American Predator, Maureen Callahan

Le livre : American Predator de Maureen Callahan, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Corinne Daniellot. Paru le 4 novembre 2021 chez Sonatine éditions. 21€. (360 p.) ; illustrations en noir et blanc, cartes ; 22 x 14 cm

4e de couv : 

C’est l’un des tueurs en série les plus terrifiants des États-Unis. Il a réellement existé, et pourtant, vous ignorez son nom… Pour l’instant.

Anchorage, sur les rivages glacés de l’Alaska. Dans la nuit du 1er au 2 février 2012, la jeune Samantha Koenig termine son service dans un petit stand de café battu par la neige et le vent. Le lendemain matin, elle n’est toujours pas rentrée chez elle. Une caméra de vidéosurveillance apporte vite la réponse : on y voit un inconnu emmener l’adolescente sous la menace d’une arme. Commence alors une véritable chasse à l’homme, qui permet au FBI de mettre la main sur un suspect potentiel, Israel Keyes. Un homme qui semble pourtant au-dessus de tout soupçon, honnête travailleur et père d’une petite fille.

À travers une enquête digne des meilleurs thrillers, Maureen Callahan retrace le parcours meurtrier d’un prédateur au modus operandi glaçant qui a sévi durant des années sur l’ensemble du territoire américain, sans jamais être inquiété. Véritable voyage au coeur du mal, American Predator pénètre les rouages angoissants d’un esprit malade et ceux, grippés, d’une machine policière empêtrée dans ses luttes internes. Un périple sauvage, aux confins de la folie.

L’auteur : Maureen Callahan est journaliste d’investigation, auteure et chroniqueuse. Elle a signé des articles pour le New York Post et Vanity Fair, et vit à New York. Elle a grandi à Long Island, dans l’État de New York.

Extraits :
« L’ensemble de la psychologie criminelle et judiciaire demeure hanté par une question fondamentale : est-ce qu’on naît psychopathe ou est-ce qu’on le devient ? C’est un débat qui remonte à très longtemps, puisque Socrate lui-même était convaincu que les êtres humains n’étaient pas capables de faire le mal délibérément et que tout acte répréhensible était le fruit de l’ignorance ou de la folie. »
« C’était un monstre d’un nouveau genre. Un monstre qu’on soupçonne d’être responsable de la plus grande série de disparitions et de meurtres non élucidés de l’histoire américaine contemporaine. »
« La première règle dans toute enquête, c’est de garder l’esprit ouvert. On évite de vouloir faire coller la situation à une hypothèse prématurée, au risque de ne plus voir la situation que par ce prisme – en particulier s’il peut s’agir d’un crime. »

 

Le billet de Chantal

American Predator Maureen Callahan

Pour une fois, il ne s’agit pas d’un polar, bien que ce récit en comporte tous les ingrédients : une disparition, un meurtrier, une enquête, une arrestation … C’est une histoire vraie, qui nous entraîne dans les recoins les plus sombres d’un esprit dérangé, celui d’un tueur qui va très vite se révéler être un serial killer.

Il s’agit de la relation d’une enquête, menée à la suite de la disparition d’une jeune fille. Cela se passe à Anchorage, en février 2012, et Samantha Koenig ne regagnera jamais son domicile, après son service dans un stand de café en plein air.

L’auteure de ce récit, journaliste d’investigation, s’est appuyée (elle le précise à la fin) sur des documents officiels, ceux des enquêteurs, du FBI, sur des témoignages, des articles et reportages de l’époque des faits, et aussi sur les interrogatoires du meurtrier. Elle en a tiré son récit, assez fascinant de par la banalité apparente du coupable.

Après sa disparition, très vite, grâce aux caméras de surveillance, on comprend que la jeune fille a été enlevée par un homme mais très vite aussi, on perd la trace du kidnappeur, jusqu’à ce qu’il se mette à utiliser la carte bancaire de Samantha. Et la police s’aperçoit que l’homme se déplace beaucoup. Mais seul le hasard va aider les enquêteurs : lors d’un contrôle routier, comme tout un chacun peut en subir, la police arrête un suspect, Israël Keyes, et contre toute attente, ce dernier ne nie rien, ne résiste pas, ne crie pas au scandale, ni à l’erreur judiciaire, d’autant qu’on trouve, entre autres choses, dans sa voiture des chaussures blanches qui correspondent à celles que portait le kidnappeur de Samantha sur les vidéos. … Premier coup de tonnerre dans cette affaire …

