La peine du Bourreau, Estelle Tharreau

Ce soir…

 c’est encore Triple Chronique sur Collectif Polar. Incroyable, deux Flingueuses et une Indic ont toutes les trois lu le même polar.

Cette fois c’est Mamie Danièle qui nous donne son avis sur le dernier roman d’Estelle Tharreau


 

Le livre : La peine du bourreau d’Estelle Tharreau – Paru le 01 octobre 2020 chez Taurnada éditions – collection Le tourbillon des mots – 9.99 € (256 pages) ;  11 x 18 cm

4ème de couverture :

McCoy est « bourreau » au Texas. Après 42 ans passés dans le couloir de la mort, il reçoit la visite officieuse du Gouverneur Thompson qui doit se prononcer sur la grâce du condamné numéro 0451.
Il ne leur reste que quatre heures pour faire revivre les souvenirs de McCoy avant l’injection létale.
Quatre heures dans l’isolement de la prison de Walls.
Quatre heures pour cinq crimes qui déchaînent les passions.
Quatre heures pour ce qui pourrait être la dernière exécution de McCoy.
Quatre heures pour jouer le sort d’un homme.

Un thriller psychologique aussi troublant que fascinant : une immersion sans concession dans le couloir de la mort et ses procédures d’exécution.

L’auteur : Passionnée de littérature depuis l’adolescence, Estelle Tharreau parcourt les genres, les époques et les pays au fil des auteurs qu’elle rencontre. De cet amour de la littérature est née l’envie d’écrire. Ayant travaillé dans le secteur public et privé, elle vit actuellement en Afrique où elle partage son temps entre sa famille et l’écriture.

 

 

 

Extraits :
« À vous entendre, personne n’a sa place ici.
– J’ai vu passer des hommes qui ont commis la plus grosse erreur de leur vie. Ils l’ont payée au prix fort. Mais j’ai également vu de vrais monstres. Croyez-moi, je sais faire la différence. Tous ne méritaient pas leur sort et d’autres auraient mérité moins d’égards. Ce qui est juste et la justice sont deux choses très différentes.
– Si vous en êtes arrivé à douter de la justice, pourquoi ne pas avoir cherché un autre boulot ? Ne pas avoir arrêté avant d’en arriver là ? »
« Pour nourrir ma famille, j’ai abattu des vaches que j’avais fait naître. J’ai abattu mon chien parce qu’il était malade et que je ne pouvais pas le guérir de son mal. Je ne les ai pas abattus de gaieté de cœur, mais parce que je le devais. Tout est permis dès que la cause est juste. Quoi qu’en dise ta femme, ces gens-là ne sont pas comme nous. Il faut les arrêter, les juger et exécuter les sentences. Ed, ici comme ailleurs, des gens comme moi comptent sur des gens comme toi. »
« C’est l’affaire du bourreau, le type nécessaire, mais aussi le sadique qui prend son pied à tuer ses congénères.
– Je ne pense pas que les gens vous voient comme cela.
– Je peux vous assurer que dans l’esprit de pas mal de gens, entre les criminels et nous, la frontière est parfois mince. En Europe, c’étaient même de véritables parias. Eux et leurs familles.
– Oui, mais l’Europe… Un ramassis de rêveurs ou de donneurs de leçons.
– Dont les idées font leur chemin. Combien d’États exécutent encore aux États-Unis ? C’est bien pour cela que vous êtes là, ce soir ? N’est-ce pas ? Ce n’est pas pour le condamné. »
 

La chronique jubilatoire de Dany

 

La peine du bourreau d’Estelle Tarreau

L’avertissement de l’auteure en début d’ouvrage est clair, il doit lever toute ambiguïté et pourtant tout au long de la lecture je me suis trouvée face la froide réalité de la vie carcérale américaine et bien plus. Immergée pendant 256 pages dans le couloir de la mort de la prison de Walls je n’ai jamais eu le sentiment d’être dans une fiction, car l’écriture en est réaliste et impliquante.

L’auteure nous invite à vivre les quatre dernières heures d’un condamné à mort en sa présence ainsi que celles de son bourreau et de celui qui a le pouvoir de le gracier. Le bourreau va ainsi témoigner de la « carrière » qu’il a choisie pour ne pas prêter le flanc aux droits communs qui semble-il sont bien plus dangereux du fait de la promiscuité des conditions de leur détention. Ainsi va-t-il partager ses souvenirs et le lecteur pourra reconstituer des parcours de vie divers, bien peu enviables, jamais exemplaires dans le bon sens, parfois du fait de concours de circonstances malencontreux, souvent du fait d’une idéologie raciste … bref l’Amérique profonde, fruit de son histoire, bien éloignée dans ce cas de la vieille Europe.
La question sous-jacente du choix, choix des croyances, choix de vie est omniprésente dans ce roman aux allures de témoignages tant pour le condamné que pour les deux autres protagonistes.

Dérangeant c’est peu dire … à l’heure où les médias colportent de vagues sondages sur le souhait des Français à voir rétablir la peine de mort, on peut espérer que le débat est dépassé au pays de Badinter. Qu’en est-il aux USA ? Il réapparaît à chaque élection de gouverneur avec ses relents de racisme et de xénophobie.
Lecteur, vous serez face à vos choix, vos valeurs, votre intime conviction et aussi face à un roman qui témoigne de notre époque avec élégance, justesse, pudeur et réalisme.
Etonnant moment de lecture, par une belle plume, capable de changer de registre à chaque publication ! 

Lu en version numérique 5.99 €

Je remercie les éditions Taurnada de leur confiance et pour cette expédition à haut risque.

Autres extraits
« Dans ces prisons, on garde tout le reliquat de la souffrance humaine. Elles sont peuplées d’hommes qui ont subi et fait subir les pires horreurs. De la souffrance qui en engendre une nouvelle pour en finir par une autre. Ces taules sont de grosses tumeurs qui s’autoalimentent. Toute l’humanité pourrie que les braves gens ne veulent pas voir, ils nous la donnent et l’oublient. Gardien ou détenu, personne n’en ressort meilleur. Plus dur, plus fou ou plus coupable, c’est tout. »
« Bonjour, monsieur McCoy. Je ne vous embêterai pas longtemps. Je voulais simplement être la première à vous annoncer que mon fils, Saul, pourrait être le premier condamné innocenté grâce aux tests ADN surtout depuis que plusieurs condamnations prononcées par Ellis ont été cassées. Vous avez tué un innocent. Je le sais parce que, cette nuit-là, mon fils était avec moi, même si jamais personne ne m’a crue lors du procès et que la police a dissimulé toutes les preuves à décharge. Je peux vous assurer que le résultat de ces tests innocentera Saul. Vous l’avez bel et bien assassiné.
– Je ne faisais qu’exécuter la loi.
– Non, vous n’avez fait qu’exécuter mon fils. Un gamin innocent.
– C’était mon premier condamné… Je… Je ne suis que le dernier maillon de la chaîne.
– Gardez vos arguments. On ne sait jamais, un jour peut-être, on jugera les gens comme vous. Du premier au dernier maillon de la chaîne. Un jour, c’est peut-être vous qu’on exécutera. Les temps changent. »

 

8 réflexions sur “La peine du Bourreau, Estelle Tharreau

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