis totalement sous le choc de ce bouquin qui confirme si toutes fois il en était besoin, la capacité de son auteur à traiter des grands problèmes de notre société en « se cachant » derrière une intrigue bien menée. Vous l’avez compris, De mort lente est un incontournable de ce début 2020 même si hélas, vu sa date de naissance, il n’a pu bénéficier de la promotion qu’il méritait …

Au fait les auteurs, on adore quand vous vous faites des clins d’œil dans vos livres …Grossir le ciel est un très bon bouquin aussi et que dire du policier hybride Yvan Smadja !

Lu en version numérique. epub  9.99 €

Autres Extrait :
« Aujourd’hui, pour être libre, faut être seul. Pas d’actionnaires, pas de pression…
— … pas de meuf, pas de gosses, ça va, je le connais, ton discours. OK, t’es peut-être un « journaliste libre et indépendant », mais est-ce que t’es heureux pour autant ? C’est ça, la vraie question à te poser : Franck, est-ce que t’es heureux ?
— Ben…
— Alors, fais pas chier et bouffe ta salade. »
 
 « Car le monde a changé, Le Monde a vieilli, et, s’il reste dans la course, frondeur comme au premier jour, il n’est plus tout seul. Mediapart, Le Canard, Internet… Avec le temps, le boss s’est vu dépasser, regrettant la grande époque des grandes affaires, celles de l’ère Mitterrand, Rainbow Warrior, écoutes de l’Élysée, ventes d’armes du fiston, etc. Mais là, avec ChimTek, il sait qu’il a un coup à jouer pour la boîte, et pour sa fin de carrière. »

12 réflexions sur “De mort lente de Michaël Mention

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