Le poids du monde, David Joy

le livre : Le poids du monde de David Joy. traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Fabrice Pointeau. Paru le 30 août 2018 chez Sonatine. 21€. (309 p.) ; 20 x 14 cm. Réédité en poche chez 10/18 le le 4 juillet 2019, 7€80. (308 p.) ; 18 x 11 cm. 

4e de couv :

Après avoir quitté l’armée et l’horreur des champs de bataille du Moyen-Orient, Thad Broom revient dans son village natal des Appalaches. Il s’installe dans sa vieille caravane près de la maison de sa mère, April, qui lutte contre de vieux démons. Là, il renoue avec son meilleur ami, Aiden McCall. Après la mort accidentelle de leur dealer, Thad et Aiden se retrouvent soudain avec une quantité de drogue et d’argent inespérée. Cadeau de Dieu ou du diable ?

Après Là où les lumières se perdent, unanimement salué par la critique, David Joy nous livre un nouveau portrait saisissant et désenchanté de la région des Appalaches, d’un réalisme glaçant. Un pays bien loin du rêve américain, où il est devenu presque impossible d’échapper à son passé ou à son destin. Cette véritable tragédie moderne nous révèle un des jeunes auteurs les plus talentueux de sa génération.

Crédit photo: ©Ashley Evans

L’auteur : David Joy est né à Charlotte, en Caroline du Nord, le 11 décembre 1983.  Il vit à Webster, North Carolina. Titulaire d’une licence d’anglais obtenue avec mention à la Western Carolina University, il y poursuit naturellement ses études avec un master spécialisé dans les métiers de l’écrit. Il a pour professeur Ron Rash qui l’accompagnera et l’encouragera dans son parcours d’écrivain. Après quelques années d’enseignement, David Joy reçoit une bourse d’artiste du conseil des Arts de la Caroline du Nord. Il se met à écrire pour le Crossroads Chronicle et pour lui-même. Son premier roman, Là où les lumières se perdent, remporte un franc succès et est finaliste du prix Edgar du meilleur premier roman en 2016.David Joy est également l’auteur d’essais. Growing Gills : A Fly Fisherman’s Journey a été finaliste de deux prix littéraires : le Reed Environmental ainsi que le Ragan Old North State for Creative Non Fiction. Il vit aujourd’hui à Webster en Caroline du Nord au beau milieu des Blue Ridge Mountains et partage son temps entre l’écriture, la chasse, la pêche et des travaux manuels.Après Là où les lumières se perdent (Sonatine Éditions, 2016), Le Poids du monde est son deuxième roman publié en France.

 

Extrait : 
Il marcha dans la cour et s’étendit dans l’herbe, la rosée imprégnant ses vêtements et lui mouillant le dos. Le sol semblait bourdonner, comme s’il renfermait une musique qui vibrait contre son corps. C’était un fourmillement plaisant, et il se laissa prendre plus profondément par la terre.
Au-dessus, les étoiles brillaient, et lorsqu’il parcourut des yeux son propre corps, les cieux accompagnèrent son regard. Les étoiles laissèrent leur trace sur lui, si bien qu’il devint le reflet de ce qu’il y avait là-haut. Il souleva son tee-shirt et les vit sur sa peau. Il les sentit. Il sentit les étoiles qui le touchaient et songea que ça devait ressembler à ça quand on était touché par la grâce de Dieu. Il s’enfonça un peu plus profondément. Quelques secondes de plus et il s’enfoncerait plus profondément encore. Il inhala autant d’air que possible, comme s’il était sur le point de plonger dans une piscine sans fond, ferma les yeux, et à cet instant il capitula. Aiden laissa le sol l’avaler tout entier.

 

L’avis de Jean Luc

Le poids du monde, David Joy

Mon premier roman de David Joy et pas le dernier !
J’ai découvert cet auteur en regardant la Grande Librairie et je l’avais trouvé atypique lors de son interview et aussi  en raison de l’endroit où il vivait.

Et bingo, ce roman  » Le poids du monde » m’a remué et parle d’une Amérique cruelle, sans règles, avec un ascenseur social en panne mais qui reste aussi profondément humaine..

