Ces dames du noir : Ge notre porte Flingue passe à la question Caroline Vallat

Ces dames du noir : Rencontre d’une libraire et d’une bibliothécaire.

Aujourd’hui je vous propose de découvrir Caroline Vallat, libraire à la Fnac de Rosny 2. Caroline organise les 26 et 27 mai prochain un salon du polar dans son établissement, aussi j’ai voulu en savoir plus et voici dans son audition.

 

GVL : Bonjour Caroline es-tu prête à passer sous le feu des questions ?

Attends, je me maquille un coup !

1e Partie : 

GVL : Alors pour démarrer tu pourrais répondre déjà ces premières questions ?

Prête !

 GVL : Tu es libraire mais depuis combien de temps exerces tu ce métier ?

Je suis libraire depuis l’an 2000.

 GVL : Et pourquoi l’avoir choisi ? Ton boulot, vocation ou hasard ?

Je suis rentrée en France, après avoir passé 6 mois aux Etats-Unis et en Angleterre, j’avais 24 ans. Jusqu’alors je n’avais fait que des petits boulots et beaucoup voyagé et je me suis dit, “Il faut que je me pose, qu’est-ce que j’ai envie de faire vraiment dans ma vie ?” Je ne trouvais pas et puis je me suis demandée quel était l’élément omniprésent, récurrent, dans ma vie, c’était le livre. Et là, l’évidence !

Je suis allée au CIDJ me renseigner sur les filières du métier du livre. J’ai commencé un BTS édition que j’ai lâché très vite car j’aime trop être en contact avec le public, le métier de libraire s’est donc vite imposé.

GVL : Quelles études as-tu fais pour cela ?

J’ai suivi une formation proposée par la Chambre de Commerce de Lyon, j’ai passé la dernière session de l’examen d’entrée en 2000, j’ai été prise et je me suis installée un an dans la ville des Quais du Polar.

 GVL : Quel a été ton parcours en librairie ?

J’ai fait 2 stages pour valider mon BTS librairie, à la Fnac Montparnasse à Paris.

Puis j’ai eu mon premier CDI chez Gibert Joseph où j’ai travaillé 2 ans.

J’ai démissionné car il me manquait une liberté d’action que je n’avais pas mais que je savais pouvoir trouver à la Fnac.

Pendant 2 ans, j’ai fait des remplacements réguliers dans les Fnac parisiennes, surtout celle du Forum des Halles, mais il n’y avait pas de CDI à pourvoir.

Je suis partie bosser au Virgin Mégastore des Champs-Elysées pendant quelques mois où là, j’ai refusé un CDI. Je voulais revenir travailler à la Fnac.

GVL :  Ensuite je veux bien que tu me parles de ton arrivée à la Fnac Rosny 2.

Après une expérience de 4 ans en librairie, j’ai enfin décroché mon CDI tant attendu à la Fnac ! Celle de Rosny 2 où je travaille depuis 2004. J’ai démarré au rayon tourisme puis je me suis occupée du rayon jeunesse quand je suis revenue de mon premier congé maternité.

  GVL :  Et comment tu es arrivé à t’occuper du rayon polar ?

J’ai eu les rênes du rayon polar quand je suis revenu de mon congé parental en 2011.

J’ai beaucoup bossé (et lu !) de chez moi quand j’étais à la maison avec mes 3 enfants (j’ai administré jusqu’à une vingtaine de pages d’auteurs sur Facebook) et j’ai noué énormément de contacts avec des éditeurs, des relations-libraire et des auteurs pendant ces années-là.

J’ai donc repris le travail avec un carnet d’adresses rempli et c’est aussi à ce moment-là que j’ai vraiment démarré les rendez-vous dédicaces à Rosny.

GVL : Comment choisis-tu les romans que l’on pourra trouver dans ton rayon polar ?

Je lis une centaine de livres par an et principalement du noir. Je reçois beaucoup de Services de Presse, mes contacts relations-libraire me connaissent bien et me font découvrir de nouveaux auteurs qui pourraient me plaire. J’ai également beaucoup d’interactions avec mes amis libraires et lecteurs, on se parle de nos coups de coeur, on échange, on se donne envie de lire tel ou tel livre. Et puis parfois, mes clients me donnent aussi envie de lire des livres qu’ils ont aimés ! Et il y a aussi les auteurs que je suis et dont je lis tous les livres (et ils sont nombreux !).

GVL : Comment as-tu constitué ton fond polar. Car il doit bien y avoir un socle de polar dans ta librairie en plus des nouveautés ? 

J’avoue que j’ai des coups de coeur permanents dans mon rayon, des auteurs “chouchous” que je mets en avant très souvent sur ma table passion. J’alterne bien sûr, pour que ce ne soient pas toujours les mêmes titres mis en avant. Et puis il y a les nouveautés à placer, à lire et à défendre ! Parfois c’est un casse-tête que de trouver la place de tout présenter !

