Terre brûlée, Paula Vézac

#MarsAuFéminin

Le livre : Terre brûlée de Paula Vézac . Paru le 8 janvier 2020 au Rouergue dans la collection La Brune. 18€80; (198 p.) ; 21 x 14 cm.

4e de couv :

terre brûlée

Avec la mort de sa mère dans l’incendie de son appartement, à l’âge de soixante et un ans, s’ouvre pour la narratrice un vaste espace de douleur et de questionnement. Qui était cette femme, née au milieu des années 1950 dans une famille d’ouvriers agricoles et qui avait connu, comme tant d’autres de la génération des années 1970, la chute dans l’alcool et la toxicomanie ?

Dans cette enquête généalogique, la narratrice tente de comprendre le chemin de vie de sa mère, en glanant archives et documents. Car les souvenirs sont parcellaires, parfois trompeurs, souvent terrifiants. Aux côtés de cette mère à la fois lucide et défaillante, spirituelle et délirante, cultivée et marginale, la petite fille a connu une enfance noire comme un conte malfaisant. Pourtant, peu à peu, émerge le portrait d’une femme complexe et multiple, tandis que la culpabilité laisse place à la compréhension et au pardon.

Pour ce récit d’un amour invivable, Paula Vézac a trouvé le style minéral qu’il fallait, sans concession à l’égard de personne, elle comprise. De cette subtilité de l’écriture émane une émotion forte, un partage d’humanité.

 

L’auteur : Née en 1978, Paula Vézac est conservatrice du patrimoine en Occitanie. Elle vit entre Toulouse et Paris.

 

 

 

 

 

 

 

 

Extrait : 
Je suis remontée de la cave avec la boîte. Je l’y avais cachée au moment de mon installation un an plus tôt, sans rien en dire à Pierre, et je n’y avais plus pensé depuis. Son souvenir m’est soudainement revenu en voyant quelques balles que Pierre avait déposées dans la bibliothèque de l’entrée à son retour d’un stage de tir. Il avait l’habitude de laisser là son arme de service, qu’il appelait ironiquement son pétard, et ça me faisait rire, ce hiatus entre le mot enfantin et le sérieux de l’objet que je n’avais jamais osé ni soupeser ni même toucher. Mais les balles avec leur chemisage en laiton, je n’ai pas pu résister, je les ai prises. C’étaient de vrais petits obus miniature, à la fois beaux – d’une forme pure et parfaite – et effrayants. De les avoir dans la main, je me suis rappelé que moi aussi j’avais une arme, en bas, dans la cave, un revolver. Pierre a froncé les sourcils : « Plutôt un pistolet, non ? » J’étais bien incapable de lui répondre, je l’avais à peine regardé, et à vrai dire je ne savais pas distinguer un revolver d’un pistolet.
J’ai soulevé le couvercle de la boîte. Pierre a fait cette moue que je lui connaissais bien, pleine d’ironie bienveillante. J’ai précautionneusement saisi l’arme. L’avoir dans la paume me rendait fébrile : elle était lourde d’inertie et pourtant semblait palpiter, tant elle était chargée de mémoire. Le seul fait de la voir et de la tenir abolissait les années et me faisait replonger dans mon passé. Je l’avais trouvée chez ma mère, et j’avais alors supposé que c’était celle que son frère avait utilisée. Je n’avais pas osé la jeter ; elle faisait partie de mon héritage. Pierre était le premier à qui j’en parlais, à qui je la montrais. Elle était la preuve, lui ai-je dit, l’indice matériel, tangible, que ce que j’avais vécu enfant était vraiment arrivé. C’étaient les objets de ce genre, si terribles fussent-ils, qui m’empêchaient de me mettre à douter de la réalité.
Pierre n’a rien répondu. Il me regardait. Je le sentais narquois. Il devait en voir d’autres, à son boulot, il devait la trouver un peu chiche et ridicule, mon histoire. Nous nous sommes embrassés.

Le post-it de Ge

Terre brûlée de Paula Vézac

Après la mort violente de sa mère, la narratrice tente de comprendre comment le tourbillon des années 1970 et 1980 a pu la faire sombrer dans l’alcoolisme et la toxicomanie. Alors qu’elle lui reproche son enfance douloureuse, son enquête laisse peu à peu apparaître le portrait d’une femme complexe et multiple, suscitant chez sa fille compréhension et pardon. Un premier roman très personnel, tout en introspections et en délicatesses.

Une écriture pudique, un style épuré, des mots simple qui touche et vont droit au cœur.

Un récit sublime sur le deuil, l’amour et le passé. Sur l’enfance, l’adolescence, les rapport mère-fille. Un récit minéral

Une histoire personnelle qui résonne en chacun de nous tant les sujets abordés sont humains et universels.

Citation : 
Et toujours au réveil le doute me saisissait : étaient-ce des cauchemars ou des souvenirs ?

7 réflexions sur “Terre brûlée, Paula Vézac

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