Oui, quand on lit ce roman, on se prend une claque mais il est difficile de rester insensible devant tant de noirceur, parce que tout au long de cette histoire on s’attache au destin de deux hommes en particulier : Thad et Aiden.
Deux pauvres types à qui l’Amérique ne fait pas de cadeaux, deux gars à la dérive coincés dans un coin paumé des Appalaches
Il est question de famille, de drogue et de violence.
Comment lutter contre le déterminisme social et parvenir à tout quitter pour vivre dans un coin normal ?
Comment se reconstruire après la guerre ou après une jeunesse détruite par le suicide de son père ?
Vous l’aurez compris, David Joy, nous propose des portraits  d’écorchés vifs où chacun traîne derrière lui ses casseroles plus ou moins grosses.

Et là, où ce roman interpelle, c’est qu’il va décrire le chemin de vie de plusieurs personnages de ce coin perdu nommé  Little Canada dans les Appalaches.
David Joy, le fait très bien.
Qui ne s’est pas posé la question de savoir ce que sont devenus ses camarades de classe ? L’auteur évoque plusieurs destins, mais toujours avec des victimes ou des prédateurs…
Et il y a aussi, toutes les descriptions pleines de violences, de drogue, de sexe, qui  plonge le lecteur dans une sorte de voyeurisme sans aucune censure, très vite je me suis dit  « mais jusqu’où vont aller ses personnages ? »
Je me suis attaché à Thad et Aiden, tous deux ballotés, comme des troncs d’arbre dans une  rivière, changeant brusquement de direction en fonction des obstacles…

Oui, David Joy nous livre avec « Le poids du monde » un roman dur, mais aussi une histoire émouvante.
Un livre doté d’une écriture crue, réaliste avec des accents  lyriques et tout ça,  en dépit de sa violence…
Difficile de faire mieux !

Ci-dessous un extrait parmi tant d’autres :
« Les conversations entre hommes avaient toujours été des rivières boueuses, la surface projetant un reflet ondoyant de ce qu’il y avait en-dessous, mais le fond demeurant une chose mystérieuse qui serait à jamais cachée. »

 
Autre extrait :
Pendant les années où Thad avait été absent, Aiden avait été jaloux. D’autant que c’était en partie la faute de son ami s’il n’avait pu partir lui aussi. Quand l’agent de sécurité et une unité cynophile avaient un matin passé au crible les couloirs er le parking du lycée de Smoky Mountain et découvert 50 grammes d’herbe dans la voiture d’Aiden, la vérité était qu’il appartenaient à Thad. Mais c’était la bagnole d’Aiden, et il n’avait pas bronché. Avec son passé de bagarreur, sans parler de la fois où il avait planté un rapporteur dans l’épaule du chauffeur de bus du collège, il était un coupable idéal, et l’administration n’avait pas sourcillé. Il avait assumé et accepté le renvoi, les travaux d’intérêt général et le cours sur les méfaits de la drogue. Thad et lui n’étaient que deux fumeurs de joints, mais l’État déterminait la sévérité de la sanction, et toute quantité supérieure à 25 grammes était passible d’une condamnation. Ç’avait été le début de son casier judiciaire, et la raison pour laquelle il n’avait pas pu s’engager dans l’armée. Mais vu dans quel état Thad était revenu, il ne savait trop lequel des deux en avait le plus bavé ? Ils s’étaient tous deux fait tirer le tapis de sous les pieds, et ils se retrouvaient comme ds cons.
Le Thad qui s’était barré avec enthousiasme à dix-huit ans, prêt à buter des enturbannés qui avait jeté des avions sur des gratte-ciel, n’était pas le même que celui qui était rentré clopin-clopant quatre ans plus tard avec un disque fissuré à la base de la colonne. Mais les séquelles mentales étaient encore pires que les physiques., car il était désormais constamment sur le qui-vive, et ses rêves le plongeaient dans un état de panique. Quand il avait quitté le comté de Jackson, Thad n’était qu’un gamin qui ignorait tout du monde, mais il était revenu estropié et endurci par l’amertume et la colère. Et c’est ce Thad qui franchit soudain la porte de k’hôpital avec un compte à régler. 

12 réflexions sur “Le poids du monde, David Joy

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