 

2ème Partie

GVL :  Depuis quelques années tu invitais régulièrement des auteurs en dédicace dans ta librairie mais pas seulement… tu as monté un salon. Comment t’es venue cette idée ?

La 2ème édition du salon “Rosny soit qui mal y pense” sera ma 30ème organisation de dédicace (commencée avec Maxime Chattam en 2005). Jusqu’à maintenant, je faisais des dédicaces groupées (avec 3 voire 4 auteurs ensemble) ou avec un auteur phare tels que R.J. Ellory, Michel Bussi ou encore Franck Thilliez.

C’est une idée de la chargée de communication de la Fnac, qui m’a proposée l’idée d’un Salon fin 2016 et en mai 2017, il était monté, c’était parti ! Le challenge à relever me plaisait.

GVL :   Un vrai premier salon. Raconte-nous cette aventure.

J’ai bossé comme une dingue pendant 5 mois pour monter ce Salon. J’ai contacté tous mes copains auteurs et quelques autres dont j’aime l’univers et l’écriture. Je voulais Olivier Norek en premier président car je suis fan de sa trilogie avec Victor Coste qui se passe dans le 93 justement. Pour la date, j’ai demandé à Marin Ledun, que je voulais absolument recevoir, de me donner ses disponibilités en mai. Ensuite j’ai essayé d’équilibrer et d’avoir des auteurs porteurs pour pouvoir également inviter de nouveaux auteurs moins connus que je défends. Pour la première édition, je voulais faire gagner des livres, j’ai donc contacté les éditeurs et les relations-libraire qui ont accepté de m’envoyer le dernier livre poche ou grand format de chacun de leurs auteurs invités. Des animations comme la Murder Party animée par le comédien Lionel Aknine ou le studio photo ont été de grands succès et tout a fonctionné. Le résultat était à la hauteur du travail fourni et de mes espérances : les auteurs et les lecteurs étaient au rendez-vous pour le premier salon polar Fnac le 20 mai dernier !

GVL :  Pourquoi ce nom, Rosny soit qui mal y pense ? Comment il a été choisi

C’est l’idée de Bernard Minier qui a transformé l’expression “Honni soit qui mal y pense” en “Rosny soit qui mal y pense” la première fois qu’il est venu en dédicace en 2014 à la Fnac de Rosny ! J’avais tellement aimé son idée que je la lui ai piquée quand on a cherché un nom au Salon.

 

GVL : Dis moi  Caroline , un salon c’est un sacré investissement en temps et en énergie, comment prépare-t-on un tel événement ?

Je courais 5 km tous les matins et 1 heure de natation le soir.

Plus sérieusement (même si j’aurais bien aimé !), pour la première édition, j’ai bossé tous les jours pendant 5 mois. Et souvent au détriment de ma famille. J’étais tellement stressée, j’avançais dans le noir. Je ne savais pas comment cela allait se passer, ni même si le public serait au rendez-vous ! Quand le salon s’est terminé, j’étais épuisée. Mais heureuse et fière !

Cette année, j’ai toujours une énorme pression car je veux faire aussi bien, voire mieux, que l’année dernière mais je sais où je vais. Et puis, 2 de mes collègues m’aident à préparer la partie animation, Samantha s’occupe de la partie maquillage et Florian de l’animation enfants.

GVL :  Parles moi des partenariats, des sponsors.

Je n’ai aucun partenariat, ni sponsor. La chargée de communication à la Fnac gère le budget qu’elle a alloué au Salon de Rosny.

GVL :  Comment on réunit les sous ?

Je ne m’occupe pas de la partie financière. Mon rôle est de continuer à agiter la Fnac et à faire que la culture et la lecture gardent leurs places indispensables et nécessaires au sein de cette enseigne.

GVL :  Les auteurs comment on fait pour les convaincre ?

Tous les auteurs que j’ai invité m’ont dit “On te suit” quand je leur ai parlé de mon projet de Salon : quelle chance ! La plupart étaient déjà venus en dédicace une ou plusieurs fois, ils me connaissent bien et savent l’énergie et la passion que je consacre aux livres et aux dédicaces.

GVL :  Combien d’auteurs justement ?

Pour la première édition, j’avais 22 auteurs sur l’affiche, j’ai eu 2 désistements de dernière minute et un auteur qui s’est rajouté (merci Jacques Saussey !)

Pour l’édition 2, j’attends également 22 auteurs. 11 sur la journée du samedi, 11 sur la journée du dimanche.

GVL : Il a t-il un thème pour ce deuxième salon ?

Une thématique sur le cinéma, et plus généralement sur les adaptations des livres sur petit ou grand écran, sera proposée en table ronde à 15H le samedi et le dimanche et sera animée par le journaliste Eduardo Castillo.

 

GVL : Quel est le programme exactement ?

A 11h, c’est le coup d’envoi avec le discours d’ouverture de Sire Cédric qui préside le Salon cette année

Puis jusqu’à 13h, tous les auteurs sont en signature.

Pause dej entre 13H et 14h, on redonne des forces aux auteurs !

