La Gestapo Sadorski de Romain Slocombe

Le livre : La Gestapo Sadorski de Romain Slocombe – Paru le 01 octobre 2020 chez Robert Laffont – collection La Bête Noire –  21 € (592 pages) ; 14 x 22 cm

4ème de couverture :

Paris, octobre 1943. Un important dignitaire nazi, le colonel SS Julius Ritter, a été assassiné en sortant de chez lui, près du Trocadéro. La Gestapo est sur les dents. Elle convoque l’inspecteur principal adjoint Sadorski pour lui confier la direction d’une petite unité de policiers français gestapistes chargée de traquer les  » terroristes  » juifs FTP-MOI.
Sadorski caresse l’espoir de gagner de l’avancement en effectuant un brillant coup de filet.
Joignant l’utile à l’agréable, il cache dans son appartement la jeune Juive Julie Odwak, qu’il a mise enceinte. La situation est des plus scabreuses : sa femme Yvette, qui ignore la véritable identité du père, doit simuler pour elle-même une grossesse afin d’éviter la curiosité des voisins lorsque l’enfant naîtra…
Les choses ne se passeront pas exactement comme Sadorski l’avait prévu. Ce sera bien pire.

L’auteur : Romain Slocombe est né à Paris le 25/03/1953.
Après des études d’art, Romain Slocombe participe à l’aventure artistique du groupe Bazooka, notamment au tout début de celle du magazine Métal Hurlant (années 70), pour lequel il produit des œuvres naviguant entre bande dessinée et illustration. Ses thèmes de prédilection se focalisent rapidement autour du Japon, auquel il s’est intéressé dès sa prime jeunesse, et le bondage, avec des jeunes femmes (infirmières et japonaises) attachées (auquel et auxquelles il s’est intéressé plus tard).
Ses modes d’expression sont multiples : bande dessinée, dessin, peinture, illustration, photographie, cinéma, essais et roman, ce dernier que cela soit pour la jeunesse ou pour un public plus large. Romain Slocombe a exposé ses œuvres graphiques en France comme à l’étranger (New York, Londres, Stockholm, Tokyo, Bologne…).
L’expression romanesque semble avoir occupé une proportion importante de son énergie créative dès 2000 avec la parution de quatre romans – formant une tétralogie nommée La Crucifixion en jaune – jusqu’en 2006, avec comme (personnages et) éléments principaux :
– un photographe britannique (que l’on espère ne pas ressembler trop à son géniteur), Gilbert Woodbrooke, spécialisé dans la photographie érotique de jeunes japonaises dans des costumes militaires,
– le Japon : certains aspects controversés de son histoire moderne, sa culture alternative, ainsi que les yakuzas,
– de jeunes japonaises, objet des fantasmes artistiques et sexuels de Woodbrooke, victimes désignées de la fatalité et de la maladresse,
– les catastrophes inévitables, relatives à l’agrégat des trois éléments précédents.
Ces livres mêlent avec talent une intrigue de type roman noir avec, à chaque fois, des pans de chapitres dédiés à une approche de type historique, d’ailleurs documentée : la secte Aum, l’Histoire du Japon, en particulier ses exactions en Chine à partir de 1937 et pendant la Seconde Guerre mondiale. 
Extraits :
« La vie, comme l’a exposé le maréchal Pétain, n’est pas neutre, elle consiste à prendre parti hardiment. Pas de neutralité possible entre l’ordre et le désordre ! Les vraies forces vives nationales sont l’héroïsme, la lucidité. »
« Presque chaque semaine apporte son lot de morts chez les Fritz en poste à Paris ou en région parisienne. Sadorski, français et patriote, ne pleurera pas sur eux, mais depuis la mort de Migdal les progrès du terrorisme l’inquiètent. Lui-même travaille pour les Allemands parce qu’il y trouve son intérêt – sa difficile enfance au bled lui a enseigné que la vie, c’est chacun pour soi ! Mais il est surtout un homme d’ordre, et ces crimes constituent un trouble grave à l’ordre public. D’autant plus que les assassins sont des Rouges. Lui et Yvette ont toujours haï les cocos : les idolâtres du féroce moustachu Staline, les ennemis jurés de l’État, la racaille au couteau entre les dents… »