La suite va bouleverser encore ce à quoi on peut s’attendre de la part d’un meurtrier, car Keyes va raconter sans trop de difficultés sa passion pour le meurtre, et surtout sa façon de procéder. C’est un organisateur né, méticuleux, et quand il a repéré une proie, plus rien ne l’empêchera d’aller jusqu’au bout, ce bout étant la disparition totale des victimes. Keyes se raconte, mais il ne dit que ce qu’il veut bien dire. Il avouera donc le meurtre de Samantha, et ce qu’il a fait d’elle, il évoquera aussi l’exécution d’un couple, laissera le doute planer sur une autre personne … Mais de fil en aiguille les enquêteurs se rendent compte qu’ils ont à faire à un monstre sous l’apparence d’un homme banal, d’un père attentif à sa petite fille. On apprend ce que fut son enfance, plutôt marginale, et c’est à cette époque que Keyes a développé ses tendances meurtrières.

Ce récit est un formidable document, qui se lit quasi d’une traite tant c’est prenant. On a l’impression de passer derrière le décor, de pénétrer dans les coulisses de nos lectures les plus addictives, celles qui nous font tourner les pages en dépit de l’heure … Et puis l’on se rappelle que c’est la « vraie vie », et l’on est malgré soi abasourdi de voir comment un tel homme a pu, de nombreuses années durant, échapper à la justice, bien qu’il ait commis …. ? on ne sait pas exactement combien de crimes.

Ce n’est pas un polar au sens propre, mais ce récit se lit comme un thriller. On connaît le coupable relativement vite, mais on veut comprendre : pourquoi ? On ne le saura pas forcément, mais cette relation brosse un portrait de serial killer dont on cherchera peut-être désormais l’ombre derrière les personnages des romans que l’on dévore. À recommander !

 

Autres extraits :
« Les plus grands profileurs criminels du FBI sont à court d’idées. Tout ce qu’ils peuvent dire à l’équipe chargée de l’affaire, c’est que Keyes est un des sujets les plus terrifiants qu’ils aient jamais rencontrés. Il n’existe pas de précédent pour un tueur en série usant de ce mode opératoire : pas de victime type, pas de lieu de prédilection pour la traque, le meurtre ou l’élimination des cadavres, cette habitude de mettre rapidement des milliers de kilomètres entre ses victimes et lui, des caches enterrées dans tout le pays… Et il se sert de ses voyages pour éviter de se faire repérer. De ses voyages ! Quand on pense à toutes les contraintes de ce genre de déplacement : la réservation des billets, la sécurité et les fouilles à l’aéroport, les vols retardés ou annulés, la paperasse à remplir pour louer une voiture, le souci de s’en remettre à des cartes papier pour se repérer – ni GPS ni Google Maps sur le téléphone. Puis il lui faut prendre une chambre d’hôtel ou dénicher un terrain de camping, demander son permis de chasse et de pêche dans les lieux qu’il visite… Et, bien sûr, réussir à trouver une ou des victimes (sans oublier d’aller déterrer une cache enfouie des mois ou des années plus tôt dans un endroit qu’il n’a gravé que dans sa mémoire) et se débarrasser des cadavres sans jamais laisser la moindre trace derrière lui. L’efficacité dont fait preuve Keyes dans sa gestion du temps est sidérante. »
 
« N’importe quel flic le sait : les premières heures d’une enquête sont déterminantes. C’est à ce moment-là qu’on peut dégager les pistes les plus pertinentes et qu’on mène les interrogatoires les plus révélateurs. Et puis, confrontés à un tout nouveau mystère et à de tout nouveaux protagonistes, les inspecteurs eux-mêmes sont au maximum de leur curiosité et de leur investissement. Tout cela donne le ton de l’enquête. Pour ce qui est des disparitions, surtout quand il s’agit d’un enfant (et Payne considère Samantha comme une enfant), ces premiers moments offrent aux inspecteurs les meilleures chances de retrouver les victimes saines et sauves – encore faut-il savoir les exploiter. »

3 réflexions sur “American Predator, Maureen Callahan

  1. J’avais déjà repéré sur le blog de L’oeil noir, et depuis il est dans ma liste d’envies. Mais j’attend un peu pour me lancer, parce que c’est une histoire vraie justement. Et que je préfère être prête pour le découvrir. Merci Chantal pour cette chronique 😊

    Aimé par 1 personne

Vous avez la parole, laissez un commentaire, ça fait toujours plaisir.

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s