A 14h, c’est reparti pour les papotages, les signatures, les dédicaces…

A 15h, c’est l’heure de la table ronde sur le thème du cinéma

Le salon se termine à 18h.

Il y aura, comme l’année dernière, des animations, des livres à gagner, des jeux pour faire gagner des dessins car cette année nous avons la chance d’accueillir Jack Koch, dessinateur, qui va croquer 10 lecteurs aux côtés de leur auteur préféré. Une animation maquillage (cicatrices, balafres, ecchymoses…) sera proposée à côté du studio photo, qui a eu un grand succès l’année dernière, auteurs et lecteurs passant volontiers devant l’objectif ensemble !

GVL : Et l’intendance, le logement, la restauration… ?

Je ne gère pas non plus cette partie. Mais tous les auteurs sont nourris le midi, ne t’inquiète pas !

GVL :  Bref je veux tout savoir de ce salon et sur son organisation ! Es-tu certaine de n’avoir rien oublié à m’avouer ?

Il y a des forcément des choses inavouables, tu t’en doutes, mais ce qui se passe à Rosny, reste à Rosny ! Il faut venir !

3eme Partie

GVL :  Sinon, Caroline, je ne résiste pas à te poser les questions rituel :

J’aimes les rituels mais pas les sacrifices.

GVL :  Quelle était la place du livre dans ton milieu familial ?

J’ai toujours vu mes parents lire. il y avait toujours d’énormes piles de bouquins sur leurs tables de nuit.

GVL :  Comment était perçu le livre ?

Comme indispensable ! On a toujours eu des livres à disposition et surtout entre les mains.

Et je jouais à la bibliothécaire, enfant. J’avais mis des fiches dans tous mes livres et quand ma soeur m’en empruntait un, je gardais la fiche et le lui réclamais quelques jours après !

GVL :  Et toi quel est ton rapport aux livres d’abord et à la lecture ensuite ?

J’adore l’objet livre. Il me fascine, je le trouve beau, je suis d’ailleurs très maniaque, tous mes livres sont impeccables et puis j’aime son odeur ! J’ai une grande bibliothèque qui me prend tout le mur de mon salon (et pareil pour ma cave) et je rêvasse souvent en regardant mes livres et en me rappelant le moment où je les ai lus. Je ne garde que les livres que j’ai aimé.

Petite, mon père me lisait les Tintin le soir, et j’ai voulu apprendre à lire pour pouvoir continuer ma lecture seule. J’étais trop frustrée quand il me disait “Au lit !” et que je voulais connaître la suite de l’histoire !

Après, j’ai dévoré les “Oui-Oui”, les Roald Dahl, “Les 6 compagnons”…

Et mes révélations en lecture ont été :

“Le mystère de la chambre jaune” en fin de primaire,

“Misery” et “Le silence des agneaux” (que j’ai piqué à mon père) au collège

et “American psycho” au lycée, qui a définitivement fait de moi une lectrice de noir.

GVL :  Caro pourquoi le polar ?

Pour les émotions fortes !

GVL :Attention Caroline, question piège…. Comment définis-tu les littératures policières ?

Je les distingue en 5 catégories : les romans policiers, les romans noirs, les thrillers, les thrillers psychologiques et les thrillers historiques. Ils n’ont pas forcément le même lectorat même si beaucoup de lecteurs dont je fais partie, surfe entre ces différents styles de polars.

GVL : Et pour finir dernières questions ! 

Tes livres et polars préférés du moment ?

“Salut à toi ô mon frère” de Marin Ledun (éditions Gallimard), le livre qui fait du bien !

Et “Le complot” de Nicolas Beuglet (éditions XO), le livre qui fait mal et qui rend fou !

 GVL : Un coup de coup de cœur ( mais pas un bouquin ) et un coup de gueule à lancer. Je t’écoute !

Un énorme coup de coeur pour ma famille qui me laisse m’investir autant dans ma passion !

Et il y aurait trop de coups de gueule… beaucoup de choses me révoltent et me rendent tristes. J’avoue que je fais beaucoup l’autruche pour me protéger et protéger mes 4 enfants.

GVL : C’est ton dernier mot ? Quelque chose à rajouter ?

Oui Jean-Pierre !

L’univers du noir me fait me sentir vivante et je remercie tous les auteurs pour ça ! Maintenez-moi en vie encore longtemps les gars !

 

Merci Caroline pour ces quelques confidences. Et on l’aura compris, tous à Rosny soit qui mal y pense les 26 et 27 mai prochain.

Et si vous voulez savoir comment ça se passe, mon petit retour du 1e salon ICI

9 réflexions sur “Ces dames du noir : Ge notre porte Flingue passe à la question Caroline Vallat

  1. merci pour ce bel échange et quel plaisir de retrouver ici cet enthousiasme communicatif de Caroline ! Elle a du mérite d’avoir monté cet bel événement et elle les fait avec le cœur et le talent. Et c’est sympa de la découvrir autrement 😉

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