 

La chronique jubilatoire de Dany

La Gestapo Sadorski de Romain Slocombe

Je n’aurai pas donné cher de la peau de l’inspecteur Sadorski, en fermant Sadorski et l’ange du pêché dernier volet de La trilogie des collabos ! J’ai donc dans La Gestapo Sadorski été surprise deretrouver en pleine forme Léon, l’immonde opportuniste et anti-juif, qui élargit ses compétences en s’attaquant principalement aux communistes. Repéré favorablement par sa hiérarchie, il intègre une unité spécialisée dans la traque des terroristes qui accomplissent « le travail allemand ».

Pour autant Léon Sadorski reste fidèle à ses choix amoureux, exclusivement tournés vers de très jeunes filles qu’il manipule sournoisement pour mieux les dominer, ce qui donne à l’auteur des occasions de nous proposer quelques beaux personnages féminins.

C’est donc sur deux plans, professionnel et privé, que nous suivons les agissements de Sadorski dans l’ex-capitale française en 1943.

Comme dans l’ouvrage précédent, nous apprenons beaucoup des pratiques douteuses des occupants, de leur savoir-faire dans le domaine de l’ultra-violence qui si elle n’était odieuse pourrait être qualifiée de raffinée. Le lecteur d’ailleurs peut être dérangé par la précision de certaines scènes qui reflètent malheureusement les atrocités mises au point par des cerveaux malades, embrigadés et extrémistes. 

C’est aussi une façon élégante de rendre hommage à tous ceux qui combattaient les « collabos » et les forces d’occupation. La relation d’affaires tristement célèbres comme celle de la famille Manouchian, rend ce roman particulièrement précieux. Nous savons que l’auteur se repose toujours sur l’histoire, la grande et la petite, pour nous proposer des aventures extrêmement bien documentées (voir à ce sujet l’abondante documentation en fin d’ouvrage).

En conclusion : une énorme émotion à cette lecture, un moment de réflexion sur les outrances commises au nom de la suprématie de la race … certes en 1943, mais qu’en est-il de ce désir de nos jours ? La lecture de Romain Slocombe est hautement recommandée !

Enfin, une bonne nouvelle, l’auteur et sa maison d’édition annoncent avec La Gestapo Sadorski, La trilogie de la guerre civile [tome 2 : L’inspecteur Sadorski libère Paris (2021) et le tome 3 : J’étais le collabo Léon Sadorski (2023)] des titres prometteurs.

L’infame Sadorski va encore défier nos consciences …

Lu en version numérique 14.99 €

Je remercie les éditions Robert Laffont #LagestapoSadorski #NetGalleyFrance pour m’avoir proposé cette lecture

Autre extrait :
« Tu sais, on a un matériel spécial ici, fabriqué tout spécialement en Allemagne pour la Gestapo… Un casque en métal avec des boulons et des écrous de tous les côtés. Il se resserre si fort sur la tête du gars, qu’après, une fois qu’on l’a retiré, le crâne n’a plus du tout la même forme… mais plus du tout ! Tu veux l’essayer ?
Bolle ajoute, avec son expression carnassière :
— Les services du Sipo und SD ont depuis l’an dernier l’autorisation du Reichssicherheitshauptamt5 de pratiquer les « interrogatoires renforcés ». Ceux-ci sont applicables, je cite, contre les communistes, marxistes, Témoins de Jéhovah, saboteurs, terroristes, résistants, agents de liaison, asociaux, travailleurs réfractaires polonais ou russes, ou vagabonds. Tu appartiens à plusieurs de ces catégories. Parfois nous exécutons les criminels avant même le passage devant le tribunal. Dans ce cas les raisons de l’exécution n’ont pas à être communiquées là-haut. Juste le nom de l’individu et son crime. »

13 réflexions sur “La Gestapo Sadorski de Romain Slocombe

  1. J’adore toute la saga, et ce dernier Opus est a nouveau excellent…Comment s’attacher à un personnage répugnant. Bon c’est juste pour avoir un super roman, sinon dans la vraie vie on aurait de lui casser les genoux.

    Aimé par 2 personnes

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